Au cri de “Hôpital assassin”, des dizaines de personnes, essentiellement des jeunes, ont arpenté certaines rues de Louga pour dénoncer la mort « par négligence », de leur camarade Modou Seck, au service des urgences de l’hôpital régional Cheikh Ahmadou Sakhir Mbaye de Louga. Arborant du rouge et brandissant des pancartes, ils ont eu des mots très durs à l’endroit du personnel de l’hôpital.
«Docteurs criminels, assassins, malfaiteurs », les protestataires ont eu des mots assez durs pour le personnel de l’hôpital régional de Louga. Après avoir enterré ce lundi matin le jeune Modou Seck, 26 ans, mort dimanche soir dans les locaux de l’établissement sanitaire, ils ont organisé une marche de manifestation l’après-midi. Le décès de ce jeune tailleur est consécutif à un malaise intervenu alors qu’il jouait au football dans un terrain de son quartier de Santhiaba Nord. Ses camarades n’ont pas cru à un cruel sort du destin. Pour eux, leur ami qui devait se marier le mois prochain, « aurait pu être ranimé s’il n’avait pas passé deux tours d’horloge au service des urgences de l’hôpital, sans le moindre soin. »
Selon Mame Abdou Touré, porte-parole des protestataires, lorsque leur camarade de jeu s’est écroulé sur le terrain, ils l’ont évacué immédiatement au service des urgences. « Sur place, les médecins ont refusé de le soigner », charge-t-il. « Pas de consultations ni rien. C’est vers 20 heures qu’ils nous ont informés du décès de Modou », a-t-il déclaré. Plus que jamais furieux, les manifestants soutiennent qu’à l’hôpital de Louga, le cas de Modou Seck est loin d’être isolé.
C’est ainsi qu’ils font cas, un brin experts, de ce diabétique dépêché aux urgences et mort finalement parce que le personnel soignant n’avait pas jugé nécessaire de lui faire une mesure du taux de glucose, avant de procéder à la perfusion qui lui a été fatale. L’un des manifestants évoque aussi la mort de son jeune frère du nom de Insa Cissé. « Victime d’un accident de moto Jakarta, au mois de ramadan dernier, il avait poireauté de 18 à 23 heures aux urgences de l’établissement. Faute d’une ambulance fonctionnelle à Louga, il fallait attendre, pas seulement une ambulance devant venir de Saint-Louis, mais aussi, verser au préalable une somme de 200 000F, avant que le véhicule ne fasse mouvement vers la capitale du Ndiambour. » Arrivé « tard » à Dakar, il devait rendre l’âme dès son arrivée.
La procession des jeunes a fini devant le portail de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye. L’un des frères du disparu annonce une plainte en cours contre le service incriminé. Interpelé par Sud quotidien, le chef du Service administratif et financier (Saf) de l’hôpital, assurant l’intérim du directeur en séjour à l’étranger, dédramatise : « qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? On est en démocratie, ils ont le droit de manifester. » Le Saf dira ne pouvoir apporter des explications à chaque fois qu’il y a un décès dans l’hôpital.
« C’est le médecin qui peut donner des explications », se rattrape-t-il. Au service des urgences, « ce n’est pas tous les jours qu’il y a un médecin de garde », avons-nous appris. C’était le cas lors de notre passage en cette fin d’après-midi de Lundi.