Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité, vendredi 27 septembre au soir, une résolution encadrant la destruction de l’arsenal chimique syrien du régime de Bachar Al-Assad.
Ce vote constitue une percée diplomatique majeure dans la mesure où il s’agit de la première résolution adoptée par le Conseil depuis le début du conflit syrien en mars 2011, qui a fait plus de 100 000 morts selon l’ONU. A trois reprises par la passé, Moscou et Pékin avaient opposé leur veto à des projets de texte.
Une conférence de paix Genève 2 mi-novembre
En parallèle de ce vote, des diplomates ont indiqué que la conférence de paix sur la Syrie, dite « Genève 2 », devrait se tenir mi-novembre. L’objectif affiché est de réunir des représentants du régime et de l’opposition pour tenter d’amorcer une transition politique.
« Le dossier chimique n’est qu’un aspect du drame syrien », avait en effet rappelé le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. « Si on veut mettre fin au massacre, il n’y a pas d’autre solution que de relancer le processus politique », a-t-il estimé.
Une feuille de route pour la destruction de l’arsenal validée
L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a de son côté validé, vendredi, la feuille de route pour la destruction de l’arsenal chimique syrien. Celle-ci autorise notamment des visites sur des sites syriens non répertoriés par Damas. Des experts de l’ONU continuent actuellement d’enquêter dans des sites où des attaques chimiques auraient été perpétrées, mais il doivent être remplacés dès le 2 octobre par ceux de l’OIAC.
Le texte de l’organisation fait partie de l’accord diplomatique conclu entre Russes et Américains à la mi-septembre, qui stipule que la Syrie doit détruire l’intégralité de son arsenal chimique d’ici à la mi-2014. Celui-ci a permis d’éviter une action militaire occientale en Syrie – menace brandie par Washington et Paris en réponse à une attaque à l’arme chimique le 21 août, près de Damas, qui a fait 1 500 morts selon les Etats-Unis.
Si la Syrie ne respecte pas ce plan de destruction rapide de son arsenal, l’OIAC pourra « soumettre le problème directement à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité des Nations unies ». Damas doit désigner un représentant pour s’assurer de la liaison avec l’OIAC et lui allouer « l’autorité nécessaire pour s’assurer que cette décision soit complètement mise en œuvre ».
Des habitants d’Alep s’entraînent à l’utilisation de combinaisons de protection contre les armes chimiques, le 18 septembre.
« Énorme victoire » pour obama
L’accord russo-américain, jeudi, sur la résolution de l’ONU, constituait déjà une « énorme victoire pour la communauté internationale », selon le président Barack Obama. Pour lui, cette percée diplomatique n’aurait pas été conclue « sans menace digne de foi d’avoir recours à la force » contre le gouvernement de Bachar Al-Assad.
Toutefois, le projet sur lequel Russes et Américains sont tombés d’accord ne prévoyait pas de sanctions automatiques. Les négociations ont buté sur la mention ou non, dans le texte, du chapitre VII de la charte de l’ONU. La Russie refuse en effet toute référence à ce chapitre, qui autorise le recours à la force ou aux sanctions contre un Etat qui viole ses obligations internationales. En cas de manquement de Damas à ses engagements, il faudrait donc une deuxième résolution, ce qui laisse à la Russie une possibilité de blocage.
Vendredi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé que l’Occident ne devait pas « accuser et condamner » le régime syrien sans preuve formelle. « Dans cette affaire, les Russes engagent leur crédibilité, a néanmoins estimé un diplomate français, cité par l’AFP. Ils ont été obligés de faire pression sur Bachar Al-Assad pour qu’il accepte une pilule assez amère à avaler pour lui. Si maintenant, celui-ci se livre à un certain nombre de contournements pour ne pas démanteler son arsenal, il n’y aura pas forcément la complicité russe. »
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