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Un scrutin « chaotique » prévu au Mali

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Les obstacles au bon déroulement du premier tour de la présidentielle du 28 juillet au Mali sont nombreux. Le pays fait actuellement face à des risques d’attentats-suicides de jihadistes, une distribution incomplète des cartes d’électeurs, un vote incertain sur tout le territoire et compte quelque 500.000 réfugiés et déplacés.
L’intervention militaire internationale initiée par la France en janvier pour stopper une avancée vers le Sud de groupes jihadistes qui occupaient depuis neuf mois le nord du Mali pour ensuite les chasser de cette région, a en grande partie été atteint.

Mais, a reconnu dimanche le général Grégoire de Saint-Quentin, qui a commandé l’opération française Serval au Mali, ce pays n’est pas encore « complètement stabilisé ».

« Il faut reconnaître à nos adversaires leur extrême faculté à se fondre dans le désert. Néanmoins, même les meilleurs marins ont besoin de toucher un jour au port », a affirmé le général à l’hebdomadaire français, le Journal du dimanche, ajoutant: « C’est pourquoi nous avons ciblé en priorité les sanctuaires des terroristes ».

La crainte est que des éléments dits « résiduels » de groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda qui ont occupé le nord du Mali ne saisissent l’occasion de la présidentielle pour faire un coup d’éclat sous forme d’attentats-suicides meurtriers, comme ils en ont commis les mois derniers au Mali, mais aussi au Niger voisin.

La France, l’ONU et le régime de transition au pouvoir à Bamako ont en outre insisté sur la nécessité d’un vote sur l’ensemble du territoire national afin que le nouveau président élu dispose de la crédibilité indispensable au redressement et à la réconciliation d’un pays profondément divisé.

De récentes violences qui ont fait quatre morts, de nombreux blessés et dégâts matériels dans la région de Kidal (nord-est), fief des Touareg et de leur rébellion du Mouvement de libération national de l’Azawad (MNLA), où des agents électoraux ont également été brièvement enlevés, font sérieusement douter que le scrutin puisse s’y tenir dimanche prochain.

Ces incidents graves se sont produits en dépit de la signature d’un accord de paix, le 18 juin à Ouagadougou, entre le MNLA et le pouvoir de transition à Bamako permettant le cantonnement des rebelles touareg et le retour contesté de quelque 150 soldats maliens dans la ville de Kidal.

« Les tensions et violences étaient sans doute inévitables à Kidal, la signature d’un accord entre les dirigeants des groupes armés et Bamako ne mettant pas fin à la réalité des antagonismes et à l’existence de radicaux d’un côté comme de l’autre », a déclaré Gilles Yabi, analyste à International Crisis Group (ICG).

« Dans la mesure où il ne s’agit que d’un accord intérimaire (l’accord de Ouagadougou) avant l’ouverture d’un processus de dialogue plus important après l’élection présidentielle, le jeu qui consiste à faire monter les enchères ne va pas cesser », selon M. Yabi qui ajoute: « L’impact sur l’élection et sur sa crédibilité dépendra de ce qu’il se passera le jour du vote à Kidal ».

Un signe positif cependant: des représentants du MNLA et d’un autre groupe rebelle, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), ont été reçus dimanche à Bamako par le président de transition Dioncounda Traoré, pour parler « de paix » et de « réconciliation ».

Si la région de Kidal suscite le plus d’interrogations et d’inquiétudes, le risque est aussi que les quelque 6.830.000 cartes électorales ne soient pas distribuées à temps dans d’autres régions. Le 18 juillet, un document officiel des organisateurs de l’élection soulignait que « le taux de remise des cartes » était « d’environ 60% ».

Et encore, la distribution des cartes ne concerne-t-elle en grande partie que les Maliens qui n’ont pas fui le conflit pour aller se réfugier à l’étranger ou dans d’autres régions du Mali, soit environ 500.000 personnes. Les modalités de vote pour ces déplacés et réfugiés restent floues, en particulier dans les immenses camps au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie.

A ces obstacles, s’ajoutent un redéploiement seulement partiel de l’administration centrale dans le Nord et le fait que le scrutin se déroule en pleine saison dite « d’hivernage » en Afrique de l’Ouest, caractérisée par de fortes pluies dans le sud du Mali, des vents forts et des tempêtes de sable dans le Nord, qui gênent, voire empêchent, les déplacements.

Couplé à la période de jeûne et de recueillement du ramadan actuellement en cours dans ce pays musulman, ces phénomènes pourraient accroître le taux d’abstention.

Le risque est que ce scrutin soit « chaotique », ses résultats « contestés » et que le nouveau président élu n’ait pas « la légitimité nécessaire au rétablissement du pays », selon ICG

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