Me El Hadji Amadou Sall s’est prononcé sur le dossier de Mme Aïda Diongue avec en toile de fond la sortie du procureur Serigne Bassirou Guèye et celle des avocats de l’ancienne sénatrice libérale. Pour l’ancien Garde des Sceaux, sur les ondes de Sud Fm, «le Sénégal est en train d’écrire la page sombre de son histoire judiciaire».
Me El Hadji Amadou Sall : «Le Sénégal est en train d’écrire la page sombre de son histoire judiciaire»
A u départ, l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, et un des avocats de Mme Aïda Diongue, Me El Hadji Amadou Sall n’a pas voulu avancer dans le dossier en instance. Mais la sortie du procureur Serigne Bassirou Guèye lui parait tellement «inédite» qu’il se lâche en qualifiant la sortie du procureur de «bourde judiciaire», car c’est la première fois qu’un procureur aille jusque dans le plus petit détail d’un dossier judiciaire, alors qu’on ne poursuit pas Aïda Diongue d’enrichissement illicite.
Selon Me El Hadji Amadou Sall, la sortie du procureur n’était ni plus ni moins qu’une manière de «manipuler l’opinion publique sénégalaise» ; avant de taxer de « faux » et « abjects» les arguments du procureur sur la fortune d’Aïda Diongue lors de sa conférence de presse.
Abordant les réalisations du président Macky Sall, Me El Hadji Amadou Sall n’en voit pas encore. Non plus, il ne dit pas voir un plan de développement clair du Sénégal. «Les réalisations du président Macky Sall se limitent à la construction des dos d’âne et des ralentisseurs sur les routes de Me Abdoulaye Wade», fait-il remarquer.
Appréciant la baisse sur les coûts des loyers, l’ancien ministre de la Justice Garde des Sceaux, El Hadji Amadou Sall estime que tout le monde ne trouve pas son compte et par conséquent, insiste-t-il, « la loi 2014-03 du 22 janvier 2014 portant baisse des loyers est difficilement applicable». Selon lui, la solution passerait par la facilitation de l’accès au logement en impliquant les promoteurs privés, les banques, ( …), en baissant les coûts de construction.
Pour autant, il qualifie de l’Acte 3 de la Décentralisation avec la suppression des régions de «catastrophe», car argue-t-il, «on ne prend pas des institutions pour satisfaire les intérêts politiques d’une personne».
Ferloo
Fabrique de milliardaires (Suite et Fin)
« Derrière chaque grande fortune, il y a un grand crime », Honoré de Balzac.
Dans les textes précedents, y compris celui sur les milliardaires sénégalais (qui a été censuré), j’ai fait un tour du monde avec quelques exemples de fabriques de milliardaires. Le tour a été guidé par le souci de toucher une large game de façon de faire. Ce qui m’a fait choisir des exemples en Russie, Chine, France, USA, Brésil et Méxique. Ce tour a aussi permis de voir des circonstances qui ont motivé la fabrique de ces milliardaires. L’arrivée de Mitterand au pouvoir avait entraîné une rétention des capitaux ayant entraîné une raréfaction de l’argent. Mais au lieu de sauter sur la facilité d’accuser ses précédeurs d’avoir fait circuler de l’argent sale qu’il a arrêté, Mitterand a fabriqué son investisseur en la personne de B. Tapie. J’ai rappelé l’apport de Diouf à la fortune d’Aliou Ardo Sow par le projet Golf du Technopole et récupération des terrains en face de la Pharmacie Golf. J’ai évoqué le voyage de Macky aux Emirats avec des privés sénégalais, tout en soulignant que ce fut des privés privilégiés sur d’autres. Et dans les deux cas, j’ai dit bravo. Ces exemples rappelés seront importants pour la compréhension de la suite.
Pourquoi les états fabriquent-ils des milliardaires ? Un rappel de quelques notions de botanique.
Lorsque vous circulez dans les herbes sèches de nos savanes, des épines de cenchrus (khâkhâme en Wolof et hébéré en Poular) s’accrochent à vos habits, en général au pantalon. Vous vous en rendez compte loin du lieu d’accrochage. Vous les enlevez et les jetez. Mais à la prochaine pluie, c’est là où vous les avez jetées qu’elles germeront. La plante vous a utilisé comme moyen de transport pour emporter sa graine à germer dans un autre endroit de la terre que là où elle était, tout comme elle aurait utilisé tout animal ou oiseau passant. Les botanistes vous diront que la plante (Khâkhâme) a développé une stratégie pour coloniser la surface de la terre. Elle n’est pas seule à le faire. Le calotropis (Paftane en Wolof et Baamwaami en Poular) garnit ses graines de duvets, ouvre ses bulbes que le soleil sèche et laisse le vent détacher ses graines à duvets et les emporter le plus loin possible de leur mère. Ces graines germeront là où elles tomberont. Certains arbres et plantes utilisent les oiseaux comme moyens de transport de graines. Certaines graines sont consommées par les animaux pour ensuite être rejetées là où les animaux rumineront ou défequeront. Ainsi chaque plante, ou arbre disperse ses graines à tout vent. Mes parents Poulars disent : « Yo Alla sar leñol saaka. Mbele dho nedhdho yehi fof tawa toon banndum », (Qu’Allah disperse et éparpille la famille, la race, l’ethnie. Pour que quelque endroit où on sera on y trouve un parent).
Et lorsqu’une plante occupe une surface donnée de la terre pour y avoir, au préalable, dispersé ses graines, lorsque toute la famille germe et se développe, la phase finale du processus consistera à conjuger les efforts pour étouffer le développement de toute plante autre que la famille. Première étape : disperser les graines (le maximum pour minimiser les pertes). Deuxième étape : conjuguer les efforts et étouffer les autres.
Je disais merci à Abdou Diouf, pour avoir (directement ou indirecement) renforcer Aliou Ardo qui a lancé Yérim Sow. Et cela a permis à la presse sénégalaise de titrer fièrement : « Yérim Soww investit 10 milliards dans l’hôtellerie au Bénin ». Par cette voie, le Sénégal vient d’accrocher son khâkhâme au Bénin.
Et comment le Sénégal l’a-t-il réussi ? Comme la plante, il y a eu la phase de garniture de la graine en épine, l’utilisation d’un moyen de transport, après, il y aura la germination. Une phase de travail interne et une phase d’assaut vers le monde extérieur. Le poète Senghor aurait parlé « d’Enracinement puis d’Ouverture ». Dans le monde de la culture de Senghor, « le Rendez-vous du Donner et du Recevoir », l’enracinement est une condition siné qua non pour donner. Sinon, on ne fera que recevoir, on sera le consommateur de la culture des autres. Similairement, au rendez-vous de la mondialisation économique, tout pays a intérêt à fabriquer ses propres forces économiques, ses milliardaires, disons ses khâkhâmes, pour le prochain combat… d’étouffement.
Si nous avons bien compris, maintenant, quel est le rôle du FMI et de la BM pour les économies occidentales ? Pour leurs milliardaires ? La réponse c’est : porteurs de khâkhâmes. Oui, porteurs de khâkhâmes. Un pays a besoin de prêt, le FMI ou la BM fixent leurs conditions : privatisations, et ce sont les entreprises qu’ils portent sur leurs ailes qui seront acquereurs ; ou marchés de travaux que les mêmes entreprises doivent gagner. Dans tous les cas, ils accrochent leurs khâkhâmes dans les pays demandeurs. Au même titre que ces institutions, les présidents aussi se déplacent toujours avec des pools d’entrepreneurs, des khâkhâmes qu’ils cherchent à accrocher quelque part. Les armées occidentales (françaises en général) qui interviennent en Afrique, ont toujours derrière le dos des entreprises à implanter, encore des khâkhâmes. Et pendant que cela se fait, les discours qu’on nous tient font croire que c’est par pure amour pour nous que ces interventions se font. Un indice pour prouver ce mensonge. Jamais les indices de valeurs françaises n’ont baissé en bourse parce qu’elle s’apprête à intervenir au Mali ou en RCA. Si nos politiques disent que la France y perd par amour pour nous, les spéculateurs en bourses n’y croient pas.
Ça, si les sénégalais ne l’ont pas compris au point que c’est chaque graine qui détruit l’autre graine de la même famille, les pays du monde, eux, l’ont compris et oeuvrent dans ce sens. Voilà ce qui explique la fabrique des milliardaires dans tous les pays du monde. Voilà qui explique que, la fabrique de milliardaires étant vitale pour le prochain rendez-vous de la mondialisation économique, les pays se sont faits très peu regardant sur la manière de faire leurs milliardaires, l’essentiel étant d’en faire. Si les sénégalais s’empêchent, donc, les uns les autres, d’être des khâkhâmes, alors, ils seront des porteurs de khâkhâmes.
Nous venons de comprendre que la fabrique de milliardaires est une qualité d’un dirigeant et non un défaut. Si certains sénégalais l’avaient compris, ils n’auraient pas reproché à Wade d’avoir dit qu’il a fabriqué des milliardaires, ils auraient nié qu’il l’ait fait. La fabrique de milliardaires est nécessaire pour ne pas être un pays consommateur au rendez-vous de la mondialisation de l’économie.
On peut comprendre un pouvoir, au Sénégal, qui veut assainir les finances pour une circulation d’argent « propre », pour une fabrique de milliardaires en argent « propre ». On peut comprendre, mais on attend un échec certain. Pourquoi ? Parce qu’une hirondelle ne fait pas le printemps. Dans un monde où ces notions d’argent propre n’existent pas, le Sénégal seul ne pourra les faire exister. Le tenter serait une voie absolument certaine de mise en banqueroute de la république. Comment ? Si on refuse à ses nationaux cet argent dit sale, il faut refuser l’entrée d’argent sale venant des milliardaires étrangers, pour assurer une propreté. Et alors, aucun franc n’entrera au Sénégal. Parce que j’attends qu’on me déniche un franc propre dans le monde dans le sens où chaque fortune doit justifier tout franc.
Et pendant ce temps, combien de khâkhâmes français sont accrochés au Sénégal ? Combien le pouvoir actuel a trouvé déjà décrochés et qu’il a raccroché ? Alors, demain l’étouffement de l’économie sénégalaise ? A qui la faute ?
Science sans conscience n’est que ruine l’âme.