Ce week-end, tous les regards étaient tournés vers la région de Fatick où se tient chaque année le « Khoy », séance de divination pour connaitre ce que l’avenir nous réserve. Aujourd’hui, le « Khoy » fait partie de l’agenda culturel sénégalais. A la veille de l’hivernage comme de coutume, les « saltigués » et « pangols » ont prévu, une bonne pluviométrie, une bonne récolte mais mettent en garde contre les nombreux accidents notés ces derniers temps et qui ont fini de faire de la route un mouroir.
Situé sur la route de Foundiougne, le Centre expérimental de la médecine traditionnelle, Cemetra de Malango de Fatick a accueilli toutes les sommités de la divination du Sine pour le Khoy, organisé chaque année au premier week end de juin. Les « Ndeupkats » de Rufisque et Yoff ont aussi participé à la séance comme d’habitude. Ils sont venus de Louga, au nord du pays, de la Casamance, au sud et même au-delà des frontières comme la Mauritanie et le Cameroun pour, selon le Docteur Eric Gbodoussou « participer au Khoy 2010 qui a la particularité de voir la participation de l’Unesco ».
Selon Charles Caty, chargé de programmes à Prometra « cette année, l’Unesco a appuyé Prometra dans ses actions cette année qui coïncide avec la fin de la décennie de la médecine traditionnelle ». Les « saltigués » sont venus de tous les villages environnants. Constitué d’une trentaine de cases, le centre accueille des malades de différentes affections pour leur soin. Ce sont des guérisseurs traditionnels qui sont à l’œuvre ainsi qu’en témoigne cette dame qui remercie le maitre des lieux, le docteur Eric Gbodoussou, avant d’ajouter : « quand je venais ici, je ne pouvais pas me tenir seule mais grâce aux soins que vous m’avez donnés me voilà rétablie et bien portante ». Voici un aspect du centre, peu connu du fait que le « Khoy » a pris le dessus sur ses autres activités.
Une bonne pluviométrie
Le centre Malango « ce qu’il faut et qui convient » en sérère, dans Sine a organisé ce week end le « Khoy ». Le « Khoy », cette séance de divination très suivie par les populations mais aussi les, autorités du pays. C’est le gouverneur de la région qui a présidé la cérémonie officielle.
C’est sous le chaud soleil du Sine que les « saltigués » ont rivalisé, comme d’habitude, par leurs prédictions à propos de la pluie et la récolte. Les « saltigués, » dans leur tenus pittoresques aux couleurs de Prometra, la ceinture bardée de talismans sûrement pour se protéger de mauvais œil, pieds nus ont tour à tour défilé autour en cercle pour annoncer leur prophétie, dire ce qu’ils ont vu ou ressenti pour parler comme le jeune Fodé Diouf très fougueux et sûr de ses propos assure que « la pluie sera bonne et qu’elle s’installe à partir du 26 juin. Mais auparavant il y aura des traces le 18 courant ». Il défie quiconque dira le contraire de ses projections.
Les saltigués sont au moins unanimes sur une chose : la bonne récolte de cette année. « Il y aura beaucoup de mil et d’arachides » ont-ils prédit cette année comme un seul homme. Selon la saltiguée Amy Faye de Niakhar « si c’est la pluie qui doit inonder les maisons que chacun trouve dès à présent un toit pour s’abriter car elle sera abondante » a-t-elle signifié confiante.
Arrêtez Farba Senghor et Yakham Thiaw
La paix en Casamance préoccupe tout le monde. C’est la conviction du Roi de Casamance Moustapha Bassène. Ainsi, appelle t-il le gouvernement « à avoir plus de considération envers les chefs coutumiers ». Il poursuit « c’est la paix en Casamance qui nous intéresse. Qu’on soit lébou, sérères, ou diola, seule la paix dans cette partie du pays est notre préoccupation mais Farba Senghor et Yakham Thiaw sont en train de saper cette paix et il faut les en empêcher avant qu’il ne soit trop tard ». Il rappelle que « le Chef de l’Etat est petit fils de la Casamance ainsi que Abdoulaye Baldé, Ministre des Forces Armées et le Premier Ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye qui a passé une partie de son enfance à Oussouye ».
Encadré
Les salitigués du Sine ont vu à travers leur séance de divination des maladies dûes à la bonne pluviométrie. Mais, ils ont donné des remèdes pour s’en prémunir.
Le vieux » pangol » Ibrahima Ndong annonce : « j’ai vu un grand trou en Casamance où on enterre des militaires ». Pour cela, « il faut chaque que chaque chef de famille fasse une offrande de « lakh » un jeudi et maintenant des gâteaux de mil « nack » un mardi ». Par ailleurs ils ont vu des maladies gastro-entérite et demandent aux parents d’extraire la racine du « salane » en échange d’un épi de mil et le mettre dans les puits ou jarres pour la boisson. Ceci pour conjurer la catastrophe. S’agissant de la paix dans le pays, « il faut, un vendredi après la prière, faire une prière communautaire ». La nouveauté cette année est la participation de dignitaires venus de 14 pays pour assister à ces séances de divination et la contribution de l’Unesco pour le financement des salitigués dans leurs activités.
Encadré 2
La star du Khoy cette année s’appelle Fodé Diouf. « Je suis né le 09- 12 1978 à Fatick » dit-il tout haut à l’endroit de ses contradicteurs. « J’ai le don de lire l’avenir avec précision » a-t-il dit. Il ajoute « tous ceux qui s’agitent ici ne savent rien du tout. Ils ne m’égalent pas. Je peux rester un mois sans prendre de bain ». Ce Fatickois bon teint explique « Je suis né avec ce don et mon père fut guérisseur. Chaque nuit, les esprits me portent jusqu’à dix sept (17) kilomètres en haut pour voir toute la ville. Je sais ce qui se passe ici chaque nuit ».