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Gaston Mbengue, promoteur : « Je suis de retour pour faire vibrer à nouveau l’arène ! »

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Gaston Mbengue est de retour, et ce n’est pas pour jouer les seconds rôles. Après une absence très ressentie dans le milieu de la lutte, le promoteur, comme pour se rattraper, a déjà ficelé deux combats chocs entre Ama Baldé, le fils de Falaye Baldé, et Malick Niang, le chef de Yoff, et entre Eumeu Sène de Tay Shinger et Yakhya Diop Yékini, le chef de file de Ndakaru. Trouvé hier chez lui, le patron de Gaston production a précisé qu’il n’est en concurrence avec aucun promoteur. Son souhait : répondre favorablement au cri du cœur des amateurs et acteurs de la lutte qui ont réclamé son retour. Son objectif : prouver que ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme « le Don King de l’arène ».

Gaston, vous voulez apparemment revenir en force après une absence remarquée la saison dernière. Qu’est-ce qui a motivé ce retour ?
« On ne peut pas parler de retour car je n’ai jamais quitté l’arène. C’est que j’avais juste pris du recul par rapport à mes activités dans ce milieu. J’avais voulu même tout arrêter l’année dernière. En fait, j’étais dans un collectif avec mes jeunes frères promoteurs. C’était une sorte d’association pour défendre nos intérêts et pour les soutenir ; j’avais fait de cette histoire mon affaire. Je ne regrette rien, car j’assume toujours mes actes ; même si j’ai failli me mettre en mal avec des personnes qui me sont proches. Les membres du Cng, plus particulièrement Alioune Sarr, sont des amis à moi. Nous étions dans une dynamique, nos causes étaient en jeu. Tout le monde sait que je suis un homme de principe, alors j’ai foncé, tête baissée. Mais en fin de compte, ils ont trahi, c’est ce que je peux dire. Ils n’ont pas respecté tout ce qu’on avait retenu, surtout la limitation des cachets. En quelque sorte, ils se sont carrément démarqués du collectif. En homme de vérité, j’ai été dégoûté, c’est pourquoi j’avais pris du recul. J’avais décidé de quitter complètement ce milieu de la lutte.
Seulement, j’ai senti que cette décision n’avait pas plu à mes bras droits (Max Margane, Alioune Guèye, entre autres). Je les ai laissés gérer mon programme de la saison, en retour, j’ai financé les combats. Je n’étais plus dans le bain, comme tout le monde l’a constaté. A part la dernière journée, je n’ai assisté à aucun des combats de Gaston production. J’étais dégoûté parce que je n’aime pas les histoires de traîtrise. Si j’étais du même âge qu’eux à la limite, je pourrais essayer de les concurrencer ou de me tirailler avec eux. Maintenant, cette saison est derrière nous, et les Sénégalais ont réclamé mon retour ! Les jeunes, les ténors, les amateurs et tous les acteurs de la lutte veulent que je revienne. J’ai entendu ce cri de cœur, je me suis dit pourquoi ne pas reprendre mes activités pour voir et redresser si possible. Entre-temps, j’étais parti au Ndiambour dont je suis toujours le président. Mais cette équipe reste ma priorité. »
A vous entendre parler on dirait que vous blâmez tous les membres de ce collectif alors que certains promoteurs ont respecté le mémorandum ?
« Bien sûr ! Je prie pour eux, de même que ceux qui ont transgressé notre accord. La vie est ainsi faite, on ne peut pas avoir tout ce que l’on veut. Il n’y avait qu’un ou deux promoteurs dans ce collectif qui pouvaient payer certains cachets. Et dans tous les cas, personne n’avait le droit de transgresser les chartes. Par principe, je n’accepte pas cela. En plus, il y avait beaucoup de bruit, surtout entre nous et le Cng. Mais Dieu merci, tout est rentré dans l’ordre. Je préfère me retirer de ces histoires que de me mettre en mal avec le Cng. »
Quelle analyse faites-vous de l’arène lors de la saison passée ?
« Tout le monde l’a constaté, je ne dirais pas que cette saison n’était pas palpitante, mais la question est de savoir si tout s’est passé comme avant ? C’est aux amateurs d’en juger. Je ne peux pas être juge et partie. En tout cas, la majeure partie des amateurs a réclamé mon retour. »
Voulez-vous dire que l’arène a durement ressenti votre mise en retrait ?
« Je ne sais pas ! Je laisse aux autres en juger. Les amateurs de lutte, de même que les lutteurs, ont voulu que je revienne, c’est tout ce que je peux dire. C’est peut-être une réponse à votre question. »
Maintenant que Gaston a repris goût aux activités de l’arène, quelles seront ses priorités pour la saison 2013-2014 ?
« Je veux que tout soit comme avant ! Que les choses se déchaînent et que l’arène vibre comme d’habitude. Je veux aussi que les amateurs revoient Gaston au premier plan. Mais je veux que les choses soient claires, je ne suis en concurrence avec personne. Je ne suis pas en compétition avec ceux qui sont là actuellement. Ce sont mes jeunes frères et il n’est pas question que je rivalise avec eux. Par ailleurs, je vais saisir toutes les opportunités, dans la mesure du possible. Je maîtrise bien le milieu de l’arène et je sais les dégâts que peuvent causer certaines concurrences. La lutte a fait beaucoup de dégâts, c’est un terrain glissant. Ce n’est pas sûr, du tout, de jouer à la concurrence, cela ne mène qu’à des conneries. Tout ce que je peux dire, c’est que je vais faire mon possible pour satisfaire la population. »
Avouez tout de même que la concurrence est très rude actuellement, surtout dans cette course aux affiches pour la saison 2013-2014 ?
« Bien sûr qu’il y a une concurrence, mais ce n’est pas moi qui l’ai déclenchée. Je fais mon travail le plus normalement possible. Je n’ai pas changé mes habitudes. Dès que je vois une affiche qui m’intéresse, je discute avec les principaux concernés pour voir si je peux trouver un accord avec eux. Si c’est bon, on signe, sinon chacun part voir ailleurs. Je ne peux pas puiser tout le stock de lutteurs de l’arène. Et je pense que c’est la presse qui veut nourrir ces histoires de concurrence. J’ai lu d’ailleurs dans un journal que je voulais Mouhamed Ndao Tyson. Vous savez, depuis 2 ans, je ne lui ai pas proposé de combat. La dernière fois que j’ai vu Tyson, c’était lors des obsèques de mon neveu (le fils d’Aminata Mbengue Ndiaye Ndlr). J’ai cité son nom une fois, et c’était en présence de Malick Thiandoum. En ce moment-là, j’étais prêt à lui payer 40 à 50 millions de FCfa. Tyson est mon ami, nous gardons de bonnes relations. Pour Eumeu Sène, j’ai entendu un promoteur dire qu’il le démarche. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’entre Eumeu et moi, il n’y a pas de cachoterie. Et si je vous dis que j’ai ficelé Eumeu Sène – Yékini, c’est parce que c’est vrai. Le chef de file de Tay Shinger va lutter contre Yékini. D’ailleurs, personne ne peut le tenir en otage, la lutte a des règlements bien définis. Il va lutter pour moi après son combat contre Modou Lô. Un promoteur l’a appelé et a même pleuré pour qu’Eumeu lui donne son accord. »
Mais comment expliquez-vous tout ce tiraillement autour d’Eumeu Sène alors qu’il est déjà sous contrat ?
« Vous savez, des fois, les journalistes sont manipulés pour attirer les sponsors sans qu’ils s’en rendent compte. Moi, je ne fonctionne pas comme cela. Je cale tous mes combats avec des contrats à l’appui avant de parler avec un sponsor. Mais on ne peut chercher des sponsors à travers la presse. Mais ce promoteur est certain qu’il n’aura pas Eumeu Sène après son combat contre Modou Lô. Il n’y a pas lieu de se bousculer pour scruter le ciel ! »
Est-il possible pour Eumeu Sène d’engager trois combats la saison à venir, vu qu’il est si prisé des promoteurs ?
« Ce n’est pas possible ! Eumeu Sène ne peut pas disputer trois combats dans la saison. C’est un être humain, pas une machine. Il peut engager un combat de plus pour l’autre saison à venir, là c’est possible. »
Que pensez-vous du combat Gris Bordeaux – Mouhamed Ndao Tyson qui vient d’être ficelé ?
« Ce ne sont pas mes oignons. Je m’occupe de ce qui me regarde. Je ne commente pas les affaires des autres. Mes propres affiches me suffisent largement. Et je peux dire que le choc Ama Baldé – Malick Niang sera le meilleur combat de la prochaine saison. Et Yékini -Eumeu Sène sera le plus grand. »
Comment avez-vous fait pour convaincre Yékini ?
« Entre Yékini et moi, la relation ne date pas d’aujourd’hui. J’ai presque organisé tous ses combats à part le dernier. C’est un ami et d’habitude, nos discussions pour démarcher un combat ne durent même pas 10 mn. On se connaît trop bien et je l’estime beaucoup. Yékini a déclaré d’ailleurs clairement qu’il m’est très proche. »
Et pour Eumeu Sène ?
« Lui, c’est mon fils. Notre relation dépasse ces histoires de contrat. Je peux me même lui négocier ses combats. Balla Gaye 2 aussi est comme un fils pour moi. Nous n’avons aucune brouille.
On a essayé de nous séparer ; sans succès. »
Balla Gaye 2 figure donc sur vos plans pour la saison à venir…
« Bien sûr ! Balla Gaye 2 est un lutteur et je suis un promoteur, il fait forcément partie de mes plans. L’autre promoteur a dit à Eumeu Sène qu’il avait déjà tout programmé et qu’il n’acceptera pas qu’un autre vienne détruire tout ce qu’il a construit. Mais s’il y a quelqu’un qui a construit quelque chose dans cette arène, c’est bien moi et ce depuis 1992. J’ai montré le chemin aux autres. Si quelqu’un ose aujourd’hui mettre son argent dans l’arène, c’est grâce à moi. J’ai construit pendant 22 ans. »
Pensez-vous que votre retour est une menace pour quelqu’un ou pour le milieu ?
« Non, je ne vois pas pourquoi mon retour doit être une menace. Il faut avoir foi en Dieu, car il y a des milliers de lutteurs et même pas 20 promoteurs. Ce qui manque plutôt, c’est cet esprit de créativité. J’ai participé aux carrières de pas mal de ténors. En 2006, quand j’avais décidé d’organiser le Claf, certains croyaient que j’étais fou. Aujourd’hui, l’avenir m’a donné raison. On ne peut pas rester dans son coin, attendre que Gaston crée des ténors, pour après se les approprier. Mais j’avoue que parmi les promoteurs, il y a des jeunes qui font du très bon boulot en ciblant les espoirs de l’arène. Ils ont compris qu’ils vont devenir des ténors d’ici quelques années. »
En tout cas, la saison prochaine, les promoteurs ne risquent pas de chômer. On dirait même que c’est la guerre ouverte depuis quelques jours…
« Moi, je veux annoncer la couleur ! Ils ont raison d’avoir peur et je sais pourquoi : le combat Ama Baldé – Malick Niang qui sera le meilleur choc de la saison fait déjà des dégâts. Ce combat était le rêve de tout le monde, raison pour la quelle les choses bougent dans tous les sens. »
Est-il vrai que vous avez aussi signé un contrat avec Papa Sow de Fass ?
« Oui j’ai signé un contrat avec lui et il aura bientôt un adversaire.
Il faisait partie de mes plans lorsque je l’ai décroché. Vous savez, aucun lutteur ne peut refuser actuellement Papa Sow. Même Modou Lô peut lui accorder une revanche après son combat contre Eumeu Sène. »
Comment voyez-vous cette affluence des nouveaux promoteurs dans l’arène ?
« C’est bien ! Dans la vie, il faut savoir prendre des risques, mais ne pas trop en faire. Ils ne doivent pas suivre la mouvance au point de perdre pied. Je donne souvent des conseils à mes jeunes frères promoteurs, car c’est mon devoir. »
Est-il vrai que Gaston était en faillite ?
« La lutte n’engendre pas d’argent. J’y suis toujours parce que j’ai un faible pour le milieu. J’ai aussi ce sentiment de travailler pour mon pays et de créer des emplois. La lutte peut vous ouvrir des portes, mais elle n’apporte pas la richesse. Par contre, je ne peux pas être en faillite car j’ai d’autres activités. Quand je quittais Louga en 1975, je n’avais même pas un sou pour le retour.
Je suis venu à Dakar, et, par la grâce de Dieu, je me suis battu pour arriver à ce stade.
J’ai des biens, et ce n’est pas pour rien qu’on m’a surnommé le « Don King de l’arène ». Donc, pourquoi parlez-vous de faillite ? »
Mais, c’est vous qui le dites et depuis longtemps…
« Je ne cesse d’enregistrer des pertes lors de mes combats, mais c’est diffèrent de la faillite. Je vous l’ai dit tantôt, j’ai d’autres activités que la lutte. C’est grâce à mes revenus que j’organise des combats. Donc, il faut que les gens arrêtent de dire que j’étais en faillite. Je rends grâce à Dieu, je suis toujours dans mes activités ».
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