Ceux qui savent lire entre les lignes ont bien saisi le message du président de la République, Macky Sall, récemment en visite officiel au Burkina Faso où il s’est invité au débat interne relatif à la reconduction du Senat. S’il a lancé aux médias burkinabé qu’«Un sénat dans une démocratie peut bien se comprendre», c’est la conclusion consacrée à notre pays qui a alerté plus d’un : «Au Sénégal, nous allons voir, lorsque la commission nationale va soumettre ses réflexions, ce que nous allons retenir». Il fait allusion à la commission sur les réformes des institutions dirigée par le Pr Ahmadou Macktar Mbow. Toujours est-il que la principale raison avancée par le Président Macky Sall pour supprimer le Senat était la récurrence des inondations « qui causent tant de malheurs, de douleurs et de souffrances aux populations ». Ces inondations continuent, les populations sont en plus confrontées à la dure réalité de l’inflation des prix des denrées de première nécessité. Qu’est-ce qui pourrait alors justifier le retour de la chambre haute, une institution inutilement budgétivore ?
En visite récemment au Burkina-Faso pour 72 heures, le président de la République, Macky Sall s’est prononcé sur la question du Senat qui divise la classe politique du pays des hommes intègres. En conférence de presse conjointe avec son homologue Blaise Compaoré, Macky Sall s’est invité au débat interne : «Chaque pays, selon les situations du moment, ou selon la réalité, doit pouvoir décider, en toute souveraineté, de ce qu’il considère comme étant le plus approprié. Un sénat dans une démocratie peut bien se comprendre. Au Sénégal, nous allons voir, lorsque la commission nationale va soumettre ses réflexions, ce que nous allons retenir». Si cette déclaration met l’opposition burkinabé dans tous ses états, parce que soupçonnant son chef de l’Etat de chercher à faire modifier l’article 37 de la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, elle doit alerter l’opinion sénégalaise qui avait applaudit des deux mains lorsque le même Macky Sall avait décidé de la suppression de cette chambre haute.
Quand dans sa déclaration du Burkina Fasso, Macky Sall laisse entendre la possibilité d’un retour de cette institution budgétivore, il y a de quoi s’interroger. Devant son homologue Blaise Compaoré et la presse burkinabé, le premier des Sénégalais lâche ces mots : «Au Sénégal, nous allons voir, lorsque la commission nationale va soumettre ses réflexions, ce que nous allons retenir».
Pour rappel, le projet de loi portant suppression du Senat a été annoncé par le Chef de l’Etat suite aux inondations qui ont contraint des familles à aller vivre sous des abris provisoires. Pour faire face à ce phénomène, le Président Macky Sall a décidé de rationaliser toutes les ressources publiques en supprimant certaines institutions budgétivores, dont le Senat. «J’ai décidé que l’Etat va consacrer des ressources substantielles à la recherche de solutions structurelles aux inondations récurrentes qui causent tant de malheurs, de douleurs et de souffrances aux populations » Et d’ajouter : « Les ressources prévues pour cette institution, prés de huit milliards, seront ainsi consacrées, entre autres, à la solution des inondations, à travers déjà le projet de gestion des eaux pluviales (Progep) » avait-il promis aux populations.
La majorité des députés est allée dans le même sens en adoptant, le 18 septembre 2012, le projet de loi constitutionnelle n0 06/2012 portant révision de la constitution, avec comme conséquence, la suppression du Sénat. Cette décision a été prise en deuxième lecture, lors d’une séance de plénière de la 12ème législature, suite au refus des sénateurs (en majorité des libéraux) de voter le projet de loi portant suppression du Senat. Venue défendre le projet de loi relatif à la suppression du Senat, Mme Aminata Touré, ministre de la justice, avait déclaré devant les députés : «les 7 milliards du budget du Senat peuvent alléger la souffrance de nos concitoyens». Et le président du groupe parlementaire majoritaire, Moustapha Diakhaté de renchérir : «la suppression du Senat n’est pas faite contre les sénateurs. C’est une réponse à la demande sociale. Sinon le Président l’aurait conservé en nommant 55 sénateurs».
Précisons que cette décision de Macky Sall de supprimer le Senat avait rencontré l’assentiment de la population et de la classe politique sénégalaise. L’on se souvient de la déclaration de l’ex Premier ministre, Idrissa Seck sur la question : «Je pense que c’est une première bonne décision », avait-il déclaré.
Pour sûr, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on ne comprend pas pourquoi le Président Macky Sall fait dans la nuance. La raison mise en avant pour justifier la suppression du Senat est la récurrence des inondations. Et la décision de supprimer la chambre haute est à ranger au rayon de la recherche de solutions structurelles aux inondations récurrentes, comme l’avait laissé entendre le Président Macky Sall.
A ce que l’on sache, les inondations continuent à être le casse-tête des habitants de la banlieue et de nombreux autres quartiers de Dakar, sans compter les régions qui sont touchées par le phénomène ; les populations souffrent de l’inflation des prix des denrées de première nécessité etc. La reconduction de cette institution budgétivore serait mal venue, au moment où les populations tirent le diable par la queue.
Dès lors, si c’est un coup de Jarnac que prépare Macky Sall en préparant aussi subtilement l’opinion au retour de la chambre haute à « caser » du militant ou de l’allié (le Conseil économique n’y a pas suffi), il y a de quoi craindre le réveil des mouvements de la société civile, au nombre desquels le M23 et Y en a marre.
SUDONLINE
Puisque le debat sur la drogue est terminé. vous cherchez encore un une autre actualité sensationelle
cet article ne fait qu’attirer l’attention des senegalais,il faut etre objectif