Ce samedi 30 novembre 2013 se tiendra à l’Athénée Municipale* de Bordeaux une conférence animée par l’historienne Armelle Mabon sur le thème « Les tirailleurs sénégalais : des mensonges d’Etat au devoir de réhabilitation. »
Le 1er décembre 1944, à Thiaroye dans la banlieue dakaroise des tirailleurs africains revenus de la guerre, ont été tués à coups de feu dans le camp militaire où ils étaient regroupés avant la démobilisation. Leur seul tort a été de réclamer le paiement des rappels de solde promis par l’administration militaire avant de rejoindre leurs villages. Ce massacre n’a toujours pas connu d’épilogue.
Le 12 octobre 2012, François Hollande a décidé depuis Dakar « de donner au Sénégal toutes les archives dont la France dispose sur ce drame ». Selon l’un des initiateurs de cette commémoration, Djibril Ndiaye « cette initiative est une forme d’encouragement ….pour que les étudiants ou chercheurs puissent enfin étudier cette période pour restituer la vérité parce que jusqu’à présent la version officielle qui était présentée n’était pas partagée… »
Mais selon Armelle Mabon « Cette promesse spectaculaire a peu de chance d’être tenue dans son intégralité. Selon le Code du patrimoine, ces archives sont inaliénables et imprescriptibles, c’est-à-dire qu’elles ne pourront jamais être cédées et donc sortir du domaine public. L’équité voudrait qu’une numérisation des archives sur le massacre de Thiaroye s’opère tant en France qu’au Sénégal, afin de faciliter le travail des historiens et la quête de vérité de tout citoyen. » (1)
Toujours est il que des pièces importantes ont disparu et les mots pour qualifier ce qui s’est passé à Thiaroye différent : drame, massacre, carnage etc.… Ce qui montre que la version officielle est difficile à croire : 35 morts au lieu de 70, tirailleurs armés, absence de noms sur les tués, lieu où ils ont été enterrés…. Armelle Mabon parle même « d’histoire tronquée ».
En tout cas, il ne s’agira point de remettre en cause le travail des historiens qui se sont déjà penché sur la question mais tout simplement de continuer ce qui a été entamé afin de faire jaillir enfin la vérité. Le débat reste entre historiens.
La conférence sera introduite par Ibrahima Thioub et sera suivie d’un débat avant la projection du film de Serge Simon « Une pensée du Couneau : la vraie histoire des oubliés du camp des nègres de La Teste. »
Nous noterons la présence d’Yves Abibou fils d’Antoine Abibou tirailleur condamné à 10 ans de prison après les massacres et celle de SIMON rappeur sénégalais et membre du collectif Y’EN A MARRE (Sénégal).
Mayacine Diop
(1) Armelle Mabon « Le massacre de Thiaroye (Sénégal, 1er décembre 1944) : des archives au service d’une histoire officielle mensongère ». Article paru dans xalimasn.com le 25 novembre 2013.
(*) Athénée Municipale : place Saint Christoly. Tram A et B arrêt Hôtel de ville Bordeaux.
