En demandant en conseil des ministres d’engager « sans délais » l’audit organisationnel, technique et financier des projets et programmes d’électrification rurale mis en œuvre par l’Agence Sénégalaise de l’Electrification Rurale (ASER), le Président Macky Sall traduit sans doute le malaise qui existe dans cette structure qui est souvent secouée par des scandales liés aux marchés.
Le Président de la République, Macky Sall, a invité hier, dans le second volet de sa communication en réunion de conseil des ministres, le Gouvernement à «mettre en place un Fonds National pour l’électrification rurale (FNER) pour soutenir la dynamique de développement du sous secteur». Et à «diligenter l’application de la loi d’orientation sur les énergies renouvelables, à développer l’usage de l’énergie solaire, surtout en milieu rural, et à accélérer la mise en œuvre des accords conclus avec les partenaires du secteur privé»
Dans la même veine, le Chef de l’Etat a aussi invité le Gouvernement à «engager, sans délais, l’audit organisationnel, technique et financier des projets et programmes d’électrification rurale mis en œuvre par l’Agence Sénégalaise de l’Electrification Rurale (ASER)». Il l’invite dans le même temps à «élaborer un plan d’urgence d’électricité rurale (PER-2014-2016) qui permettra au Sénégal d’atteindre un taux d’électrification rurale de 60% à l’horizon 2016 qui sera soutenu, à partir de 2014, par un financement exceptionnel de ressources internes du Budget Consolidé d’Investissements (BCI) ».
Qui dit audit dit évaluation, d’une structure créée par le décret 99- 1254 du 30 décembre 1999, qui a pour mission de conduire le programme d’électrification rurale avec notamment des objectifs chiffrés alors de 16% en 2006 à 50% en 2012 bref, d’assurer l’accès à l’électricité à près de 3,8 millions de sénégalais ou 365 00 ménages ruraux. Pour ce faire, il était question, entre autres d’attribuer 12 concessions à des opérateurs privés avec une forte implication du secteur privé local ; mais aussi de développer des projets énergétiques multisectoriels par la promotion des usages productifs de l’électricité.
Or, depuis quelques temps, l’Aser brille plus par des scandales financiers à répétition, souvent liés aux marchés et qui, non seulement ont envoyé un de ses directeurs généraux en prison, mais aussi fait sauter son successeur au mois d’août dernier. Le tout sans que jusqu’ici, le monde rural ne soit sorti du noir du moins, il n’y a aucune visibilité aujourd’hui sur les programmes d’électrification rurale lancés par l’Aser et pour cause…
De la réunion interministérielle tenue le vendredi 8 février dernier par le président Macky Sall, sur l’état de la Coopération économique entre l’Inde et le Sénégal, il était ressorti la nécessité « urgente » de faire le bilan des différents projets préalablement financés. Notamment, la deuxième phase du Projet d’électrification rurale, d’un montant de 27,5 millions de dollars (environ 12,3 milliards). Un marché qui a fini d’installer le malaise au sein de l’Agence.
Plus récemment, après un marché de 13 milliards cassé par l’ARMP, suite à des irrégularités, le Directeur des concessions d’électrification rurale, Papa Oumar Ngom, avait jeté le tablier.
L’actuel Dg de l’Aser, Antou Guèye Samba, était depuis, attendu pour faire respecter la légalité dans cette agence qui, il faut bien le dire, flotte dans des eaux plutôt troubles. C’est certainement dans ce contexte que le président Macky Sall demande à être éclairé, « sans délais », sur la situation de cette agence gouffre à milliards tout en se donnant par ailleurs les moyens de pérenniser les missions de celle-ci.
Par ailleurs, en réunion du conseil des ministres, le Président de la République a demandé au Gouvernement «d’engager une réflexion pour l’instauration du permis à points, et les conditions d’obtention du permis de transport en commun qui tient compte de l’âge des conducteurs».
A points
Il dit accorder du prix à la mise en œuvre d’un «programme autoroutier dont le rôle sera essentiel dans l’émergence du pays en permettant la liaison des principaux pôles générateurs de croissance, avec comme axes prioritaires : AIDB-MBOUR-DIAMNADIO-THIES-TOUBA-FATICK-KAOLACK et THIES-SAINT-LOUIS. Macky Sall a engagé le Gouvernement «à assurer, à partir de 2015 un objectif minimal de 50 km d’autoroutes par an».
Le Chef de l’Etat a invité le Gouvernement, à «accélérer le projet de réalisation de 1500 km de pistes de production dans le pays à partir de 2014». Il a aussi demandé au Gouvernement, en complément de la lettre de politique sectorielle des transports, de «définir un Schéma Directeur des Infrastructures de Transport (SDIT) pour assurer une meilleure programmation des réalisations» En outre, au titre des textes législatifs et réglementaires, le conseil a adopté : « le Projet de loi relatif à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac » et « le projet de loi relatif à la déclaration de patrimoine». De même que «le projet de décret portant création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale de gouvernance dans le cadre du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs ».
Source: Sudonline.sn