C’est au 13ème jour de la pénurie d’eau à Dakar que le Premier ministre du Sénégal a daigné sortir de son bureau pour effectuer un déplacement à Keur Momar Sarr afin de constater de visu l’étendue des dégâts. Aminata Touré a jugé «inadmissible» le supplice que la SDE et la SONES font subir à la population dakaroise.
Quant au président Macky Sall, vaine colère qu’il aurait piquée depuis New York où il prenait part à la 68ème session de l’Assemblée générale de l’ONU. Avant de partir, l’eau ne coulait déjà plus. Aussi, plutôt que d’ «écourter » (A moins que ce ne soit une simple opération de marketing communicationnel) son voyage pour rentrer dare-dare, la meilleure attitude serait alors de ne pas bouger d’ici, d’autant que ce voyage aux Usa n’apporte que dalle au vécu des Sénégalais assoiffés, affamés, affligés.
Son illustre prédécesseur nous avait fait le coup, laissant le peuple boire le calice jusqu’à la lie, en pleines inondations 2011. Abdoulaye Wade était resté, à l’époque, deux mois à l’Extérieur, arguant la rédaction de deux livres, pour justifier, sa longue et étonnante absence alors que le Sénégal était confronté à d’énormes difficultés de survie. Comble de «filouterie», jusqu’à présent, aucun ouvrage de Me Wade n’est visible dans les rayons des librairies. A moins qu’il n’ait soigneusement égaré ses feuilles dans ses appartements à… Paris.
Ce que les populations attendent, c’est le règlement de leurs problèmes. C’est un contrat moral. Priver des millions de Sénégalais, d’une denrée aussi vitale que l’eau, pendant deux semaines, c’est tout simplement «inadmissible», comme dit le Premier ministre.
Au-delà de la «panne», la fameuse conduite à Keur Momar Sarr confirme le bricolage général constaté dans la réalisation des infrastructures au Sénégal.
Dans le cas d’espèce, on nous dit que l’infrastructure qui a été conçue pour une durée de vie de 30 ans a cédé à quatre reprises en neuf ans. Pourquoi ? A qui la faute ?
Qui a acheté le tuyau et à quel prix ? Pourquoi un tuyau en fer et non en plastique ? Pourquoi continue-t-on à rafistoler ? Quid de la prévision ? Pour le moment, ce qui est clair et net, c’est que le peuple subit le préjudice. La faute est déterminée, mais personne n’est coupable. La SDE et la SONES se renvoient la responsabilité. Sans occulter les mensonges notés dans les délais de part et d’autre. Le culte de l’impunité.
Les différents régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat ont fini par installer un système de «ma tey», en prenant en otage le peuple. Entrepreneurs, concessionnaires et autres agents de l’Etat vivent de deals dans tous les domaines, sans vergogne.
La quantité ne faisant pas la qualité, beaucoup s’adonnent à la médiocrité, au laisser-aller et à l’à peu près. Des machins créés juste pour permettre à leurs géniteurs de s’en mettre plein les poches. Le tunnel (trou, devrait-on dire) de Soumbédioune a englouti plus de 10 milliards alors qu’il prend l’eau de toute part à chaque hivernage. Sans oublier les interminables travaux de rafistolage toutes les semaines.
La pelouse du stade Amadou Barry de Guédiawaye a été réhabilitée à hauteur de 600 millions. Mais, à la surprise générale, elle a été inondée dès les premières gouttes d’eau, rendant ainsi le terrain impraticable. Idem pour le stade Babacar Sèye de Saint-Louis.
Quant au stadium Marius Ndiaye, sa réfection a coûté 900 millions de nos malheureux francs en 2007. Quatre années après, il pose des problèmes d’étanchéité à cause d’une toiture qui a cédé.
Au niveau des infrastructures routières, c’est le même scénario. Quant à l’immobilier, c’est la catastrophe !
Dans le domaine des BTP, tout le monde est dans le coup y compris les bureaux de contrôle qui n’existent que de nom. Ils baignent dans la corruption et ne contrôlent rien du tout, contrairement à ce qu’ils laissent croire. Ils ferment trop souvent les yeux sur les manquements et les insuffisances des entreprises de travaux publics, encourageant du coup la médiocrité, l’à-peu- près et le laisser-aller préjudiciables à la qualité des travaux. Ils appartiennent généralement aux mêmes qui remportent les marchés et ce, à travers un jeu de sociétés prête- nom.
Ceci entraîne la complaisance criarde dans le domaine. En lieu et place d’un véritable contrôle, les bureaux se transforment en caisses de sourds muets, ou se livrent aux constatations. Pas plus que les autorités, ils ne sont pas trop regardants sur les manquements des entreprises tandis que les AAA, eux, manquent de tout.
sudonline.sn