Le thème de la corruption est encore revenu hier lors de la rencontre entre bailleurs et gouvernement du Sénégal. C’était à l’occasion du lancement du processus de formulation du Document cadre de référence de la politique économique et sociale du pays. Présentant le mémorandum des partenaires techniques et financiers, Bintou Djibo, représentante-résidente du Programme des Nations Unies pour le développement(Pnud) a listé les maux qui empêchent l’économie du Sénégal de sortir du trou avant de sommer les autorités compétentes de se pencher aux priorités du pays.
Le Sénégal est encore au banc des accusés. Devant le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye qui présidait la rencontre partenaires-gouvernement et Abdoulaye Diop, ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Bintou Djibo qui faisait la présentation du mémorandum des partenaires techniques et financiers n’a pas ménagé le Sénégal. « En tant que cadre stratégique de référence, les partenaires techniques et financiers estiment que la bonne gouvernance, la transparence ainsi que la lutte contre la corruption sont indispensables, afin de garantir des résultats probants pour la réussite du Document de politique économique et sociale de troisième génération », soutient d’emblée Bintou Djibo, coordonnatrice-résidente du système des Nations Unies et représentante-résidente du Pnud.
Et de poursuivre : « malheureusement, depuis 2006, les performances du pays ont fortement baissé ». À l’en croire, la pauvreté semble se poursuivre à cause des « effets pervers de la crise énergétique, alimentaire et des changements climatiques ».
Secteur de l’éducation : des centaines de milliards pour rien
Quant à la mise en œuvre du document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP II), selon Madame Djibo, la pauvreté semble avoir stagné avec une persistance des disparités entre le milieu urbain et le milieu rural. Mieux, poursuit-elle, « malgré tous les efforts de mobilisation des ressources et le financement sans précédent de certains secteurs tels que l’éducation, les résultats restent mitigés. Par conséquent, la nécessité de renforcer l’efficacité et l’efficience de la dépense publique s’impose ».
Les disparités persistent en matière de pauvreté entre le milieu rural et le milieu urbain, et ensuite entre Dakar et le reste du pays, tout comme l’inefficacité de la dépense publique dans certains secteurs notamment dans le secteur de l’énergie et des transports. Pour le processus de préparation du DPES III, Mme Djibo confie qu’il y a aussi des limites dans la collecte des informations nécessaires à la matrice des indicateurs de suivi. « Cette lacune est un handicap sérieux à la conduite d’une analyse approfondie des résultats économiques et sociaux. C’est pourquoi nous encourageons le Gouvernement à procéder dans les meilleurs délais à l’enquête démographique et de santé ainsi que d’approfondir la phase diagnostic afin de corriger les insuffisances liées à la mise à jour des données statistiques pertinentes ».
Souleymane Ndéné Ndiaye promet de faire face aux déséquilibres
Prenant la parole, Souleymane Ndéné Ndiaye a réaffirmé l’engagement du gouvernement sénégalais. « Le gouvernement va davantage s’évertuer à faire face aux déséquilibres macroéconomiques, à rehausser le potentiel de croissance du pays et éradiquer la pauvreté », dira-t-il aux partenaires. Et de poursuivre :« ce programme met l’accent sur la poursuite d’une politique budgétaire saine, le renforcement de la gouvernance et de la transparence dans la gestion des finances publiques ». Seulement, il reconnaît que beaucoup reste à faire. « Les résultats obtenus l’ont été dans un contexte marqué par une conjoncture mondiale défavorable, avec une flambée des prix sans précédent des hydrocarbures et des produits alimentaires. Les réponses conjoncturelles apportées à ces crises ont coûté aux finances publiques du pays quelque 374 milliards de francs, sous forme de subventions directes et indirectes », a déclaré le Premier ministre.
Samba THIAM
LASQUOTIDIEN.INFO