Les examens de fin d’année arrivent à grand pas, parents et professeurs guettent les échéances avec appréhension. Les résultats catastrophiques de l’année dernière aux différents examens marquent encore les esprits. Cependant à la différence de l’année scolaire 2008-2009, celle en cours n’a presque connu aucune perturbation notable. Cette accalmie dans l’espace scolaire est-elle un gage de bonne performance ? Les acteurs ne sont pas aussi optimistes
En effet le 10 juin prochain, les candidats au baccalauréat général vont plancher sur les épreuves anticipées de philosophie. Cette épreuve ouvre la période des examens de fin de l’année scolaire 2009-2010 dans l’enseignement général et technique au Sénégal. Avant les anticipées, les épreuves physiques, pour le bac sont prévues à partir du 08 juin et le 21 juin pour le BFEM (Brevet de fin d’études moyennes). Au moment où les élèves des classes de 3éme seront sur les terrains, leurs camarades des sections techniques du baccalauréat seront en salle pour composer.
Après le bac technique, les potaches du primaire prendront le relais pour subir les épreuves du Certificat de fin d’études élémentaires et de l’Entrée en Sixième les 23 et 24 juin. Les épreuves du baccalauréat général, toutes séries confondues démarrent le 1er juillet prochain, tandis que celles du BFEM boucleront la boucle à partir du 20 juillet. Mais cette période de l’année installe toujours la psychose chez les élèves et leurs parents mais aussi chez les acteurs de l’école.
Car les examens constituent des évaluations pour les élèves mais aussi pour les professeurs, sans parler de l’émulation qui existe entre les différents établissements publics comme privés de l’ensemble du pays. Et on garde encore fraîche dans les mémoires l’hécatombe enregistrée à tous les niveaux de l’école sénégalaise lors des examens de fin d’année 2009. C’était un coup dur pour l’école, car partout sur le territoire nationale la tendance était à moins de 30% au bac et un plus de 40% au BFEM. Seul l’examen de l’Entrée en Sixième avait enregistré un taux légèrement mieux, autour de 67,65% Et là encore, d’aucuns disent c’est parce que les correcteurs auraient reçu l’ordre d’être très indulgents à l’égard des candidats que les taux de réussite ont atteint un tel seuil.
Mais de façon général partout l’on s’est posé beaucoup de questions sur les raisons de ces échecs massifs de 2009, Ziguinchor avait un taux de réussite au bac de 29%, Kédougou était dans la même fourchette avec 3% de réussite au premier tour. Ces résultats faibles étaient vite liés aux nombreuses perturbations dans l’école, qui ont affecté le quantum horaire. Dans certains établissements, des candidats s’étaient retrouvés avec un quantum de loin inférieur à la norme des neuf cents heures de cours requises. Les programmes dans beaucoup de cas n’avaient pas été achevés.
Contrairement à l’année dernière, l’année en cours a été beaucoup plus calme, en dépit de quelques soubresauts localisés. Ce calme précaire est à mettre sur le compte de l’accord entre les acteurs de l’école et l’Etat pour une année scolaire « zéro perturbation ». C’est ainsi que pour beaucoup de professeurs exerçant dans les classes d’examen les programmes seront achevés avant les examens. Dans certains établissements les professeurs, du moins certains d’entre eux, sont dans le dernier tiers du programme.
C’est le cas de ce professeur d’histoire et Géographie qui est heureux d’avoir déjà terminé son programme de géographie. Ainsi, assure-t –il « je pourrais terminer mon programme d’histoire plus tôt que l’année dernière. Même son de cloche pour ce professeur de mathématiques qui se réjouit d’avoir atteint la dernière partie du programme. Tout comme son collègue des Sciences de la vie et de la terre (Svt) qui est à trois leçons de la fin de son programme en 3ème. Il lui reste en somme 10 heures de cours maximum. Le temps qui lui restera pourra être consacré à des révisions. Cette nouvelle situation pour beaucoup autorise un optimisme quant aux résultats de cette année.
En attendant les vacances citoyennes à l’école
Toutefois cet optimisme n’emballe pas tous les professeurs. C’est l’exemple de ce professeur qui officie à l’école Mariama Bâ de Gorée. Pour lui, les perturbations n’expliquent pas tout. Il y’a d’abord le niveau des élèves mais aussi et surtout le calibrage des épreuves. Ces épreuves, peste t-il, sont « proposées par des collègues qui ne sont plus dans les classes, ils ne pratiquent plus les classes. Il s’agit des inspecteurs de spécialité. Les épreuves qu’ils proposent ne sont pas à la portée de l’élève moyen de 3ème ou de terminale. Pire, ils disputent la correction du baccalauréat aux professeurs qui officient dans les classes d’examen. »
D’autres cherchent les causes des résultats catastrophiques du bac dans l’arrêté ministériel de 2006. Un arrêté qui autorise le passage en seconde des candidats recalés au BFEM et, qui avaient une moyenne annuelle inférieure à 10/20. Cette génération, selon certains professeurs est arrivée en Classe de Terminale sans le niveau. Ce qui peut être un autre élément d’explication de ces échecs. Mais pour ce chef d’établissement d’un collège dépendant de Dakar /banlieue, « la seule stabilité ne peut être un gage de bonne performance aux examens de fin d’année. » Pour lui, « l’école sénégalaise vit une crise structurelle.
C’est un tout qu’il faut revoir. Il y’a d’abord, dit-il, le problème des ressources humaines de qualité, celui des infrastructures et celui du matériel pédagogique. Il faut oser revoir le système de fond en comble ». Pour étayer son propos, il prend l’exemple de l’examen blanc organisé dans l’Inspection départementale de Dakar/banlieue. Les résultats sont en deçà des 50%, dans le meilleur des cas et de 3% dans le pire des cas, surtout dans les collèges privés, Des résultats normaux qui sont conformes à la tendance nationale, selon ce principal membre de l’équipe de coordination de ces examens blancs.
Les terminales sont à leur tour entrain de faire leur examen blanc, qui tient lieu de composition du second semestre. Un test grandeur nature qui, selon le directeur des études du lycée technique industriel Maurice Delafosse, permettra de faire des projections sur les prévisions de résultats. C’est dire donc qu’il n’y a pas encore de quoi jubiler. Le fait est là, les résultats reflètent la situation de l’école sénégalaise. Une solution doit être vite trouvée car le secteur de l’éducation englouti à lui seul plus de « 40% du budget ». Le ministre de l’éducation à l’occasion de la dernière revue a annoncé des vacances citoyennes à l’école. Mais la question qu’on se pose est la modalité pratique de cette idée généreuse. Les professeurs si jaloux de leurs vacances sont-ils prêts à les sacrifier pour une tutelle qui ne rate jamais une occasion de les flétrir.
sudonline.sn