Le député Mamadou Lamine Diallo a saisi hier le président de l’Assemblée nationale pour demander le retour à l’orthodoxie dans l’élaboration du budget de l’institution, qui se fait sans l’avis des instances financières de celle-ci.
La séparation effective entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif ne se fera pas sitôt. Au moment où la Commission des finances est en train d’étudier le projet de budget pour l’année 2014, une partie des représentants du Peuple en ont profité pour mettre sur la table une question qui les met particulièrement mal à l’aise, et qui porte sur l’élaboration du budget de leur institution. Ils ont constaté qu’en la matière, l’Exécutif exerce toujours une emprise sur la gestion de l’Assemblée nationale, dont le budget est élaboré et défendu par le ministère des Finances, dans l’opacité totale et sans l’avis préalable des instances financières du Législatif, encore moins des députés. Offusqué par cette violation de l’article 18 de leur Règlement intérieur, le député Mamadou Lamine Diallo a saisi le président de l’Assemblée nationale, garant du respect du règlement en vigueur à l’Assemblée, pour un retour à l’orthodoxie dans l’élaboration du budget de l’institution.
Joint à l’issue de la session budgétaire d’hier, M. Diallo n’a pas eu des mots assez forts pour s’élever contre cette violation de l’article 18 qui dispose : «Les questeurs, sous la haute direction et le contrôle du Président (de l’Assemblée nationale), sont chargés des services du matériel et des finances de l’Assemblée. Ils préparent, sous la direction du Président (de l’Assemblée nationale) et en accord avec le Bureau, le budget de l’Assemblée qu’ils rapportent devant la Commission de l’économie générale, des finances, du plan et de la coopération économique.»
Des dispositions du Règlement intérieur qui n’ont jamais été respectées depuis les indépendances. Du moins, selon Mamadou Lamine Diallo, qui souligne que «jamais auparavant, on a respecté cet article. Depuis l’indépendance, l’Assemblée marche ainsi». Depuis toujours, c’est le ministre des Finances qui élabore le budget de l’Assemblée et le défend devant les députés, en présence du ministre chargé des Relations avec les institutions. Ecartés du processus, les députés qui ne reçoivent que des copies du projet de budget l’approuvent sans en connaître au préalable les tenants et les aboutissants. «Ce n’est pas normal et il faut corriger cela», estime le député Mamadou Lamine Diallo, qui déclare attendre une réaction du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, qui a été saisi par ses soins.
Le Quotidien