Dès qu’un monstre sacré monte sur le podium… Par Habib Demba Fall

La lutte se déchire autour des titres de « Roi des Arènes » (Balla Gaye 2), « Empereur des Arènes » (Eumeu Sène) et « Khalife général des Arènes » (Yékini). Dès qu’un monstre sacré monte sur le podium, le titre de « Champion » ou de « Ténor » s’efface pour la couronne. C’est valable pour la musique. Le Mbalakh a son « Roi », idem pour le « Yéla ». Et dès que ce « Roi du Mbalakh » s’ouvre de nouvelles perspectives avec des fonctions dans l’Etat, un savant battage de marketing lui cherche un remplaçant sur le trône. Le talentueux Pape Diouf, à son corps défendant ( ?), a été propulsé sur le piédestal. Et lorsque le « Roi » You fait à nouveau entendre sa voix, son admirateur de la « Génération consciente » se voit indiquer le siège de « Prince » que lui dispute Waly, le digne héritier de ce Thione qui a composé « Bour nexna » il y a un peu plus d’une décennie. Dans un pays où même les bouillons de cuisine et le lait en poudre ont leur « Roi » (Ana bourou mewyi ?), pourquoi s’indigner face à des hommes d’Etat ou directeurs de société qui, sitôt élus ou nommés, se prennent pour des… Rois ? Bon Dieu, c’est nous Sénégalais qui sommes obnubilés par les couronnes et qui faisons monarques de potentiels humbles serviteurs de la République ou de nos entreprises. N’est-ce pas une pratique bien ancrée, celle consistant à chercher une lignée royale aux élus ? Pour dire le pouvoir, notre wolof ne trouve pas mieux que « Ngour », très voisin de « Bour ». Bon, comme Gouye Gui, ce Sénégal de ces 43 dernières années peut dire : « On a des zeunes. 4/4/60 ». Et il grandira dans trois siècles, pour compenser les malheurs de la traite et de la colonisation. Ne riez surtout pas !
HDF