Le chœur des pleurs qui fait apparaître toute la grande hypocrisie sénégalaise, au lieu d’émouvoir, finit par horripiler. On a l’habitude de dire que quand une personne passe de vie à trépas, il faut éviter de dire du mal d’elle. Plutôt donc que de hurler avec les loups, ma voix indisciplinée détonnera avec la pluie d’éloges pharisaïques de la presse et des autorités qui ne cessent de tomber depuis l’annonce du décès de Bruno Metsu. Ce faisant, j’ai conscience de commettre un sacrilège puisque l’ex-coach des « Lions » est désormais canonisé parmi les saints de la Nation. Il n’empêche, les éloges funéraires tapageurs des thuriféraires de service ou de circonstance à l’endroit de Bruno Metsu m’ont incité à pousser ce coup de gueule pour dénoncer toute l’hypocrisie qui a pollué les obsèques de l’ancien coach des « Lions ».
Le cortège mortuaire fortement sécurisé par les motards de la gendarmerie à la descente d’avion du cercueil en sus de la foule surexcitée des supporters du 12e « gaïndé » laissait croire qu’une haute personnalité de la Nation venait de tirer sa révérence. Il en est de même pour la foule bigarré qui l’a accompagné à sa dernière demeure. Certes, le Ch’timi Bruno Metsu a propulsé notre football à un niveau qu’il n’a jamais atteint (finale de coupe d’Afrique des Nations en 2002, quart de finale d’une coupe du monde en 2002) mais de là à le « panthéoniser » – puisque le président Macky Sall l’a qualifié de héros parmi les héros de la nation –, c’est faire trop d’honneur à Bruno qui, en réalité, n’a pas accompli cet exploit — gagner au moins un trophée continental — qui fait qu’un entraîneur national rentre définitivement dans l’histoire footballistique d’un pays.
PETER SCHNITGGER, LE VRAI HÉROS DU FOOT SÉNÉGALAIS
Bruno Metsu a eu ce que presqu’aucun Sénégalais n’a eu. A l’annonce de son décès à la veille de Tabaski, des éditions spéciales lui ont été consacrées par la quasi-totalité des radios et télés sénégalaises. Une pollution médiatique qui continue jusqu’au moment où mettons sous presse ces quelques lignes iconoclastes. A entendre certains responsables du football sénégalais déverser un torrent de dithyrambes sur le cercueil du défunt, je me demande si réellement je vis dans le même pays que ces flagorneurs tresseurs de lauriers. Les superlatifs ne suffisent pas pour qualifier l’homme et son œuvre. Laquelle, pour être appréciable, est loin d’être gigantesque. Surtout que cet homme, adoré après sa mort, a été abhorré après l’élimination du Sénégal par la Turquie en coupe du monde en 2002.
Il s’y ajoute que « Bruno n’a fait que bien servir un plat déjà préparé par Schnittger », comme le soulignait l’ancien attaquant des Lions, Salif Keita. A son arrivée au Sénégal, il a pu bénéficier du travail remarquable de l’entraîneur allemand Peter Schnitgger et d’une génération dorée de footballeurs dotés d’un talent qui ne demandait qu’à éclore. Encore une fois, il faut reconnaitre à Bruno Metsu ses talents, incontestables, de meneur d’hommes mais il ne faut pas occulter le fait qu’il ne nous a rien fait gagner. Footballistiquement, si on parle de héros, de vrai, c’est ce technicien allemand qui, au plus profond de la crise du foot sénégalais, est venu en sauveur concocter un plan de redressement.
Lorsqu’en 1994 Schnittger prend la direction du football sénégalais, il entend prouver par la rigueur et la méthode. Il a permis au football sénégalais de retrouver la CAN en 2000, après son absence des éditions de 1996 et 1998. L’Allemand Peter Schnittger était, en plus de son travail de directeur technique national, sélectionneur des « Lions », en remplacement d’Amsatou Fall, lors des éliminatoires de la CAN 2000. Son long et patient travail de détection, de formation des cadres et des jeunes joueurs, aboutit à l’émergence de la génération qui se qualifiera pour la CAN 2000 malgré une défaite prématurée devant le Burundi. Ses joueurs lui vouent même un véritable culte. Lorsque son contrat arrive à terme avant le coup d’envoi de la CAN 2000, les « Lions » manifestent auprès des autorités sportives et politiques pour la prolongation du contrat de Peter.
Ce qui fut fait avec l’aval des autorités allemandes. En quart de finale, le Sénégal de Pape Malick Diop, Ousmane Diop, Assane Ndiaye, Oumar Daf, Fadiga, Pape Sarr, Salif Keita, Henri Camara tombe lors des prolongations après un arbitrage maison en faveur du pays organisateur, le Nigeria de Taribo West, Okpara, Célestin Babayaro, Mutiu Adepoju, Jay-Jay Okocha, Sunday Oliseh, Garba Lawal, Georges Finidi, Nwankwo Kanu, Julius Agahowa. Un groupe de jeunes talents vient de naître. Le pays retrouve une équipe prometteuse, porteuse d’espoir sous la coupe du technicien allemand Peter Schnittger. Khalilou Fadiga, Souleymane Camara, Pape Sarr, Diop, Keita, Ndiaye entre autres confirment ensuite leur talent dans de bons clubs européens. Lors de la Coupe du monde 2002, Peter, qui a débuté les éliminatoires, a, par la suite, cédé sa place au Français Bruno Metsu.
Ce dernier aura le mérite ensuite de renforcer le niveau d’un groupe de jeunes talentueux à qui Peter Schnittger, qui a bourlingué en Afrique depuis 1970, a mis le pied à l’étrier. Ainsi ce team – dont la philosophie est le culte de la gagne – qui permet aujourd’hui à Bruno Metsu de recevoir gloire, hommages et honneurs de la République porte la marque indélébile du technicien allemand.
BRUNO : UNE COMPETENCE REMISE EN CAUSE
Malgré le florilège d’éloges, beaucoup de techniciens du foot s’accordent à dire que Bruno n’a pas été ce brillantissime entraîneur que ses détracteurs d’hier et flagorneurs d’aujourd’hui essaient de nous vendre. Si le Sénégal devait gagner une CAN, c’est bien en 2002 qu’il aurait pu le faire avec des joueurs talentueux en pleine possession de leurs moyens et, de surcroît, titulaires dans leurs clubs. Lesquels n’étaient pas de seconde zone. A la coupe du monde 2002, certes, il a réussi à faire atteindre les quarts de finales au Sénégal, non pas seulement par son expertise mais aussi et surtout grâce au talent des « Lions ». Le seul match que les Sénégalais ont bien joué c’était la 2e mi-temps contre le Danemark.
Contre la Turquie, sa compétence a été remise en cause car il n’a pas su procéder aux changements nécessaires qui auraient pu permettre à l’équipe de gagner une équipe turque très prenable. Contre l’Uruguay, Bruno a montré ses limites. Après avoir mené par 3 buts à zéro, les Uruguayens (Morales, Forlan et Recoba) ont marqué autant que les « Lions ». Ils ont même failli marquer un 4e but si ce n’était pas la vigilance de Lamine Diatta, lequel a sorti la balle sur la ligne dans les arrêts de jeu. Lors de ce match, l’équipe sénégalaise, pressée durant toute la 2e mi-temps, a été incapable de franchir la ligne médiane.
Quand le but de la mort turc a écarté définitivement le Sénégal de la coupe du monde, toute cette presse qui encense Bruno l’avait étalé sur le bûcher avant de le crucifier. Pour justifier la défaite des « Lions », les journalistes rapportaient que, la veille du match décisif contre la Turquie, pour une place qualificative en demi-finale, les « Lions » s’étaient couchés tard pour avoir pris part à un dîner organisé à leur intention par la styliste Diouma Dieng Diakhaté. D’ailleurs, de retour au Sénégal, feu Jules François Bocandé avait déclaré que si les journalistes qui avaient annoncé que les « Lions » s’étaient couchés tard la veille de leur quart de finale ne présentaient pas des excuses publiques, ils feraient l’objet de poursuites devant la justice pour diffamation. Et le coach adjoint de Metsu de finir en appelant le « peuple » à prendre ses responsabilités vis-à-vis de ces organes de presse menteurs.
Quand les « Lions » devaient être reçus par le président Abdoulaye Wade, à leur retour décevant de la coupe du monde, beaucoup de journalistes avaient qualifié la bande à El Hadji Diouf de gosses indisciplinés sans civilité qui se rendent au palais en short sous la coupe d’un entraîneur libertaire, viveur-noceur et laxiste. Ce laxisme débordant de « Bruno », El Hadji Diouf a eu à le souligner sans ambages : « c’est l’homme idéal. C’est un frère pour nous. Il ne nous donne pas que des conseils footballistiques. Je parle de tout avec lui, de sexe, de femmes… » Et ce côté play-boy a constitué un vice rédhibitoire pour son évolution dans les championnats de prestige en Europe.
QUAND LES FÉDÉRAUX ANCIENS COMME ACTUELS TOURNAIENT LE DOS À METSU
Les fédéraux anciens comme actuels qui lui ont témoigné leur reconnaissance et leur gratitude post-mortem l’ont viré tout en faisant croire aux Sénégalais que c’est Bruno qui a quitté le Sénégal de son propre chef au lendemain de la déconvenue nippo-coréenne. D’ailleurs, dans une interview accordée au site ndamli.sn, l’ex-coach des Lions a eu à expliquer les conditions de son aventure au Golfe Persique :
« En 2002, j’ai été contacté par des clubs de la Turquie et des Emirats, durant cette période, le prochain match de compétition du Sénégal devait se situer en fin mai, début juin 2003, c’était pratiquement une année avec quelques matches amicaux et où il n’y avait pratiquement rien à faire. J’ai demandé s’il était possible de me libérer un an et de revenir avec l’équipe nationale, il me restait deux ans de contrat. J’ai demandé au président de la FSF, El Hadj Malick Sy Souris à l’époque, qui me dit « Bruno, ça ce n’est pas de mon ressort, il faut en discuter avec le ministre des Sports Joseph Ndong ». Ce dernier me renvoie chez le Président Wade. Ce que j’ai fait. Au cours de notre entretien, le Président m’a dit « Bruno, il n’ y a aucun problème. Tu peux partir une année et la saison prochaine, tu reviens au Sénégal et dans un an, je veux la coupe sur mon bureau ». Le Sénégal économisait un an de salaire et on était d’accord. Le deal, c’était que je revienne la saison suivante et que je remporte la Coupe 2004 avec les Lions. C’est ce qui était programmé. A ma grande surprise, au bout d’un mois, la FSF met un terme à mon contrat. Mon souhait c’était de partir aux Emirats pour une année et revenir après au Sénégal. Je le reconnais, aux Emirats, j’avais une proposition financière très alléchante. Comme je l’ai dit tantôt, au bout d’un mois, on fait comprendre que mon contrat était résilié par la Fédération qui venait d’embaucher Guy Stéphan. »
Et quand le 27 avril 2012, il s’est agi de choisir le successeur d’Amara Traoré, entre lui et Pierre Lechantre, Augustin Senghor lui a préféré – nonobstant son vécu au Sénégal et son offre moins-disante – l’entraîneur du Cameroun vainqueur de la CAN 2000. Bruno, résigné, avait compris à travers ce choix de la Fédération sénégalaise de football que son concurrent était plus compétent. Pour des problèmes d’argent afférents à son contrat, Lechantre renonça. Dans le foot-business, le patriotisme est relégué au second plan. On a beau dire que Bruno est imbu de valeurs patriotiques, il priorisait, et à juste raison en tant que professionnel, le Yokkute personnel c’est-à-dire sa poche avant sa patrie d’adoption. On peut certes se réjouir de la conversion de Bruno à l’Islam et de sa naturalisation sénégalaise. Mais ses performances au niveau du foot nous ont laissé sur notre faim.
LE COACH PAPE DIOP…
Le 26 septembre 2012, Pape Diop, qui a conduit l’équipe du Sénégal lors de la grande épopée de Caire 86, décède à la suite de la maladie d’Alzheimer sans aucune assistance des autorités sportives et étatiques. Pourtant, c’est ce grand technicien qui, après 18 ans d’absence sur la scène continentale, avec ses poulains talentueux Jules Bocandé, Oumar Guèye Sène, Amadou Diop « Boy Bandit », Oumar Touré, Cheikh Seck, Pape Fall, Racine Kane et autres, avait réussi à replacer le Sénégal dans le concert des nations du football africain. C’est depuis cette épopée fabuleuse que le Sénégal a repris goût à la chose footballistique. Hélas, Pape Diop n’a même pas eu le quart des honneurs et hommages reçus par Metsu.
…ET LE PROFESSEUR ALASSANE NDAW MORTS DANS L’INDIFFÉRENCE GÉNÉRALE
Le 10 octobre dernier, le professeur d’université Alassane Ndaw est mort dans l’indifférence effarante des médias et des autorités étatiques et religieuses. Cette indifférence avait poussé le professeur Souleymane Bachir Diagne à exprimer toute son indignation dans le journal L’As. « J’ai été attristé d’avoir constaté qu’il n’y a pas eu la réaction qui sied à la dimension du personnage. C’est symptomatique de ce que je crains, que dans notre pays, les choses de l’esprit ne comptent plus ». Les honneurs rendus à Bruno Metsu, un entraîneur qui a dirigé l’équipe nationale pendant seulement deux ans et qui n’a remporté aucun titre pour le compte du Sénégal, corrobore l’indignation du professeur Souleymane Bachir Diagne.
Il en est ainsi dans notre pays où on ne glorifie maintenant que les musiciens, danseurs, lutteurs et footballeurs. L’écrivain Mariama Bâ avait vu juste quand elle disait que « les enseignants – ceux du cours maternel autant que ceux des universités – qui plantent partout le drapeau du savoir et de la vertu forment une armée noble aux exploits quotidiens, jamais chantés, jamais décorés. » Tant pis pour eux, ils n’avaient qu’à faire carrière dans le football ou la lutte !
Serigne Saliou (Seneplus.com)
Vous faites bien de nous rappeler les mérites d’illustres sénégalais et de Schnittger mais de grâce épargnez nous vos critiques indirectes (parfois directes)à l’endroit de Metsu. Il a hissé les résultats de notre football à un niveau jamais atteint par ses prédécesseurs. Il a su bien valoriser les joueurs qui étaient à sa disposition, ce que nos entraîneurs actuels ne parviennent pas à apporter à notre équipe qui regorge d’excellents joueurs. Au delà du foot, il a posé des actes importants prouvant son amour pour notre pays et l’Islam. Le métier d’entraineur est très ingrat et même Schnittger a été critiqué pour ses choix jugés trop défensifs auxquels il était demandé à Metsu d’apporter des corrections, ce qu’il a bien réussi. Ce qui reste c’est plutôt de prier pour le repos de son âme.
monsieur serigne saliou gueye tu es le premier hypocrite tu sais pertinemment que si le Sénégal n’a pas encore de trophée ils n’ont qu’à se poser la question à eux même avec les jalousie qui règnent entre eux la méchanceté Bruno a fait de son mieux ce qui n’a jamais existé au Sénégal arrêtez de divertir les gens le Sénégal est le problème du Sénégal avec leur pratiques ils n’auront rien ils sont méchants
dans la vie il y’a aussi ce qu’on appelle facteur chance, Macky bénéficie largement de l’énorme boulot abattu par Wade, il n’a qu’a maintenir le cap c’est cela la continuité.
Avant Peter il y’avait quelqu’un d’autre lolou moy adouna.
– Bruno était la au moment de la gloire, son époque à coincidé avec la libéralisation des médias dans notre pays, il est mort avant que ses exploits ne soioent oubliées.
donc pourquoi s’émouvoir de l’hommage qu’on lui rend?
je suis sure que si Pape Diop était mort moins de dix ans aprés caire 86, on lui aurait rendu hommage.
Aduna affaire de diamono là! té Diamono bou nék ak liy khéw, ak kiy khéw si bép domaine.
boul gnou sonnal
Serigne Saliou, je regrette que tu portes ce nom. je ne peux rien dire de plus