Si l’élection de la diaspora en tant que quinzième région du Sénégal tarde à voir le jour, certaines aspirations de cet ensemble virtuel commencent à être prises en compte. Parmi celles-ci, il y a le financement des projets économiques des Sénégalaises de l’extérieur. Pour la mise en place du dispositif, le directeur général des Sénégalais de l’extérieur, Sory Kaba, de passage à Paris, en dévoile les formes tout en répondant aux critiques.
Quels sont les contours du projet de financement des femmes de la diaspora lancé en décembre en France ?
«Je tiens d’abord à faire une précision de taille : le Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise) et le projet de financement des femmes de la diaspora sont deux outils différents, même si l’encrage du projet de financement des femmes de la diaspora se trouve au Faise. C’est un projet qui existe depuis 2008 mais, malheureusement, il n’est pas très connu des Sénégalais de l’extérieur. Nous sommes dans une nouvelle dimension du Faise. La volonté politique des autorités fait que le budget du Faise est passé de 330 millions à un milliard de FCfa. Ce qui constitue un saut qualitatif et quantitatif et qui donne encore beaucoup plus de considération à l’apport des compatriotes vivant à l’étranger dans le développement du Sénégal. Maintenant, pour un dispositif lié au financement des femmes de la diaspora, il y a 31 milliards de FCfa qui ont été recueillis par le biais de la traque des biens mal acquis. A la suite d’un arbitrage budgétaire, le président de la République a décidé d’affecter 1,5 milliard de FCfa pour le financement des femmes de la diaspora, comme du reste, la création de pavillons spéciaux dans chaque universités pour montrer que l’argent volé a été récupéré. Ce qui doit permettre aux étudiants de mieux comprendre que l’Etat est dans une logique de transparence et de gestion rigoureuse de ces deniers publics. C’est dans ce même ordre d’idées que la première pierre de l’Université du Sine Saloum a été posée pour un coût global de sept milliards de FCfa».
Concrètement, quel est le montant du financement alloué aux projets économiques des Sénégalaises en France ?
«Les Sénégalaises qui sont en France vont bénéficier d’une enveloppe de 200 millions de FCfa, soit l’équivalent de 300.000 euros. La somme de 1,5 milliard de FCfa est allouée à toutes les femmes des différents pays. Nous avons lancé le dispositif et mis en place le cadre organisationnel et institutionnel qui va piloter le projet de financement des femmes de la diaspora. Toutes les femmes, sans distinction de partis politiques, sans distinction religieuse ni raciale, peuvent être éligibles au financement des femmes de la diaspora. Dans son esprit, le projet entend uniquement appuyer les femmes dans leurs activités économiques au quotidien dès lors qu’elles subissent la crise (économique, ndlr) des pays d’accueil».
Des voix s’élèvent pour dénoncer un financement qui serait destiné exclusivement aux femmes de l’Apr (partie au pouvoir)…
«Je rassure tout le monde et j’en prends l’engagement qu’il n’y aura pas une distinction d’appartenance politique. Et n’oubliez pas que nous sommes dans un champ où l’Etat doit répondre aux attentes et aspirations des citoyens qu’il gouverne. Si nous disons que le fonds va bénéficier uniquement aux femmes de l’Apr, cela ne pourra apporter que des frustrations. Les femmes délaissées par la mesure peuvent sanctionner le président de la République. Nous essayons de ne pas reproduire ce schéma en mobilisant l’ensemble des femmes autour du dispositif pour qu’elles comprennent que c’est un président qu’il faut soutenir. Nous sommes dans une logique de mobilisation des femmes, sans exception, autour de ce projet qui, de prime abord, est innovant dans la démarche parce que jusqu’ici, nos pays s’occupaient des causes de la migration dans les pays d’accueil. Mais, aujourd’hui, on peut s’occuper et des causes et des effets de la migration. L’équilibre de la balance commerciale de paiement du Sénégal est ajusté par les remises de fonds des Sénégalais vivant à l’étranger. Si la crise (économique, ndlr) fait que les Sénégalais de l’extérieur envoient moins d’argent, l’Etat doit agir, et c’est ce que le président Macky Sall est en train de faire».
Quels sont les critères pour bénéficier du financement ?
«Les critères sont simples. Ils sont d’abord liés au statut car il s’agit d’une discrimination positive : il faut être femme et puis Sénégalaise. Il faut avoir un projet économique innovant, une activité rentable puisqu’il faudra rembourser car il s’agit d’un fonds revolving et pas d’une subvention. Il y a un ensemble de critères qui permettront aux femmes d’être notées. Elles peuvent atteindre 100 points ; 75 est le minimum à obtenir».
Quelle est la somme limite à octroyer à chaque demande ?
«Nous nous intéressons plutôt à un plafond. Aux Etats-Unis, il est de 20.000 dollars. En France, ce sera certainement 15.000 euros. Mais une femme qui a besoin de 200 euros pour une activité, doit-on la priver de cette somme pour des critères de plafond ? Je ne crois pas. Cela dépendra des différentes demandes qui nous seront soumises mais, a priori, nous considérons que toute femme portant une activité, un projet économique, et qui veut améliorer son vécu et celui de sa famille, est éligible pour un plafond qui ne dépassera pas 15.000 euros».
Quels sont les critères de transparence dans le choix des femmes devant bénéficier d’un financement ?
«Vous avez raison de parler de transparence. Le président de la République a été plus que clair pour la gouvernance de ce projet. Il s’agit de mettre sur pied un comité de pilotage au sein duquel les missions diplomatiques et consulaires seront toutes représentées autour du consul général (de Paris, Amadou Diallo, Ndlr). L’exception française aurait voulu que les autres consuls des autres villes soient associés au dispositif car ils gèrent également des compatriotes. Ensuite, il y a un comité de sélection autour du bureau économique (de l’ambassade du Sénégal à Paris, ndlr) qui est plus technique parce qu’il s’agit d’évaluer des demandes de projet et d’assurer un suivi-évaluation. En dernier lieu, il y a un comité consultatif qui va rassembler toutes les femmes au moment de la remise des chèques. Et c’est dans ce comité consultatif qu’on va essayer de jouer la carte de la transparence à fond. On va informer toutes les femmes qui ont été éligibles sur le comment, le pourquoi elles l’ont été. Mais aussi, pourquoi d’autres n’ont pas été choisies ? Que tout le monde sache qu’il s’agit d’un dispositif sans appartenance de parti politique ou ethnique».
On entend évoquer la nécessité, pour les femmes demandeuses de financement, d’avoir un business plan soft. Qu’entendez-vous par là ?
«Par business plan, nous avons identifié un petit canevas d’élaboration de projets pas très rigoureux, en comparaison à une demande de financement formulée auprès d’une banque. Ce business plan ne concerne que les activités nouvellement créées. Nous n’allons pas demander un business plan aux femmes qui ont déjà leur activité. Dans ce cas de figure, il s’agira plutôt d’évaluer l’activité en question et d’identifier son besoin en financement. Le point de départ pour la réussite du dispositif est le choix sélectif qui sera opéré sur les différentes demandes. Si une femme veut investir au Sénégal, il y a un dispositif qui est déjà sur place. Le Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur a compétence dans le territoire national pour l’ensemble des projets d’investissement à dimension économique. Pour le pays d’accueil, il s’agit du financement des femmes de la diaspora».
Les activités de transport et l’immobilier ne seront pas financées. Dans les critères, il est mentionné que « le commerce doit être encadré ». Pouvez-vous être plus clair ?
«Parmi les activités non éligibles, il y a effectivement l’immobilier : 95 % des fonds envoyés au Sénégal qui tournent entre 600 et 1000 milliards de FCfa, sont orientés vers l’immobilier. Nous savons tous qu’avoir une maison ou un appartement est le rêve de tout Sénégalais de l’extérieur. Ils en ont tous, à quelques exceptions près. Si nous encourageons ce phénomène, l’investissement structurant risque de ne pas être au rendez-vous. Pour lutter contre le chômage et la pauvreté, il faut investir dans des secteurs productifs et non dans l’immobilier qui n’est pas productif. L’encadrement du commerce est précisé pour faire la différence avec les femmes qui ont une activité commerciale informelle, non identifiée et non reconnue par l’Etat d’accueil. Ces dernières, il faut les aider à se formaliser. Et c’est à partir de ce moment qu’on pourra leurs permettre de tirer profit de leurs activités économiques. Si elles sont encore dans l’informel et que demain elles mènent une activité profitable sur le plan de la trésorerie et qu’elles aient besoin d’un financement bancaire, comment vont-t-elles faire ? Très tôt donc, nous proposons un encadrement afin de les mettre dans des conditions de répondre aux exigences du pays d’accueil. Et sous ce rapport, les Sénégalaises s’ouvrent à toutes les possibilités de financement. D’autant plus que nous travaillons à avoir un dispositif institutionnel d’appui du pays d’accueil en termes de financement pour mieux accroître les 300.000 euros qui sont mis à leur disposition».
Propos recueillis par Moussa DIOP
lesoleil.sn
Good to know
Aider les sénégalais de l’extérieur pour que en retour leurs envois d’argent aident a équilibrer la balance des paiements? C’est vraiment pathétique!
Le credit est disponible dans la diaspora et tout sénégalais avec un bon business plan peut en disposer. On a plus besoin de ces fonds au Senegal qu’a l’étranger.
De graces, arrêtez vos niaiseries et proposez nous de vraies politiques de développement. On ne vous demande pas de faire des réalisations maintenant (5-7 ans ne suffisent pas) mais au moins montrez nous que vous avez les solutions aux problèmes et l’intention et les competences de les mettre en oeuvres.
Faise, quel Faise? Un vrai parcours de la combattante!
Une belle mascarade au Consulat du Sénégal en France, vous voilà scrutée de la tête aux pieds, au centre d’un brouhaha de rires et d’aller et retours, dans cette instance nationale, au mieux vous êtes accueillie par des tchipatou ou khélou, au pire on met votre dossier en quarantaine si vous êtes trop insistante. Il vaut mieux compter sur ses propres acquis et biens. il ya aucune transparence ni objectivité dans la gestion des dossiers, ni des modalités de sélection!