Fidak 2013 : l’autre business, celui du sexe

Les agents du personnel préposé au nettoiement du Centre international du Commerce extérieur du Sénégal (Cices), où vient d’être clôturée l’édition 2013 de la Foire internationale de Dakar (Fidak), ont failli tomber à la renverse quand ils ont entrepris d’enlever les tas d’immondices. La raison de leur ahurissement n’est autre que le nombre impressionnant de pochettes de préservatifs qui constituent quasiment l’unique résidu à ramasser. Comme quoi, plutôt qu’une foire économique, la Fidak 2013 a été celle du sexe.

Les « buujumen » et autres récupérateurs de Mbebeuss (dépotoir d’ordures de la région de Dakar) auraient fait chou blanc s’ils se hasardaient à fouiner dans les poubelles du Cices durant la période de la Foire, car les articles à récupérer ne seraient d’aucune utilité pour eux. Visez bien ! Des membres du personnel de nettoiement, qu’un de nos reporters a interrogés quant aux déchets les plus fréquents sur les lieux, ont confessé à l’unanimité qu’on n’y trouve que des préservatifs.

Construit sur un large périmètre dans la zone du Grand-Yoff, avec quelques bâtisses éparses, isolées et baignant dans une pénombre qui favorise la pratique de tous actes répréhensibles, le Cices, par sa taille et l’affluence qu’il suscite pendant la période de la foire, échappe au contrôle de la Brigade de Gendarmerie qui y est installée. Alors, c’est la porte ouverte à tous les délits. C’est ainsi que des jeunes filles et autres dames, à la faveur des activités commerçantes qui s’y déroulent, choisissent ce lieu d’échanges pour s’adonner à un commerce d’un autre genre, celui du sexe. Sinon, que feraient là des milliers de condoms déjà utilisés, qui jonchent le sol.

Une passe hors de portée

Le stratagème est très simple : on s’habille riche et sexy, cheveux naturels, maquillage provocateur, puis on parcourt les stands, particulièrement ceux des exposants étrangers, souvent avides de découverte de la Teranga sénégalaise tant vantée dans leurs pays de provenance et, surtout, de la « Femme noire, fruit mûr à la chair d’ébène» chantée par le président-poète, Léopold Sédar Senghor. Car le prix de la passe est loin d’être à la portée des modestes Sénégalais (200 à 300.000 Fcfa). Les plus «branchées» de cette nouvelle race de prostituées se font d’ailleurs confectionner des cartes de visite qu’elles échangent avec leurs clients potentiels.

Selon les techniciens de surface du Cices, «c’est surtout dans les espaces où se jouent des concerts que l’on ramasse le plus de préservatifs», car c’est la nuit que les orchestres se produisent à la Fidak. Les services de sécurité déployés à la foire font pourtant un excellent travail en démasquant, tous les jours, ces nombreux malfrats (agresseurs et voleurs) qui y ont pignon sur rue. Curieusement, jamais une prostituée n’y a été arrêtée. Ce qui fait dire à certains qu’une complicité ou concussion n’est pas à écarter. Mais peut-on mettre un gendarme ou un policier derrière chaque visiteur forain ? Certainement pas !

Mais ce n’est pas seulement au Cices que l’on voit proliférer les préservatifs jetés par terre. Là, sur la corniche-ouest, derrière le Conseil constitutionnel, au lieu dit « Rayon de soleil » où trônent deux monuments semblables aux défuntes « Tours Jumelles » de New York et où se garent les voitures de promeneurs à partir de 19 h, c’est le même décor. Comme dans plusieurs autres places publiques de Dakar. Bientôt, Si l’on n’y prend garde, Dakar n’aura bientôt plus rien à envier aux plages de Copacabana à Rio de Janeiro (Brésil).

Serigne Mour Diop (© Gawlo.net)