Plus de dix villes visitées. Et au bout du compte un bilan négatif sur toute la ligne. Les trois émissaires, le ministre Mamadou Talla, le député Samba Koita et l’ambassadeur itinérant AlLmamy Bocoum qui ont finalement séjourné en France pour rien n’auront pas de quoi objectivement fanfaronner sur le résultat de leur mission. Tant l’échec est patent. Les problèmes de fonctionnement structurel qui gangrènent l’APR-France et dont ils sont sensés résoudre dans le cadre de leur mission qui, elle, ressemble, à s’y méprendre, plus à une visite touristique qu’à une mission politique n’ont connu aucune solution. Ils sont restés en l’état ces problèmes. La tension qui sévit au sein de la coordination des cadres républicains (CCR) est toujours d’actualité. Et la délégation des sénégalais de l’extérieur (DSE) est plus que jamais en proie à de profondes dissensions. Mise sous coupe réglée la DSE est prise en otage par une certaine baronie dont l’intention manifeste est de contrôler la structure. Les hommes qui doivent présider aux destinée de la DSE et de la CCR doivent émaner de leur réseau et seulement de leur réseau. Allergique à toute forme de restructuration qui s’inscrit aux antipodes de leurs intérêts les du cercle fermé de cette baronie s’arc-boutent au maintien de l’ordre établi. Laisser la DSE et la CCR dans leur fonctionnement chaotique actuel, garder leur poste quand bien même ils ne résident plus en France, pouvoir ainsi continuer de parler au nom de l’APR-France aussi bien au Sénégal que lors de leurs séjours en France .Cette attitude du cercle fermé de ces barons sonne comme un message clair: l’APR-France est sa propriété privée et non une formation politique. Tout autant que la DSE, La CCR, un creuset de cadres aux profils intellectuels aussi riches que variés n’échappe pas non plus à cette caporalisation. Là aussi l’expression des règles démocratiques de fonctionnement et de restructuration achoppent au verrouillage hermétique savamment orchestré par la baronie. Dans cette situation la malade APR-France a indéniablement besoin de soins. Tout le monde est d’accord. Tout le monde est aussi d’accord que soins est précédés de diagnostic. C’est la règle que les trois émissaires ont décidé de faire fi. Aux calendes grecques le diagnostic. Et à ceux qui s’attendent à des soins, allez vous faire voir. L’option des émissaires. Visiter quelques sessions, passer quelques coups de fils à celles dont l’agenda ne permet pas d’aller voir. Et mission accomplie. Informer le président de l’APR que tout va bien. Peut être même produire un rapport et écrire en gras que tout se passe à merveille à l’APR-France. Que les échos de la presse et autres contributions des cadres ne sont que fausses alertes. Epingler tel rédacteur, vouer aux gémonies tel contributeur, nier le réel. Voilà l’option des barons. Une option qui mène l’APR-France vers une crise irrémédiable si bien sûr des solutions concrètes ne sont pas mises en place. Car des solutions, il en existe. Rencontrer la DSE et la CCR ensuite. Ecouter tout le monde pour se donner les moyens d’agir. Une telle stratégie est d’autant efficace qu’elle permet de mettre à plats l’ensemble des problèmes et repartir sur de bonnes bases.
Abdoulaye Mbodji
Journaliste (promotion 2005/ Ecole Supérieure de Journalisme de Paris).