Saviez-vous chers concitoyens, qu’au sein de notre Assemblée nationale, après que la question orale a été posée par le député ayant eu l’initiative, qu’il n’est pas prévu de débattre, du tout alors, sur la question posée? Et que seule la réponse du ministre est alors autorisée, même si celle-ci n’est pas satisfaisante pour les députés, ce sera tant pis. Mais les députés, statiques, serviront comme un tableau d’ornement ou de témoins oculaires simplement et un point c’est tout. Je suis absolument certain et convaincu que beaucoup d’entre vous pensent que cette affirmation est invraisemblable et même incroyable ! Et pourtant, elle est bien vraie. Logiquement et à vrai dire, il est totalement absurde de soumettre une question, même orale à une Assemblée nationale aux fins d’examen, et de ne pas permettre à ses membres d’en débattre librement. Et s’il y a lieu, de donner leur point de vue soit en l’adoptant, en l’amendant ou en la rejetant, comme les attributs de leur mandat leur en donne plein droit, en tant que véritables représentants souverains d’un peuple et non comme simple décor. C’est cela l’attitude qui sied à une Assemblée nationale digne de ce nom. Et, c’est aussi cela, admettre le respect strict qui est dû au statut du député, comme le représentant authentique du peuple.
Admettons, comme certains pourraient le penser que, c’est cela qui se faisait toujours, jusque-là! Mais, c’est justement, parce que notre pays ne voulait plus de cette pratique-là, complètement absurde et qui faisait des députés de simples automates et béni-oui-oui applaudisseurs, que le peuple par une écrasante majorité a décidé de remplacer ce type de député et d’en élire un autre, pour une Assemblée de députés, qui pensent et réfléchissent par eux-mêmes, rompant ainsi avec cette pratique ubuesque des régimes précédents. Cette Assemblée-là, a l’obligation d’innover, car cela fait partie intégrante de sa mission dorénavant. Mais apparemment, au regard du constat sur les questions orales, sur le loyer au Sénégal et l’envoi de nos 500 jambars au Mali, examinées ce 28 mai 2013, c’est bien le statuquo qui semble demeurer encore en son sein. Il est évident , et il n’y a pas l’ombre d’un doute, que la majorité des Sénégalais avaient bien voté contre Wade, parce qu’ils voulaient une Assemblée de rupture sans équivoque, qui prendrait en charge les véritables et profondes réformes de nos Institutions actuelles, qui ont toutes été diluées, violées ou transformées en une pâte à modeler, afin d’en faire ce que l’on veut. Alors plus jamais cela dans notre pays devons-nous dire! C’est véritablement un anachronisme, en flagrante contradiction pour un Etat, qui tend à aller vers le modernisme et celui de droit réel, dont la démocratie est hautement saluée de par le monde, dans cette Afrique des dictatures, des coups d’Etat…. et où cette denrée appelée démocratie se trouve très rarement.
Alors Honorables députés ! Vous êtes investis de la souveraineté du peuple, vous et le président de la République pour une durée 5 ans. Prenez donc vos responsabilités pour procéder à toutes les réformes nécessaires arrivées à maturité, qu’appelle une véritable institution républicaine au service et dans l’intérêt général bien compris du peuple sénégalais. Vous n’êtes plus liés à ces pratiques désuètes de type monarchique et antidémocratiques, qui ne sont plus d’usage dans aucun pays qui se respecte et où l’on mesure la démocratie à l’aune des pays les plus démocratiques du monde.
Puisque vous avez l’autonomie de vous octroyer sans entrave tous les avantages en espèces et en nature à votre aise, et selon vous, pour bien accomplir votre travail, il devrait bien en être aussi de même, pour que vous assumiez correctement en toute liberté et indépendance, les charges pour lesquelles vous avez été élus, pour la bonne marche de cette institution. Bien évidemment, autrement que par le passé, mais dans la sauvegarde stricte des valeurs intrinsèques républicaines et citoyennes.
A cet effet et impérativement, il faudrait qu’à l’avenir, que toutes les questions et quelles qu’elles soient, une fois déposées à l’Assemblée nationale pour examen, fassent bien l’objet de débats profonds et libres entre les députés. Autrement, c’est une forme déguisée, de dénier ou déposséder aux députés du peuple, leurs droits et prérogatives, à connaître les questions à fond, afin de pouvoir donner leur avis sur ce qui doit se faire au nom de la Nation. Ce dont d’ailleurs, nul n’a le droit de le leur refuser, fut-il le président de la République qui, comme eux, tire de la même source son pouvoir et sa légitimité populaire. Ceci est d’ailleurs de l’intérêt du président de la République, car il recoupe parfaitement avec la refondation des institutions préconisée par les Assises nationales dans ses conclusions et va aussi dans le même sens que cette commission mixte – Gouvernement- Assises nationales, créée par lui, sous la direction du président Amadou Moctar Mbow.
Mais en attendant la fin de leurs travaux et conclusions, rien n’empêche déjà les députés de revenir sur cette décision insensée, sans queue ni tête, à savoir de ne pas soumettre au débat plénière, toutes les questions orales posées à l’Assemblée nationale. Car, personne ne voit ou comprend objectivement et logiquement, les raisons valables qui s’opposeraient à débattre d’une question orale et quel inconvénient cela pourrait créer, une fois qu’elle est admise comme telle et posée. La présente Assemblée nationale doit se débarrasser de ces méthodes archaïques d’un autre âge, en se dépouillant proprement de tous ces oripeaux, que le Régime précédent y a laissés. Il y va à mon avis, de la crédibilité de cette 12e législature devant l’histoire. Elle a, à réhabiliter et à innover cette institution, pour y laisser des traces novatrices positives qui marqueront leur passage, de progrès significatifs. Vous n’avez nullement le droit, d’avoir simplement comme ambition, de suivre mécaniquement sur les pas de vos prédécesseurs pour le même résultat ou en deçà, ce serait une régression terrible et vous n’aurez pas atteint, l’objectif qui vous étiez fixé et l’espoir qui était fondé sur vous.
Mandiaye Gaye
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