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Démocratie pastèque par Madiambal Diagne

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Si vous débarquez à Ouagadougou par ces temps-ci, ne soyez pas surpris de voir de nombreuses personnes, de tous âges, tenir des balais à la main. Ce n’est pas une opération de nettoiement de la ville qui s’y déroule mais plutôt une forme de manifestation populaire, initiée par des mouvements citoyens. Ils demandent le départ, en 2015, du Président Blaise Compaoré. L’opération est intitulé «Balai citoyen» et devrait se dérouler jusqu’à l’échéance prochaine du mandat du Président du Faso.
Le mouvement prend de l’envergure, amplifié par de fortes voix de la scène musicale du pays, des artistes très populaires auprès des jeunes. Les citoyens font le geste de balayer en scandant : «Il doit partir et il partira !». La conviction et la détermination sont fortes. Cette jeunesse, âgée de moins de 30 ans, qui n’a connu que le Président Blaise Compaoré, voudrait en finir avec ce dernier, surtout que l’actuelle Constitution du Faso ne lui permettrait plus de se représenter pour un nouveau mandat. Aussi, la rue publique ouagalaise est convaincue que Blaise Comparé voudrait passer la main au profit de son frère puiné, François. L’opposition s’embarque dans l’opération dans le cadre du Forum des citoyennes et citoyens pour l’Alternance (Focal), avec un slogan «2015, terminus, Blaise descend !».
Devant une telle perspective, les rappeurs Smockey et Sam’s K Le Jah chantent à tue-tête : «Il va payer pour ses crimes, Blaise va payer pour ses crimes, François va payer pour ses crimes». La mémoire des morts hante «le Pays des hommes intègres». Le régime de Blaise Compaoré a les mains tâchées de sang. Déjà, il avait fallu au capitaine Blaise Compaoré de marcher sur les cadavres de ses camarades Thomas Sankara, Jean Baptiste Lingani, Henri Zongo et autres, pour installer un régime fort. Les purges et tueries se sont poursuivies depuis la tragique journée du 15 octobre 1987. L’assassinat du célèbre journaliste Norbert Zongo, le 13 décembre 1998, avait fini de donner un visage démoniaque et de tueur froid à celui qui était appelé «le beau Blaise». Les jeunes arborent dans les rues des tee-shirts, casquettes et autres gadgets à l’effigie de Thomas Sankara et Norbert Zongo et surtout, déclament leurs paroles qui ont valeur d’évangile.
Pourtant, le régime s’est beaucoup essayé à se donner une image démocratique. L’opposition politique y a droit de cité et la liberté d’expression est devenue une réalité. D’ailleurs, le dernier rapport, de l’Ong internationale Reporters sans frontières, classe le Burkina Faso au rang de 5ème pays africain en matière de respect des droits et libertés de la presse. Aussi, le Président Blaise Comparé s’accommode de l’organisation, tous les deux ans, à Ouagadougou, du Festival international de la Liberté d’expression et de la presse (Filep), à l’initiation du Centre de Presse Norbert Zongo. Les organisateurs de cette manifestation, qui rassemble des centaines de journalistes venus de toutes les régions d’Afrique, n’ont aucune sympathie pour Blaise Compaoré. Bien au contraire ! Mais qu’à cela ne tienne, les manifestations se déroulent sans encombre et toutes les têtes brûlées d’Afrique peuvent s’y retrouver, discuter de leurs préoccupations, aller pleurer sur les tombes des illustres morts. Par moments, la manifestation revêt un côté franchement subversif. «Quelle tolérance !» s’est exclamé un participant, venu du Rwanda de Paul Kagamé, au Filep de cette année tenu du 28 au 30 novembre 2013. Mais les contempteurs de Blaise Comparé ont leur lecture de cette posture du régime en place. Le rappeur Sam’s K Le Jah considère simplement que la démocratie qui a cours au Burkina Fao est une «démocratie pastèque, c’est à dire verte à l’extérieur et rouge à l’intérieur. Trop de sang a coulé dans ce pays du fait de ce régime».
C’est le citoyen lamda qui explique, le mieux, la situation. La vérité sort de la bouche d’un taximan de Ouagadougou qui analyse : «Mon frère, nous on sait ! Si tu vois ce qui se passe maintenant dans ce pays, c’est justement parce que Blaise là, il sait qu’on le cherche. Il a trop duré là. Il laisse donc tout le monde dire et faire ce qu’il veut, car il sait que s’il touche à quelqu’un, le Peuple va sortir et le dégager. Donc pour lui, il ne faut emmerder personne pour être tranquille dans son palais». Les adversaires de Blaise Compaoré semblent avoir un avantage psychologique sur lui. Ils l’avaient poussé à battre en retraite suite à un large mouvement baptisé, «Ne touche pas à ma Constitution !». Des velléités du camp présidentiel de modifier la Constitution pour supprimer la limitation des mandats du président de la République avaient ainsi été tuées dans l’œuf. Aussi, les violentes sautes d’humeur de militaires pour des revendications d’intendance peuvent attester de cela. Pour peu que les militaires sèment le désordre et le pouvoir politique cède aux revendications. D’ailleurs, depuis le coup de gueule de 2011, le Président Blaise Compaoré prend les devants en rassemblant régulièrement les représentants de son Armée, tous grades confondus, pour recueillir leurs préoccupations et leur trouver des solutions. La dernière rencontre a eu lieu le 28 novembre dernier. Le nouveau Palais présidentiel, «le plus beau d’Afrique de l’Ouest», que le Président Blaise Compaoré a fini de se construire, cristallise les rancœurs d’une population très pauvre. Aussi, le train de vie ostentatoire des dignitaires du régime qui, avec leurs amis venus d’autres pays africains, possèderaient toutes les belles nouveautés à Ouagadougou, est mis à l’index. Le ras le bol gagne de plus en plus du terrain, surtout quand les jeunes soutiennent que «si tu parles tu meurs, si tu ne parles pas, tu meurs, alors parles et meurs !» Seulement, existe-t-il sur la scène politique Burkinabè un leader politique capable de servir de réceptacle à ce mécontentement populaire et surtout, cette détermination de la jeunesse ? Le régime de Blaise Compaoré a plus ou moins réussi à discréditer de nombreux responsables de l’opposition et de la société civile mais qui sait ? L’objectif de l’heure, pour les responsables de l’opposition et de la société civile au Burkina Faso, semble être de rééditer la symbolique du vase de Ghézo, en faisant leur la fameuse tirade : «Si tous les fils et filles du pays venaient, par leurs mains assemblées, boucher les trous de la jarre percée, le pays serait sauvé». Si la pastèque explose, le rouge ne va-t-il pas éclabousser tout le monde ?

[email protected]
Madiambal Diagne

3 Commentaires

  1. Si le Président Compaoré ne cherche pas à modifier la Constitution de son pays pour être candidat, et qu’il ait son candidat parmi tant d’autres, je ne vois pas ce qui justifierait cette agitation de l’opposition !
    On ne peut empêcher à monsieur le Président sortant de dire à ses concitoyens et à ses partisans : « Je suis arrivée au terme des mandats que m’autorise la Constitution de notre pays, mais compte tenu de l’état actuel de notre pays et du monde, j’estime qu’un tel serait plus en mesure de continuer l’œuvre que nous avons entreprise ensemble depuis plusieurs décennies » !
    Notre ami Madiambal devrait être moins anti-Compaoré et faire une analyse plus objective des motivations réelles de ce vaste mouvement qui, me semble-t-il est en train de vouloir enfoncer une porte déjà ouverte, à moins que j’aie un préjugé trop favorable pour notre frère Blaise nonobstant tous les griefs portées contre lui dans des faits graves qui eurent lieu au début de leur révolution et qui restent très obscure, mais ça c’est un autre débat !

  2. ?LE RAPPORT D’AUDIT QUI MET À NU LA GESTION DE MARY TEUW NIANE
    (rapport commandité conjointement par les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de l’Économie et des Finances, sur financement de la Banque mondiale)
    sur ndarinfo
    UGB-de-Saint-Louis-Le-rapport-d-audit-qui-met-a-nu-la-gestion-de-Mary-Teuw-Niane

    __________

    «LA JUSTICE DOIT FAIRE LA LUMIERE SUR L’ARGENT INJECTE DANS
    L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR »
    BIRAHIM SECK DU FORUM CIVIL
    sur seneplus
    la-justice-doit-faire-la-lumiere-sur-l%E2%80%99argent-injecte-dans-l%E2%80%99enseignement-superieur
    Publication 16/09/2013

    Actuellement, la polémique fait rage entre le Saes et ministère de l’Enseignement Supérieur sur l’utilisation des milliards injectés dans l’enseignement privé pour l’orientation des bacheliers. Qu’est ce que cela vous inspire ?

    Le Saes a tout à fait raison de demander des comptes au gouvernement sur l’argent injecté dans l’enseignement supérieur pour la prise en charge des bacheliers orientés dans les universités privées. Les dirigeant du Saes n’ont usé que des dispositions des
    articles 14 et 15 de la Déclaration des droits de l’Homme et des peuples qui fait partie intégrante du préambule de notre constitution qui prône la bonne gouvernance et la transparence. Il ne devrait y avoir même pas de polémique. Les autorités devraient
    même rendre compte avant que le Saes ne le demande. Les étudiants également doivent demander des comptes parce que les services sont pour eux.

    De plus, mon étonnement est plus grand sur le silence affiché par le gouvernement par rapport aux différents audits publiés sur l’enseignement supérieur qui intéressent les autorités de l’enseignement supérieur et au plus haut niveau. C’est grave et inquiétant au moment où nous dit que l’Etat veut injecter 302 milliards dans le domaine de l’enseignement supérieur.

    La justice traque des citoyens sénégalais et quand on produit des audits qui intéressent les membres du gouvernement ou des administrateurs, l’Etat ferme les yeux. Ce sont ces pratiques que les Sénégalais ont combattues. La justice sénégalaise doit également faire la lumière sur l’argent injecté dans l’enseignement supérieur. Les rapports d’audit sont là.

    Cependant la Banque mondiale est également interpellée car il ne sera logique ni acceptable que de l’argent soit à nouveau injecté sans que la vérité ne soit connu sur les faits invoqués dans ces rapports d’audit sur l’enseignement supérieur.

    Le Saes est bien dans son rôle et il appartient à l’Etat d’éclairer les Sénégalais si on veut avoir un enseignement supérieur de qualité dans un espace de sérénité et de lumière.
    _________

    «MARY TEUW NIANE MENE LE PRESIDENT DROIT AU MUR»
    SEYDI ABABACAR NDIAYE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SAES
    Oumar KANDE | Publication 23/08/2013
    sur seneplus «mary-teuw-niane-mene-le-president-droit-au-mur »

    « Seydi Ababacar Ndiaye, continuant son interpellation, demande quelle suite sera donnée à l’audit des universités où il a été noté une mauvaise gestion généralisée, «y compris la gestion du ministre actuel quand il était recteur de l’Ugb».

    «Est-ce qu’on peut continuer à faire confiance à des dirigeants qui ont été épinglés par différents rapports ? IL Y A AUSSI UN AUTRE DOCUMENT COMMANDITÉ PAR L’ACTUEL RECTEUR DE L’UGB AU NIVEAU DE LA DÉLÉGATION POUR LA RÉFORME DE L’ETAT ET DE L’ASSISTANAT TECHNIQUE (DREAT), QUI ÉPINGLE LE MÊME MINISTRE.

    Ce document à montré que l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur, quand il était recteur à l’Ugb, son jeu favori c’était de créer des postes de responsabilité, de direction. Il en avait créé dix-neuf dans une petite université comme l’Ugb et il y avait des conséquences sur la masse salariale car tous ces directeurs avaient l’équivalent d’un million d’indemnité.

    Ces manquements devraient édifier qu’il faut faire les bonnes enquêtes et prendre les individus qu’il faut pour les missions importantes.

    Quelqu’un qui dirige une simple université et qui a ces types de comportement, on lui confie le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il y a lieu de se poser des questions», a dit Seydi Ababacar Ndiaye. »

  3. Madiambal n’est pas un anti Compaore mais paye en bon mercenaire de la plume pour nous divertir de l’essentiel..CAD le festin des carnivores de ce nouveau regime arc en ciel on a tout compris la situation se degrade de jour en jour chez lui il joue au revolutionnaire ailleur Pfffffff

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