L’interview de Monsieur Abdoul Mbaye, Premier ministre, parue dans le journal L’Enquête dans son édition du samedi 6 juillet 2013 est très révélatrice. Elle a en effet la vertu de renseigner sur le moi profond de M. Mbaye. Si on applique au contenu du texte ce que les psychanalystes appellent une lecture symptomale, on se rend compte que les réponses qu’il formule constituent clairement une mine d’informations qui renseignent sur son état mental. Ce qui est frappant dans cette affaire, ce n’est pas l’énoncé des phrases, ce n’est pas ce qu’il dit. Ce qui est intéressant, c’est ce qu’il ne dit pas et qui pourtant transparaît derrière ses réponses. Je ne connais pas M. Mbaye et je ne connais pas M. Diagna Ndiaye, si ce n’est par les résonnances médiatiques dont ces deux personnalités de premier plan font l’objet dans l’opinion dans des secteurs différents.
Concernant l’échec de la candidature du président du Cnoss au Comité exécutif du Cio et la superposition assez insolite de celle du Premier ministre au même poste, ce dernier a le chic de nous apprendre «qu’un Etat ne peut déposer une candidature au Cio, l’ignorer est grave». Cet argument relève me semble-t-il, d’un sophisme de bazar. Il va de soi que l’Etat du Sénégal sur le plan principiel n’a pas déposé de candidature officielle pour ce poste au Cio. Mais l’Etat du Sénégal a fait mieux, puisque l’homme qui l’incarne au plus haut niveau, le Président Macky Sall, a estimé devoir accorder son parrainage ès qualité à la candidature de M. Diagna Ndiaye, président du Cnoss. Ce qui lui confère une dimension symbolique qui fait sens et qui se suffit à elle-même. Ces formes de parrainage sont des pratiques courantes sur les plans, autant national qu’international. En l’espèce, de telles initiatives n’ont jamais remis en cause ni l’indépendance ni l’honorabilité des institutions auxquelles s’adressent ces parrainages comme l’insinue M. Mbaye. Il y a des exemples à foison. Il se trouve que sur le plan des qualités intellectuelles et morales qui lui sont connues, rien ne manquait à M. Diagna Ndiaye pour siéger au Comité exécutif du Cio. L’indignation collective due à cet insuccès ne trouve pas une autre explication.
Deuxième perle de Abdoul Mbaye qui, à une autre question, répond : «Ma candidature comme membre du Cio a été déposée depuis plusieurs années. Le parrainage que vous évoquez et dont je ne suis pas informé, ne peut lui être que postérieur.»
On peut s’étonner qu’un Premier ministre dise ne pas être informé d’un acte officiel aussi fort du chef de l’Etat.
De deux choses l’une :
Soit il y a eu dysfonctionnement dans les rouages d’information de l’appareil gouvernemental, ce qui est préoccupant, soit il y a chez M. Abdoul Mbaye, une volonté consciente d’ignorer cette initiative du chef de l’Etat, ce qui ressemblerait pour des raisons sans doute d’enflure personnelle, à un défi à l’autorité prééminente et prépondérante du chef de l’Etat.
Passons sur le voyage de deux jours qu’il a «effectué à Lausanne» pour aller assister à la réunion annuelle de «la prestigieuse commission marketing du Cio» au moment où le Sénégal est asphyxié d’urgences de toutes sortes. On aimerait bien avoir un Premier ministre qui ait une vision plus sacerdotale de sa mission plutôt que d’aller parader sous les lambris d’une salle abritant la réunion de la «prestigieuse commission Marketing du Cio». A propos du groupe Mimran, sa réponse prend la forme d’un aveu. Il y a bien un problème entre M. Mbaye et son ancien employeur le groupe Mimran, dont il semble ignorer jusqu’au nom. Diantre ! M. Abdoul Mbaye, sur ce chapitre, dit défendre les intérêts du consommateur sénégalais avant ceux du Groupe Mimran. Que ne nous explique-t-il pas les incompatibilités d’intérêt qui opposeraient ceux du consommateur sénégalais à ceux du groupe en question. N’y aurait il pas là le signe clinique d’un contentieux susceptible de déteindre sur la marche de l’Etat, en raison précisément du poids économique de ce groupe. N’y aurait-il pas le retour du refoulé dans l’exercice des responsabilités qui sont les siennes ? Il y a des blessures secrètes dont on ne peut guérir et qui remontent à si loin. On ne s’en émancipe pas à cause précisément de leur radicalité, une radicalité aux allures de «fatum».
J’ai la conviction que M. Abdoul Mbaye a des compétences et c’est tant mieux pour lui. Mais la question qui vaut est celle-ci. Est-t-il le bon Premier ministre pour faire face à la singularité de la crise, comme celle que nous traversons, ou il faut à la compétence technique allier une sensibilité de masse, attribut qui est loin d’être subsidiaire dans une société aussi complexe que la nôtre.
Abdou Anta SOW
Professeur de Lettres
Dakar
Les non-dits du Premier ministre Abdoul Mbaye
Date:
M. Sow vous dites : « ne pas être informé d’un acte officiel aussi fort du chef de l’Etat. » , et depuis quand une lettre de recommandation écrtie par le président pour aider une personne dans son ambition personnelle est un ACTE OFFICIEL ?
Cela se voit que vous êtes un professeur de lettre : jouer sur les mots pour des raisons inaouvées
Pour la recherche du prestige que vous semblez attribuer à M. Mbaye, aussi bien vous que MAcky Sall, que presque beaucoup de senegalais ont ce defaut
Le fait d’assister à cette reunion en suisse ne peux en rien impacter son travail
franchement je ne connais ce premier ministre mais quand meme il semble brillant
Sur ce dossier Diagna/Abdoul Mbaye, j’ai retenu une leçon et eu un plaisir. La leçon, c’est que j’ai eu la certitude d’avoir un PM qui ment. Là, il n’y a plus de doute. Le plaisir, c’est de voir qu’enfin les tractations, hors caméra, qui aboutissent aux articles que vous lisez, les infos que vous recevez, ces tractations sont de plus en plus connues au grand jour. Al hamdoulillah ! C’est tout bénéf pour celui qui veut comprendre. J’ai toujours écrit, sous les insultes des fanatisés, que c’est une mafia qui contrôle les opinions des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs des médias. Et cette mafia, avec l’omerta comme règle de base (Soro ne révélera pas les deals de SJD qui le lui rend bien), fait des offres de services aux politiques, aux hommes d’affaire, et même aux prostituées et bandits de grand chemin. Oui, il y a même des journalistes qui vendent des prostituées. Allez vérifier dans les revues people. Et les prostituées qui ne paient pas… Eh bien ce sont celles dont vous lisez les scandales.
Jusque là, le fanatisé me suit et me comprend. Mais c’est quand je dis que c’est ce travail payé du journaliste qui fait que le fanatisé aime tel politicien ou haït tel autre, que le fanatisé ne me suit plus. Quand je dis que ces journalistes ont offert leur service à l’Occident pour combattre Wade depuis 10 ans, là le fanatisé retrouve ses amours d’insultes.
Et pourtant vous êtes entrain de vivre en direct le combat indirect d’Abdoul Mbaye face à Diagna Ndiaye. Chacun active ses journalistes. Et chacun active ses journalistes pour faire un travail qui produit chez le lecteur l’amour de lui même (Diagna ou Abdoul) et la haine de l’autre (Abdoul ou Diagna). Au fil de ces textes que vous lisez (et de d’autres qui les avaient précédés, surtout quand vous n’aviez pas compris que tel journaliste masqué travaille pour untel), au fil de ces textes, donc, vous aimez ou renforcez votre amour envers l’un, haïssez ou renforcez votre haine envers l’autre. De fait, votre cerveau, vous l’offrez au journaliste, il y met la couleur qu’il veut. Et le propriétaire de la couleur paie le journaliste.
Mais, c’est quand je fais voir cette vérité du côté de la haine contre Wade que le fanatisé ne veut rien comprendre. Il se sentirait petit.
Mr Sow, tu es dangereux. Tu parles de la double candidature du Sénégal notamment de l’infidélité supposée de Abdoul Mbaye et là tu conclus pour nous dire qu’il serait pas le bon PM. Je me demande c’est quoi le rapport. Arrêtez de montrer que vous êtes intelligent en essayant de manipuler avec une neutralité qui fait rire.