[Editorial Xalima] Où était ce mental guerrier tant clamé par les lions? par Sindo

La réalité footballistique de nos jours n’use point d’euphémisme ou des gants de velours quand elle s’abat sur vous. Vous avez dit massue en chute libre servie sur un plat? Préambule et souvenirs, oui (encore et toujours) des souvenirs… Le 26 Septembre 1993, en éliminatoire Coupe du Monde USA 1994, une pâle et fantomatique équipe sénégalaise déjà secouée par la démission á chaud après une défaite et en direct á la télévision de son coach Boubacar Sarr Locotte trois mois auparavant, se rendit à Lusaka afin de s’y refaire une santé ou de limiter la casse. La sélection zambienne new look qui avaient perdu toute une génération de footballeurs durant le crash d’Avril 1993 au large de Libreville, attendaient les sénégalais de pieds fermes dans leur antre de l’Independence Stadium de Lusaka. Sur le terrain, le verdict fut sans appel. 4-0 pour le New Mighty Zambia avec á la clé un hat-trick de Kalusha Bwalya l’un des rescapés et star de cette équipe zambienne. Ce fut la plus lourde défaite d’une équipe sénégalaise en éliminatoire de Coupe du Monde.

Si l’on fait abstraction du naufrage de Kégué (1-3 face au Togo le 20 Juin 2004) seule défaite en groupe qui avait été fatale sur la route de la Coupe du Monde en Allemagne en 2006, la prestation des Lions hier á Abidjan est sans doute à classer comme l’une des plus insipides (en pesant les mots) servie par une sélection sénégalaise depuis plus de deux décennies au moins.

La supériorité de l’équipe ivoirienne en valeur pure (Classement FIFA), en statistiques favorables et en individualités n’a jamais fait l’objet d’un doute comme souligné auparavant mais l’écart, le fossé entre les deux équipes n’était pas aussi grand qu’il n est apparu après la démonstration sans appel des Drogba, Kalou, Gervinho et autre Yaya Touré . Et le score final (3-1 pour les hommes de Lamouchi) est plus que flatteur!

Force est de reconnaître que la sélection A des Lions après la performance d’hier sur la pelouse du Félicia, ont au moins (enfin!) réussi la difficile prouesse d’égaler dans le jeu le niveau général des clubs sénégalais en compétitions africaines des clubs ces dernières années: un niveau d’une faiblesse peu enviable.

L’incapacité de nos clubs á passer ne serait-ce qu’un tour en compétitions africaines ces dernières années est presque devenue une fatalité qui n’émeut et ne scandalise personne dans le milieu du foot national. Les statistiques á même de pourvoir jauger et évaluer progrès et objectifs sont soient inexistantes, soient rangées aux calendes de l’oubli volontaire au profit du mystique et de ses profitards, du « Yalla Bakh Neu », (« Dieu est Grand ») en wolof, et du je ne que sais-je.

Malgré les déclarations chocs d’avant match des uns et des autres pensionnaires (fédéraux, coach comme joueurs) de la Tanière par voie de presse et réseaux sociaux de communication, dans le déroulement de ce Côte-d’Ivoire- Sénégal la mayonnaise dans le jeu et entre les joueurs du côté sénégalais n’a non seulement pas prise, elle s’est plutôt transformée en bouillabaisse indigeste servie aux nombreux supporters sénégalais scotchés devant leurs téléviseurs , et qui par les temps qui courent (sic) ne méritaient pas une telle indignité, ne méritent pas tel supplice de Tantale.

Oú étaient l’envie, la hargne, la volonté, l’abnégation, l’intelligence dans l’engagement, ou était ce mental guerrier tant clamé? Tétanisés et dépassés par l’enjeu face aux ivoiriens – pas du tout foudres de guerre- les poulains d’Alain Giresse ont paru comme des benjamins surclassés en catégorie supérieure : brouillons et perdus.

Le collectif tant attendu et mis au devant de ce match a été inexistant. A la défense d’une naïveté incroyable á ce niveau (lente, fébrile, approximative) , s’est substituée une ligne intermédiaire carente dans la conservation, dans la gestion du ballon (nombreuses pertes de balles) manque de créativité sans oublier une attaque figiste, se la jouant plus individualiste ( avec Dame Ndoye en soliste du jour) que collective.

Et dire que ces joueurs jouaient la première manche d’une double confrontation qualificative á une participation á la Coupe du Monde, couronnement logique dans la carrière internationale de tout footballeur, surtout professionnel de surcroît: incroyable!

Nonchalance et désinvolture dans un match aussi important se payent cash et á l’arrivée elles ne peuvent que vous attirez le courroux, le dédain du public d’une part et de l’autre un réquisitoire sans complaisance de la presse spécialisée á défaut de diatribes acerbes.

Plus que l’échec et le rêve partiel brisé d’un premier acte cauchemardesque ce sont les manquements dans l’engagement, dans l’investissement individuel et collectif, dans les duels perdus á tous les niveaux qui font désordre. Le mental, n’en parlons même pas.

Le patriotisme ne se claironne point. A défaut de le vivre au quotidien, il se démontre au moment opportun. Au même titre que la tenue militaire, le port du maillot national frappé de l’emblême et des sceaux est l’un des moments les plus symboliques et privilégiés pour un citoyen. Hier, les lions collectivement et individuellement sont non seulement passés á côté de leur sujet mais surtout ont failli si objectif était de faire montre sur le terrain et aux yeux du public du « JOMM », du fighting spirit, de la résistance acharnée avec fierté et honneur.

Quel dommage et quel gâchis durant ce match aller, mais surtout quelle humiliation footballistique!

Sportivement,

SINDO