Au Sénégal, c’est le ministère de l’Intérieur qui organise les élections. Dans son nouveau gouvernement, le président sénégalais Macky Sall a choisi à ce poste un responsable de son parti l’APR, Abdoulaye Daouda Diallo. Et ce choix fait débat.
Avec notre correspondante à Dakar, Carine Frenk
Parmi les premiers à monter au créneau, la Convergence Bokk Guis Guis de Pape Diop, l’ancien président du Sénat. « Quand ils étaient dans l’opposition, s’offusque celui-ci, ils ont fustigé le choix d’Abdoulaye Wade de confier le ministère de l’Intérieur à un responsable du parti présidentiel et aujourd’hui au pouvoir, voilà qu’ils font la même chose, déplore Fatou Diop, le coordinateur des cadres. A six mois des élections locales, c’est gênant, on se pose des questions. »
Les Assises nationales avaient préconisé que ce portefeuille soit occupé par une personnalité apolitique, pour éviter justement tout risque de dérapage. Dans le camp présidentiel, on rejette ces critiques et l’on parle d’un « mauvais procès ». « Les conclusions des Assises nationales ne sont ni la Bible, ni la Constitution et notre système électoral est suffisamment stable », explique-t-on.
« Difficile d’organiser des fraudes »
« Dans tous les cas, la commission électorale nationale autonome est là pour contrôler la légalité du processus », ajoute un membre de la Céna qui précise que les fonctionnaires de la direction des élections au ministère bénéficient d’une réelle autonomie.
« C’est vrai qu’il est devenu difficile d’organiser des fraudes à grande échelle au Sénégal, reconnaît Maître Assane Dioma Ndiaye, de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, mais c’est la volonté du président Macky Sall de sécuriser ce ministère qui nous inquiète. »