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Entretien exclusif avec Souleymane Ndéné Ndiaye: « Je ne lie pas mes relations avec Wade, à mon avenir politique »

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Un round up de l’actualité nationale. Voilà l’exercice auquel, le Premier Ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye s’est prêté avec l’équipe de la Sentinelle. Dans son bureau du neuvième étage du building administratif, le chef du gouvernement s’est prononcé sans langue de bois sur son prochain limogeage qui alimente les discussions. Il a aussi abordé des questions ayant trait à la loi sur la parité, le dialogue politique entre pouvoir et opposition sans occulter l’émergence des mouvements citoyens qui, selon lui, sont des adversaires politiques au même titre que les partis de l’opposition.

Dans la seconde partie de l’interview, nous reviendrons demain avec Me Souleymane Ndéné Ndiaye, sur la situation en Casamance, les problèmes liés aux délestages, la gestion de l’hivernage et des agriculteurs et surtout les inondations dans la banlieue dakaroise.

La Sentinelle – Monsieur le premier Ministre, comment expliquez- vous que depuis quelques temps, vous gênez alors que depuis plus d’un an que vous êtes à ce poste, vous sembliez, disons surfer On n’a jamais entendu une critique contre vous. Qu’est ce qui se passe ?

Souleymane Ndéné Ndiaye – Vous feriez bien de poser la question à ceux qui m’attaquent. La vie est ainsi faite. De temps en temps, surtout quand on occupe des fonctions, comme celles que j’occupe, qu’on soit à la Une des journaux parce que c’est un sujet qui porte sur le Premier Ministre, permet de vendre son journal. Mais, je ne pense que cela soit particulièrement du fait de l’attaque d’un groupe.

L.S -Est-ce que ce ne serait pas lié à toutes ces rumeurs, depuis trois semaines, de remaniement gouvernemental…

Moi je travaille toujours comme si de je dois rester à mon poste ad- vitam, tout en me disant que celui qui m’a nommé, peut à tout moment, me démettre.

S.N.N – (Il coupe). Je n’en sais rien. La seule réponse que je peux vous donner, c’est que je suis encore à mon poste.

L.S- Donc vous n’avez aucun souci ?

S.N.N- Aucun souci. Je n’ai pas de souci. Vous ne lisez pas cela sur mon visage ? Moi, je travaille toujours comme si, je dois rester à mon poste ad vitam, tout en me disant que celui qui m’a nommé, peut à tout moment, me démettre. Je ne marche jamais avec comme souci, qu’un remaniement pourrait intervenir d’un moment à l’autre. C’est le cadet de mes soucis.

L.S- De toute façon, vous avez votre cabinet…

S.N.N- (Il coupe encore). Non ce n’est pas ça ! Même si demain, Me Wade on m’enlevait de mes fonctions de Premier Ministre, il pourrait me nommer ailleurs. Moi, je suis un compagnon de Wade pour toujours.

L.S- La primature, ce n’est pas une fin en soi ?

S.N.N- Non, ce n’est pas une fin en soi. Demain, il pourra m’enlever d’ici pour me nommer ailleurs. Je suis un compagnon de Wade pour toujours.

Je suis avec Wade depuis toujours et pour toujours.

L.S- Et depuis toujours ?

S.N.N- Oui, depuis toujours

Mais il y a beaucoup qui ont dit ça avant vous

S.N.N- Je n’en connais pas (il insiste)

L.S- Le jardinier de ses rêves. On a déjà entendu ça.

S.N.N- (Rires). Non, non. Je ne suis pas le jardinier de ses rêves. Mais, je suis avec Wade depuis toujours et pour toujours.

Je ne lie pas mes relations avec Wade à mon avenir politique.

L.S- Quelque que soit votre avenir à la Primature ?

S.N.N- Quelque soit mon avenir à la Primature. Je ne lie pas mes relations avec Wade, à mon avenir politique.

L.S- On vient de voter la loi sur la parité comme on devait s’y attendre, c’est passé comme lettre à la poste avec la majorité que vous avez Qu’est ce que vous répondez très honnêtement sans langue de bois à ceux qui disent que c’est un truc du président qu’il a fait sortir de son chapeau, qu’il ne porte pas d’ailleurs, dans la perspective de la présidentielle de 2012 ?

Abdoulaye Wade a toujours fait de la promotion de la femme, un combat personnel

S.N.N- Tous ceux qui ont suivi l’évolution de la politique de Wade pour les femmes, ne sont pas surpris par cette loi sur la parité. Wade est cohérent avec lui-même. Abdoulaye Wade a toujours fait de la promotion de la femme, un combat personnel parce qu’il estime qu’il y a une discrimination positive qu’il faut décider dans un pays comme le nôtre, où malheureusement par notre culture, les femmes sont presque reléguées au second plan. Il estime que tout autant que l’homme, la femme doit être perchée à un niveau où, elle doit participer à toutes les décisions qui sont prises dans le cadre de la régulation de notre société. Donc, en tant que l’autre moitié de l’homme, la femme doit participer tout autant que celui-ci aux prises de décisions. C’est la raison pour laquelle, il a franchi le pas en décidant que pour les assemblées délibératives, le nombre de femmes doit être égal au nombre d’hommes.

L.S- Donc, il n’y a aucune arrière pensée dans cette décision ?

S.N.N- Il n’y aucune arrière pensée derrière.

L.S- Pourquoi alors avoir attendu 10 ans, pour le faire ?

S.N.N- Justement, je vous ai dit qu’en 2007 ou 2008, quand on mettait en place déjà nos listes, pour les élections législatives, Abdoulaye Wade avait voulu créer cette loi, mais on avait estimé que c’était illégal. Il y avait même eu un recours qui avait frappé à l’époque le projet. Je pense que le projet était déclaré non conforme à la Constitution. Ensuite, dans notre parti, au moins pour la liste des sénatoriales, les 40 % des noms sur la liste proportionnelle étaient des noms de femmes. Il en avait fait la suggestion. Il pensait qu’on devait même mettre la parité dans les listes proportionnelles. Et puis, lorsqu’il s’est heurté au refus des autres, il a pensé qu’il devait d’abord balayer devant chez soi en instituant son quota de 40 % aux femmes. Il n’a fait que franchir un pas, parce que entre 40 et 50 %, il n’y a qu’un pas. Donc, il a décidé de consacrer dans notre texte fondamental, le principe de la parité dans le cadre des assemblées législatives, sénatoriales et locales. Je pense que là, tous les partis politiques vont à ses élections, à chance égale. Personne ne peut dire qu’à priori, le gain serait dans la poche du président Wade.

L.S- Et si tous les partis ne sont pas égaux ?

S.N.N- Bien entendu tous les partis n’ont pas la même puissance.

L.S- Comme certains qui ne pourront pas payer une caution de X francs, d’autres ne pourront pas appliquer la parité sur leurs liste électorale.

Un parti politique qui ne se sent pas en mesure de mettre autant d’hommes que de femmes sur ses listes, devra s’aligner derrière ou bien, se fondre dans les partis politiques

S.N.N- La vocation d’un parti politique étant d’exercer le pouvoir, un parti politique qui ne se sent pas en mesure de mettre autant d’hommes que de femmes sur ses listes, devra s’aligner derrière ou bien, se fondre dans les partis politiques qui ont justement cette possibilité là. Je pense qu’on ne peut pas dire qu’on a un parti politique aussi longtemps qu’on ne pourra pas participer à des élections parce que la vocation d’un parti, c’est d’exercer le pouvoir. En tout cas en prenant cette décision là, Me Wade est loin de faire de la politique politicienne. Ce sont ses convictions profondes. Il est convaincu que les femmes comme les hommes doivent participer à l’exercice du pouvoir et tel que ça fonctionne aujourd’hui dans nos pays, les femmes seules, ne peuvent pas s’aligner dans une Assemblée où il y a autant d’hommes que de femmes. Dans nos partis politiques, les femmes sont assignées à un rôle réduit : l’animation, les applaudissements… Mais, quand il s’agit de prendre des décisions, on prend parfois l’élite. Et l’élite chez les femmes, c’est une minorité.

L.S- Pour rester toujours dans le domaine politique, où en est-on avec le dialogue politique, qui ressemble à une arlésienne entre le pouvoir et l’opposition. On a parlé de médiation d’Abdou Aziz Sy junior… On arrive aujourd’hui à l’audit en faisant appel aux Européens et Américains. Est-ce que vous croyez vraiment au dialogue politique et surtout à son issue.

S.N.N- Je pense que nous avons entamé le dialogue politique. A mon avis, le dialogue politique, sa vocation, c’est de permettre que l’opposition et pouvoir discutent dans la perspective des prochaines élections. Mais le but du dialogue politique n’est pas de trouver des places à l’opposition dans le gouvernement. Je pense que le président de la République a saisi au rebond les préoccupations de ceux qui avaient mis en doute la fiabilité du fichier électoral. Le président avait lancé un appel à l’Union européenne et à toutes les institutions qui le voudraient bien, pour regarder notre fichier électoral. Il est heureux de voir que l’Union européenne et l’USAID sont en train de voir notre fichier électoral.

L.S- Qu’est ce qui en est sorti exactement ?

S.N.N- Je ne sais pas encore, parce qu’ils sont en train de regarder le ficher. On ne nous a pas encore transmis le rapport exhaustif sur ce qui a été constaté. Toujours est-il que le président de la République est disposé à discuter avec l’opposition, pour voir quelles mesures, il faut prendre pour qu’on aille à ces élections, sans incidents qui empêcheraient le déroulement normal de ces élections.

L.S. Est-ce qu’il y aura des élections avec zéro contestation ?

S.N.N- Heu ! Vous savez, une élection avec zéro contestation, ça n’existe nulle part au monde. Mais nous pensons qu’au Sénégal, on doit en arriver là parce qu’on sait que personne ne peut plus bourrer des urnes, personnes ne peut plus ouvrir une urne secrète quelque part au Sénégal pour que cela ne soit pas accessible ou su par tout le monde. Loin de nous, toute idée de penser frauder.

Le médiateur n’a rien à faire dans un débat entre l’opposition et le pouvoir.

L.S- Donc pourquoi cette polémique sur le choix du modérateur ?

S.N.N- Vous savez, je pense que dans un dialogue entre l’opposition et le pouvoir, le médiateur aura à la limite, un rôle de distributeur de paroles. Le médiateur n’a rien à faire dans un débat entre l’opposition et le pouvoir. Je pense que l’opposition et le pouvoir sont suffisamment majeurs pour engager un débat, en tête à tête. Nous sommes entre Sénégalais, nous n’avons pas besoin d’un arbitre. Si le médiateur dans le rôle qui lui est dévolu, est de jouer le rôle d’un arbitre, je ne vois pas sa place là- bas. Il n’y a pas à arbitrer entre les positions. De toute façon, c’est le besoin qui est là. La crispation de la scène politique est telle qu’il n’est pas préférable d’aller à des élections dans cette atmosphère délétère. L’opposition regarde le pouvoir en chien de faïence et que le pouvoir ne puisse organiser des élections sans savoir qu’est ce que l’opposition va faire, tout cela, ne participe pas à la sécurisation qui doit entourer les opérations électorales. De toutes façon, ce sont des Sénégalais qui iront à ces élections et les règles du jeu sont tracées. Il y a une constitution et des lois qui organisent dans leur ensemble les élections présidentielles ou législatives. Dans tous les cas de figure, il faudra se conformer à ce que prescrit la loi. Donc, je ne crois pas que la présence d’un modérateur qu’il s’appelle Mademba ou Massamba puisse changer quelque chose dans le déroulement du jeu. Toujours est il que, nous voulons un dialogue. Si l’opposition veut le dialogue, elle n’a qu’à nous rejoindre dans notre invite au dialogue.

Je ne crois pas que la présence d’un modérateur qu’il s’appelle Mademba ou Massamba puisse changer quelque chose dans le déroulement du jeu.

L.S- Est-ce que ce n’est pas ce regard en chiens de faïence entre l’opposition et le pouvoir qui fait qu’on assiste depuis quelques semaines à l’émergence d’une série de mouvements citoyens ? Comment vous expliquez-vous ce phénomène ?

Que ces mouvements qui naissent s’appellent mouvements citoyens ou mouvements de la société civile, ou mouvements de… je ne sais quoi, toujours est-il que l’objectif est politique.

S.N.N- Vous savez, ce phénomène ne nous fait pas peur parce que nous nous sommes sur le terrain. Quand je dis nous sommes sur le terrain, c’est parce que nous avons une prise sur les réalités politiques sur le terrain. Que ces mouvements qui naissent s’appellent mouvements citoyens ou mouvements de la société civile, ou mouvements de…,je ne sais quoi, toujours est-il que l’objectif est politique. Ces gens là, ont créé leurs mouvements parce qu’à un moment donné, ils se sont sentis frustrés par tel ou tel acte, ou à un moment donné, ils ont voulu démontrer au président Wade leurs forces. Dans tous les cas de figure, nous les avons en face de nous comme adversaires politiques et nous les affronterons sur le terrain politique. Donc pour moi, que ces mouvements s’appellent citoyens ou mouvements politiques, peu m’importe. L’essentiel est que toute personne qui sort du PDS et qui crée un mouvement en face du PDS, je les combattrai dans les mêmes formes que les adversaires politiques.

L’essentiel est que toute personne qui sort du PDS et qui crée un mouvement en face du PDS, je les combattrai dans les mêmes formes que les adversaires politiques.

L.S- On sait que les Barra Tall, Youssou Ndour, ce sont des contentieux financiers ou d’intérêts, mais quelle est la frustration de Cheikh Tidiane Gadio ?

S.N.N- Ah non ! Il a été démis de ces fonctions ministérielles, alors qu’il ne le souhaitait pas. Il l’a dit à tout le monde. Donc, si ça ne dépendait que de lui, il serait encore dans le gouvernement, et s’il était encore dans le gouvernement, il n’aurait pas crée son mouvement citoyen. Donc s’il a créé son mouvement citoyen, c’est pour faire face à Abdoulaye Wade, c’est pour laver un affront. C’est ça la vérité ! Pour madame Amsatou Sow Sidibé, je ne crois pas qu’elle ait un contentieux. Peut être qu’elle veut se faire valoir, elle veut se rappeler au souvenir du président parce que je ne la crois pas capable de totaliser mille voix. Encore moins de celle des anciens étudiants comme moi (rires)

S’il ne dépendait que de Gadio, il serait encore dans le gouvernement et il n’aurait pas crée son mouvement citoyen

L.S- Pour en revenir au cas Gadio, est-ce que ce n’est pas lié à un problème de gestion interne au niveau du gouvernement ?

S.N.N- Il n’y a pas de problèmes de gestion interne au niveau du gouvernement. Le Gouvernement c’est une institution transparente. C’est une maison de verre. Il n’y a rien qui se cache dans le gouvernement, parce que nous tous nous, nous nous réveillons dans des endroits différents, nous avons des amis différents. Nous ne cachons rien.

Il n’ y a pas de problème Karim Wade dans le gouvernement. Karim Wade est bien dans son rôle.

L.S- Est-ce qu’il n’ y a pas un problème qui s’appelle Karim Wade au sein du gouvernement ?

S.N.N- Ah non ! Non ! Vraiment, le problème Karim Wade est créé par la presse. Il n’ y a pas de problème Karim Wade dans le gouvernement. En tout cas, ça n’arrive pas à mon niveau

L.S- En tout cas, on le retrouve dans toutes les sauces

S.N.N- Je ne vois pas en quoi il est dans toutes les sauces. Je sais que vous faites allusion au rôle qu’il a joué dans la libération de Clotilde Reiss. Il a en charge l’Asie du côté de l’Iran, etc donc, pour tout ce qui peut nous intéresser avec ces pays là, Karim Wade est bien dans son rôle.

Mais l’opinion dit que c’est un crime de lèse-majesté, parce que c’est au ministre des Affaires étrangères de s’en occuper.

S.N.N- Vous savez, le président Wade aurait même pu choisir le professeur Iba Der Thiam ou Mame Madior Boye, ancien Premier ministre, ou quelqu’un d’autre pour aller jouer le rôle que M Karim Wade a joué. Je pense donc que c’est lui faire une fausse querelle pour d’avoir joué un rôle quelconque dans la libération de madame Clotilde Reiss. A mon avis, il ne s’agit pas de s’immiscer dans une affaire qui n’est pas la sienne. Je pense qu’il a bien eu raison de jouer le rôle que le président a bien voulu lui confier.

Vous qui êtes le plus proche collaborateur du président, comment a –t-il accueilli le tollé dans la presse étrangère, après le long communiqué du gouvernement par rapport à cette affaire Reiss. Est-ce qu’il a été gêné, déçu… ?

S.N.N- Le président Wade ne fait pas attention à ce genre de réactions. Comme vous le savez, c’est un homme très aguerri. Il a beaucoup d’expérience. Quand il pose un acte et que d’autres le commentent d’une autre manière, tant pis pour ceux qui l’ont compris de cette façon là. Ca ne l’empêche pas de vivre et il continue à faire fonctionner l’Etat. Il continue ses actions diplomatiques au plan international et il continue d’engranger les succès. Les chiens aboient, la caravane passe.

http://www.africanglobalnews.info/

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