Les commerçants ambulants ont été chassés du centre de Dakar, le 11 mai, et redirigés vers des sites de recasement. Mais les discussions ne sont pas terminées et des affrontements pourraient reprendre, comme en 2009.
Il a tenu parole. En avril, le maire de Dakar, Khalifa Sall (Parti socialiste), avait annoncé son intention de déplacer sans délai vers des sites de recasement provisoire les marchands ambulants qui encombrent les trottoirs des grandes avenues du Plateau, le centre-ville de la capitale. Premiers visés, les « tabliers » (vendeurs détenant un étal), estimés à quelque 5 000 pour la zone Dakar-Plateau. « Nous n’avons aucun intérêt à ce que les tabliers et les ambulants sortent de Dakar, car ce sont des acteurs économiques, avait déclaré l’élu. Mais l’occupation de la voie publique est irrégulière. C’est à ce problème qu’il faut trouver une solution. » Dans la nuit du 10 au 11 mai, les forces de l’ordre ont donc lancé une vaste opération de démantèlement des étals sauvages dont la prolifération anarchique rendait difficile la circulation des piétons comme des véhicules.
Sous la cendre
Le « désencombrement » des hauts lieux que sont le marché Sandaga, l’avenue Peytavin et l’avenue Ponty est, à Dakar, un sujet sensible. Souhaitée par les habitants et par les commerçants ayant pignon sur rue, cette perspective se heurte à l’hostilité des syndicats d’« ambulants ». En novembre 2007, une précédente opération d’envergure, menée par l’État, s’était traduite par de violents affrontements avec les forces de l’ordre. Cette fois, le démantèlement a bénéficié d’un relatif consensus. « Depuis son élection en 2009, le maire a favorisé un processus de concertation », explique Adama Sow, secrétaire général de la Synergie des marchands ambulants pour le développement. Une commission réunit en effet les agents de la mairie et les représentants des marchands. Un site de recasement définitif a été défini dans ce cadre, mais le chantier s’est retrouvé bloqué faute de l’acquittement par les commerçants d’un ticket d’entrée unitaire de près de 300 000 F CFA (457 euros).
Pour Saër Tambedou, président de l’Association des jeunes marchands ambulants débrouillards, qui a lancé le mot d’ordre « Touche pas à ma table ! », le feu couve : « Nos membres ne peuvent pas verser une telle somme pour un chantier qui durera encore plusieurs mois. Les lieux proposés sont trop étroits pour les 5 000 commerçants recensés. Nous en appelons au président de la République pour apporter sa contribution à une solution durable, sinon les affrontements risquent d’être pires qu’en 2007. »