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« Le plus ancien village de Kédougou » fut « un véritable louma d’esclaves » sous-régional

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Itato, petite localité perdue dans l’immensité de la forêt séparant la commune de Kédougou (sud-est) du village de Dindefelo, aux environs de la frontière guinéenne, semble se battre tout à la fois contre le poids de son passé esclavagiste et les conséquences de son enclavement.

Considéré comme  »le plus ancien des villages » de la zone, Itaho attire à peine l’attention des nombreux voyageurs qui pratiquent au quotidien les 35 Km d’une piste cahoteuse séparant la commune de Kédougou du village de Dindefelo, situé à 5 Km de la frontière guinéenne.

Pour tout dire, Idaho, ses cases en paille clairsemées et ses vieilles palissades ne font pas le poids devant l’appel des célèbres cascades de Dindefelo, qui nourrissent tous les rêves de vacance et d’évasion. N’empêche, ses habitants trouvent un réconfort à le présenter comme  »le village le plus ancien de la région ».

« Nous sommes à Itato, le plus ancien village de toute la localité de Kédougou. Itato fut un grand comptoir où on commercialisait des esclaves venus de plusieurs pays d’Afrique », renseigne, non sans fierté, le vieux Yonko Camara, qui se démène comme il n’est pas permis à son âge.

« Je suis né en 1933. J’ai 80 ans. Il est connu de tous qu’Itato est le village le plus ancien de toute la localité. Il est aussi réputé pour son histoire et son passé de comptoir d’esclaves », a expliqué l’homme, posté devant une maison, un vélo à ses côtés.

Selon le vieil homme, Itato fut un marché où les esclaves transitaient avant d’être orientés vers Dakar ou d’autres lieux de déportation.

 »Les esclaves venaient du Mali, de la Guinée et de plusieurs autres localités du Sénégal. Des maîtres ou des Blancs venaient souvent pour acheter des hommes dont le physique était recherché. C’était un véritable louma (marché hebdomadaire) », confie Yonko Camara, entouré par une bonne partie de sa famille.

Dans ce village où champs et habitations se mêlent, cette histoire est connue de tous, même des les plus jeunes.

« Les vieux nous racontent au quotidien l’histoire de ce petit village. Le commerce d’esclaves était devenu sa principale activité. Parfois, prononcer le mot Itato suffisait à faire peur compte tenu de l’histoire » du village, dit Abdou Diallo, la trentaine bien entamée.

D’un geste de la main, il pointe du doigt un champ de maïs où le bruit du feuillage se mêle au gazouillement des oiseaux. « Il y a là-bas une fosse où on enterrait les esclaves récalcitrants ou ceux qui perdaient la vie suite à des affrontements entre chefs de tribu », narre Diallo.

« C’est un village qui est craint pour son passé. Ici, lorsqu’on prononce le mot Itato, cela renvoie à la peur. Les vieux disent que c’est le village le plus ancien de toute la région », explique Carim Camara, acteur de développement et journaliste basé dans la zone.

Avec sa cinquantaine de cases et ses 32 familles, Itato semble totalement laissé à lui-même. Mais à en croire le vieux Yonko Camara, cette situation est sans lien avec le passé du village. « Si le village ne se développe pas et manque de tout, ce n’est pas à cause de son histoire ».

Il rejette la faute sur les pouvoirs publics. « Le village manque de tout. Nous n’avons ni eau ni électricité encore moins de pistes praticables. Nous n’avons que des singes qui nous sourient lorsqu’on part aux champs », ironise le vieux Camara.

En attendant des lendemains meilleurs, les populations d’Itato n’hésitent pas à se masser sur la route pour accompagner par des cris de joie les nombreux visiteurs qui empruntent cette voie menant à Dindifélo.

L’essentiel étant de garder espoir, en pariant sur l’avenir qui verra peut-être une organisation de développement de la zone s’intéresser un jour à leur sort et sortir le village de son enclavement.

itato

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