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Macky Sall, pris dans le piège des coalitions

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Il est de notoriété publique que la Coalition Macky 2012 qui regroupe des partis lilliputiens et les trois composantes de Bennoo Bokk Yaakaar (Bennoo Siggil Senegaal, Bennoo ak Tanor et le Rewmi) ne s’entendent pas entre elles depuis que le président Macky Sall a été porté au pouvoir en mars 2012. Au sein de Macky 2012, on a crié au hold-up, à l’usurpation, à l’accaparement quand le triumvirat de BBY a été rétribué à l’aune de son soutien politique.

Parmi les 119 députés de Bennoo Bokk Yaakaar qui siègent au sein de l’hémicycle, les alliés du président de la République ont été grassement  servis même si les responsables de Rewmi, le parti de M. Idrissa Seck, ont crié à l’iniquité dans cette distribution de prébendes et de postes.

Toujours est-il qu’à l’Assemblée nationale, 21 députés sont de Bennoo Siggil Senegaal, 20 de Bennoo ak Tanor, et 10 de Rewmi. Cerise sur le gâteau, la deuxième institution de la République est dirigée par le leader de Bennoo Siggil Senegaal, Moustapha Niasse.

Dans la trentaine de ministres qui composent le gouvernement de M. Abdoul Mbaye, le tiers revient aux alliés du Président. C’est donc dire que ces derniers, malgré leur boulimie insatiable, ont été bien servis à la louche pour reprendre la métaphore alimentaire de Jean Paul Dias, le leader du Bloc des centristes Gaïndé.

Le seul ministre de Macky 2012, en l’occurrence Ibrahima Sall qui siégeait au gouvernement, a été défenestré lors du dernier remaniement d’octobre 2012 avant d’être casé à la direction de la SICAP. Comme pour signifier à ses alliés de Macky 2012 leur insignifiance politique, le président de la République a zappé ses premiers alliés lors des investitures à la députation.

Ainsi aucun élément de Macky 2012 ne siège à l’Assemblée nationale. Comme lot de consolation, quelques sucettes faites de postes de présidents de conseils d’administration, de directions générales de ministères ou de ministres conseillers ont été distribués à certains leaders de Macky 2012.

En fait, le Président a fait un traitement à géométrie variable en fonction du poids politique de chacune des coalitions qui l’ont soutenu. C’est cette situation monopolistique d’accaparement qui explique les coups de gueule incendiaires et les diatribes virulentes des membres de Macky 2012 contre les alliés boulimiques  de BBY.

La dernière sortie virulente de Macky 2012 qui enjoignait les partisans du président de BBY de renoncer à leurs ambitions et prétentions présidentielles a soulevé l’ire du chef de l’Etat qui n’a pas hésité à ramener à l’ordre ses souteneurs poids plumes. Lesquels ont voulu tôt baliser à leur mentor le chemin rugueux qui mène à la présidentielle de 2017. En voulant être plus royalistes que le roi, les premiers alliés zélateurs du président de l’Alliance pour la République (Apr) se sont tiré une balle dans le pied.

Dans cette rivalité sourde qui oppose les coalitions de BBY et de Macky 2012, le président de la République a pris fait et cause pour les premiers. Il a même exigé sur un ton comminatoire que ses souteneurs de la première heure témoignent assez d’égards dans leurs interventions médiatiques à ses alliés yaakaaristes.

Estomaqués et apeurés par la réaction partiale et tranchée du président, certains leaders de Macky 2012, comme l’ancien ministre Ibrahima Sall, qui coordonne justement cette coalition,  sont sortis pour tempérer les ardeurs et mettre sur le compte d’une erreur communicationnelle la sortie médiatique du porte-parole de leur coalition.

Seul Jean Paul Dias, sans ambages, a soutenu la teneur et l’essence dudit communiqué tout en réclamant plus de maroquins pour Macky 2012 au prochain partage du gâteau gouvernemental. Si le président a rabroué ses premiers alliés au profit des seconds, c’est parce qu’il est conscient des forces et des faiblesses de chacune des coalitions souteneuses.

Aujourd’hui, Macky 2012, à l’instar de la défunte Cap 21 qui soutenait Abdoulaye Wade, représente plus une force symbolique que politique car ne disposant en son sein aucun parti qui ait marqué à un moment ou à un autre l’histoire électorale du Sénégal. Seules quelques figures politiques mi-charismatiques comme Jean-Paul Dias, Moustapha Fall Che et Ibrahima Sall ont une histoire politique plus ou moins respectable.

Et encore, leur poids politique est vraiment léger ! Les agissements obséquieux des premiers alliés du chef de l’Etat procèdent de leur instinct de survie politique que de la volonté sincère de réélire un président dont le succès aux futures échéances est chevillé plus au potentiel électoral de BBY qu’à l’activisme stérile de certains leaders de Macky 2012.

Aujourd’hui le président Sall ne dispose pas d’une marge de manœuvre qui lui permette d’avoir les coudées franches aux fins de gouverner comme le souhaitent son parti et la coalition Macky 2012. Combien de fois n’entend-on pas ses partisans se plaindre des passe-droits excessifs dont bénéficient les alliés de BBY et lui demander de réduire le trop-plein de faveurs consenti à ces derniers ?

Sachant qu’en politique, le sentimentalisme est une pathologie inhibante, Macky Sall, obnubilé par son second mandat, pouponnera indubitablement ses alliés jusqu’à sa réélection en 2017 quitte à provoquer le courroux de protestataires invétérés et grincheux comme Moustapha Cissé, Djibril War et Jean-Paul Dias.

Lesquels ont en travers de la gorge les largesses et libéralités du Président à l’endroit de Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily et même dans une moindre mesure Idrissa Seck. Toujours bien servis pourtant, les Apéristes insupportent ce qu’ils considèrent comme étant le manque de loyauté ou l’engagement timoré de leurs alliés de BBY.

Des alliés qui, selon eux, ne prendraient jamais la défense du président ou de ses réalisations face à l’avalanche de critiques des opposants ou de simples citoyens apolitiques ne sentant pas encore les retombées du « Yoonu Yokkute ». Pris dans le piège de la coalition BBY, le président de la République évite tout différend qui aboutirait à un clash mortifère avec ses souteneurs.

Pour pouvoir gouverner dans une relative stabilité avec ses 65 députés qui sont loin des 3/5 de la majorité simple requise pour adopter une loi en plénière, le président de la République doit faire preuve de pragmatisme et de réalisme avec ses alliés parmi lesquels certains sont des gauchistes excellant dans des méthodes déstabilisatrices.

Nonobstant les attaques qui émanent d’autres leaders de BBY, en sus de celles coutumières d’Idrissa Seck contre le régime actuel, le président de la République se gardera de toute réaction qui compromettrait sur les rapports avec ses alliés. Instruit par les leçons du passé, il évitera ces périodes de turbulences qui ont longuement, fortement secoué et coulé le régime d’Abdoulaye Wade. Pusillanimité ou machiavélisme politique ? On opterait pour le dernier puisque la fin (la conservation du pouvoir) justifie les moyens (ménagement des alliés).

Le Témoin via seneplus.com

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