Leur mariage aura bénéficié de la couverture médiatique d’une union princière. C’est à 18 heures que Bruno et Vincent doivent se dire « oui » à la mairie de Montpellier. Sous le regard de leurs invités… et de quelque 200 journalistes représentant une vingtaine de nationalités. Les deux hommes avaient prévenu de longue date qu’ils souhaitaient être les premiers bénéficiaires du mariage pour tous.
Depuis une dizaine de jours maintenant, la mairie et les services de la préfecture ont multiplié les réunions pour préparer au mieux l’événement, sans lésiner sur les mesures de sécurité : pour éviter tout risque d’incident, les cafés présents sur la place de l’Hôtel de Ville ont été priés par les services de la préfecture de ranger les chaises et tables en terrasse, une concession finalement minime au regard de la température frisquette qui règne sur la capitale languedocienne.
Lire les témoignages Mariage homosexuel : « Quarante et un ans que nous attendions de nous dire oui ! »
Il a fallu également gérer les très nombreuses demandes de la presse. Desmédias de Russie, de Chine, du Japon ont fait le déplacement ainsi que ceux de quasiment tous les pays européens. Pour éviter toute intrusion hostile, tous les journalistes devaient installer leur matériel (caméra, camions de retransmission pour les directs, etc.) le matin, avant que la mairie leur demande de quitter les lieux jusqu’en milieu d’après-midi, afin que les services de sécurité puissent contrôler les lieux.
UNE JOURNALISTE BELGE : « ON EST PLUS FASCINÉ PAR LES ANTI QUE PAR LE MARIAGE LUI-MÊME ! »
Parmi ces reporters, certains viennent de pays où le mariage pour tous existe depuis des années. « C’est le cas en Belgique ! explique Lode Delputte, envoyé par le quotidien de centre-gauche De Morgen, mais pour tout vous dire, on est plus fasciné par les anti que par le mariage lui-même ! »
L’organisation très stricte en matière de sécurité a fait que tous les journalistes, locaux, nationaux ou internationaux, se retrouvent dans les quelques brasseries proches de la mairie, à échanger leurs impressions avec les personnes attablées. Certains ont pris le temps d’aller manger place de la Comédie, le centre névralgique de la ville. Régulièrement, la place se pare de bannières accrochées aux lampadaires pour annoncer les événements de la ville. En ce moment, les bannières annoncent la Gay Pride qui aura lieu samedi 1er juin. Mais, en clin d’oeil à l’événement du jour, le drapeau arc-en-ciel est cette année barré d’un grand « OUI » qui fait la fierté de la ville.
« Vous habitez Montpellier ?, demande un homme d’affaire, venu d’Aix-en-Provence à Montpellier pour son travail. Quelle chance vous avez ! Je suis là pour le travail, et quand je suis sorti de mon hôtel ce matin, j’ai vu ces banderoles : j’ai été saisi d’émotion devant cet esprit d’ouverture. Moi qui suis d’une région, la Provence, où le FN fait la loi, j’ai vraiment été ému de voir ça ! »
L’Agence France Presse (AFP) a d’ores et déjà prévu de publier un « flash » dès que Vincent et Bruno auront prononcé les deux « oui ». Le niveau le plus élevé dans les rangs d’urgence de l’agence : « Vous vous rendez compte, c’est du niveau ‘le Papeest mort’ ! », précise le correspondant de Montpellier, Rémy Zaka, pour qui ce sera le premier flash de sa carrière.
Les journalistes locaux resituent l’événement dans le contexte des électionsmunicipales à venir : le maire socialiste, Hélène Mandroux, qui souhaite se représenter, est contestée par au moins deux autres socialistes, dont le président de l’Agglomération montpelliéraine, Jean-Pierre Moure. Or, tous les deux doiventfaire face à un déficit de notoriété chez les Montpelliérains. Avec ce premier mariage pour tous, Hélène Mandroux a sans doute enchaîné les plateaux des télé et radios nationales comme elle ne l’avait jamais fait depuis sa prise de fonction.