Cela fera bientôt sept (07) décennies que la question reste sans le moindre éclairage. Il s’agit du camp militaire de Thiaroye en banlieue dakaroise.
Si nous rappelons les faits en eux-mêmes, c’est incontestablement parce qu’aucun élément nouveau ne se dessine à l’horizon depuis si longtemps pour éclairer objectivement et totalement nos consciences d’Africains de cet ensemble administratif colonial mis en place par le colonisateur français sur cet espace appelé « AOF ».
Certes, le Président de la République française lui-même est passé à Dakar il y a de cela quelques temps pour mieux peaufiner avec nos responsables étatiques les axes de son intervention contre le Mali, république sœur du Sénégal. Et en la circonstance, le chef tout puissant de l’Elysée avait annoncé en grande pompe, le retour des archives qui sont objectivement les nôtres et que Paris a, à l’époque, préféré transférer de Dakar.
A la date d’aujourd’hui, aucun écho sur le moindre début d’exécution de cet engagement de l’Elysée. Peut être que le contexte global ne s’y prête pas présentement. Mais, nous, africains de l’ancienne AOF avons bien des raisons d’exiger une exécution effective et sans tarder.
De quoi s’agit – il ?
Les mitrailleuses coloniales françaises ont fauché, en cette aube du 1er décembre 1944, des tirailleurs sénégalais, sur cette terre d’Afrique même. Combien de personnes ont été victimes de ces balles du colonisateur ? Des chiffres ridicules au regard des immenses moyens déployés ont été publiés comme « morts et blessés »
Ce qui est certain, c’est qu’en période coloniale, le mensonge de tout occupant est de rigueur pour mieux cacher son forfait réel en toute circonstance. Le terme de fourberie coloniale n’est pas de trop à propos de cette question car encerclés de toutes parts avec des chars venus de Saint-Louis, de Thiès et de Dakar, surpris en plein sommeil, ces tirailleurs Sénégalais seraient particulièrement chanceux le terme n’est pas de trop pour n’être que 24 à tomber sous les coups de canon et de mitrailleuses français sur un total de 1200 (mille deux cent).
Ce chiffre des tués est bien ridicule mais la logique coloniale de l’époque ne se gène pas de l’avancer et de s’agripper à cela depuis si longtemps.
Si le colonisateur a solidement défendu sa logique, qu’elle est, nous de l’ancienne AOF (Afrique Occidentale française) colonisés par la France, notre action pour faire une réelle lumière sur ce massacre de Thiaroye, en ce 1er décembre 1944 ? Certes, de grands hommes comme Sembène Ousmane par « Camp de Thiaroye » ont cherché par le cinéma, à faire parler objectivement l’histoire. Ce film a fait plein les salles de cinéma où il était projeté à l’époque. Ceci n’a pas duré car directement et indirectement l’ancien colonisateur était encore bien puissant à Dakar pour, à sa manière, imposer le silence autour de la question. Et on peut affirmer que depuis lors, la situation n’a pas connu de changement dans la mesure où le silence continue à être de rigueur de nos jours.
Certes quelques tentatives ont été développées ça et là par des personnalités ou des associations du genre de l’Association Sénégalaise d’Histoire et de Géographie.
Un Sénégalais de grande envergure historien bien connu dans ce pays comme également à l’étranger en l’occurrence le Professeur Iba Der THAIM avait pris l’initiative, il y a de cela quelques années, d’une action pour faire parler la terre du Camp militaire de Thiaroye à propos des faits réels de cette aube de sang. La directrice de l’Apix, à l’époque Madame NIANE avait même reçu une délégation conduite par Monsieur THIAM lui-même. La modeste personne qui est l’auteur de ces lignes, membre de cette commission a aussi fait partie de cette délégation.
Les résultats de cette rencontre avaient été très prometteurs pour qu’avant tout passage de l’autoroute à péage sur le Camp de Thiaroye, il était bien retenu que des fouilles archéologiques seraient préalablement menées sur la zone de passage. Il s’agissait, pour mieux nous éclairer, nous Sénégalais et même ceux de l’ancienne AOF, d’interroger le camp pour savoir si les tirailleurs massacrés en cette aube n’ont pas été enterrés incognito dans cet espace militaire.
Dans les faits, aucune recherche n’a été menée et l’autoroute à péage est bien devenue une réalité. Personnellement je n’ai jamais compris pourquoi la première responsable du projet de cette autoroute n’a pas tenu sa promesse mystère. De même, depuis lors, tous ceux qui avaient eu cette initiative d’aller vers elle n’ont pas, de manière conséquente, cherché à savoir le pourquoi de cette situation.
Certes, on peut se consoler en disant qu’il reste encore beaucoup de terre susceptible de livrer le secret sur ce massacre de Thiaroye. Cependant, s’il n’y a pas une volonté réelle de conjuguer tous les efforts et initiatives pour chercher la vérité de ce fait colonial du 1er décembre 1944, il va de soi que le silence colonial se perpétuera. Or, nous avons intérêt réel à connaître la vérité sur Thiaroye, tout comme sur d’autres faits similaires. Connaître pour mieux asseoir nos relations avec la France de façon solide et objective. L’histoire doit nous rappeler toutes les données positives comme négatives et ceci pour mieux nous armer dans le cadre de relations internationales dépourvues de tout ombrage.
Pr Cheikh Faty FAYE
Quand je lisais ces lignes, c’est comme si on m’avait réveillé d’un long sommeil. Je me demande même si il y a une réelle vonlonté politique dans cette histoire. Et ce sont ces même français qui sont revenus sur leur lieu de crime pour que nous les laissons nous insulter devant les dignes fils intellectuels de ceux qui ont donné leurs vies pour libérer la soit disante « France »(ref. discours de Sarkozy à l’UCAD). Il est temps ou peu être un peu tard que nous les africains obligent nos dirigeants à rappeler à ces « anciens » colonisateurs les horreurs qu’ils ont commis dans le passé et qui essaient aujourd’hui de nous faire croire qu’il sont la référence et qu’ils veulent combattre des terroristes « islamistes »(condamné par l’Islam) or ils ont oublié qu’ils étaient les pires terroristes, barbares et criminels que la terre n’a jamais connu. Et ces actes étaient soutenus, encouragés par leur l’eglise. Réveillons-nous et n’oublions pas le passé et essaayons de batir notre avenir en se basant sur nos cultures et nos ressources.
« Si le colonisateur a solidement défendu sa logique, qu’elle est, nous de l’ancienne AOF (Afrique Occidentale française) colonisés par la France, notre action pour faire une réelle lumière sur ce massacre de Thiaroye, en ce 1er décembre 1944 ? Certes, de grands hommes comme Sembène Ousmane par « Camp de Thiaroye » ont cherché par le cinéma, à faire parler objectivement l’histoire. Ce film a fait plein les salles de cinéma où il était projeté à l’époque. Ceci n’a pas duré car directement et indirectement l’ancien colonisateur était encore bien puissant à Dakar pour, à sa manière, imposer le silence autour de la question. Et on peut affirmer que depuis lors, la situation n’a pas connu de changement dans la mesure où le silence continue à être de rigueur de nos jours. »
Une profonde tristesse et un dégoût immense. Il faut justement rappeler Élie Wisel, il dit » que le bourreau tue toujours deux fois. La deuxième fois par le silence ». Ce qui caractérise cette histoire, c est bien le silence qui l entoure. Ce drame inouï est presque absent des livres, donc de la mémoire du monde.