Le Sénégal amorce son redécollage économique, en œuvrant à la concrétisation de son ambition d’être une nation émergente. Avec l’élaboration du Plan Sénégal Emergent (PSE) chiffré à plus de 10.000 milliards de F CFA, avec un taux de croissance de 7 % d’ici à 2023. Ledit programme vise au moins 1853 milliards de francs CFA, au sortir du Groupe consultatif de Paris et espère obtenir le complément (1111 milliards FCFA) du secteur privé.
C’est aujourd’hui que demain se prépare. Le chef d’orchestre, Macky Sall, en tête de peloton de la mission commando à Paris avec son nouveau duo d’argentiers, Amadou Ba et Mamadou Makhtar Cissé, entend démontrer que l’on ne navigue pas à vue sous son pouvoir. Surtout qu’il a décidé de mettre les populations sénégalaises, syndicats, élus et secteur privé y compris, au cœur de ses projets, en préparant le futur du Sénégal, à travers son Pse qui servira de rampe de lancement à la première séquence 2014-2018 mais, également l’ensemble de la vision qui, au-delà de 2018 jusqu’à 2035, devrait porter le Sénégal sur le chemin de l’émergence. Pourtant, le défi semble à portée, et pour cause.
Horizon 2035
Le pays sort d’une deuxième alternance politique en mars 2012 ovationnée à travers le monde, renforçant la réputation d’îlot de stabilité dans une zone de turbulences politico-terroristes, et dont l’actuel gouvernement est en droit d’attendre des retombées importantes. Celles-ci ne demandent qu’à être cueillies comme des fruits mûrs, mais sous conditions : élaborer un projet de société «vendable» et donner des assurances d’un environnement des affaires attrayant. Mais aussi éviter le syndrome de l’impréparation du 1er rendez-vous par le gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye et les errements de son ministre des Finances de l’époque, Amadou Kane. Ainsi, comme le stipule le Plan, en 2035, la société sénégalaise serait caractérisée par une économie compétitive soutenue par une croissance forte aux fruits mieux répartis, sur l’ensemble du territoire. Quid d’une population instruite, bien formée et engagée au niveau des communautés locales et nationale et une meilleure qualité de vie. Le Pse, chevillé autour de la Stratégie nationale de développement économique et sociale (Sndes), cherche d’abord à infléchir d’ici à l’horizon 2018, les tendances lourdes identifiées par la rétrospective socio-économique. Ensuite, elle voudrait tenir compte des facteurs déterminants et enfin intégrer le jeu des acteurs révélé par la participation des parties prenantes dans la mise en œuvre. Ce qui explique d’ailleurs que le patron des Finances, Amadou Bâ, et son collègue du Budget, Mouhamadou Makhtar Cissé, enchainent les «réunions d’information et de partage» sur le Pse avec l’ensemble des secteurs d’activités.
Syndicalistes, privés et élus en osmose
Les centrales syndicales ont accordé au Plan Sénégal Emergent un avis favorable, tout en affirmant leur volonté d’accompagner les autorités pour sa réussite. La Cnts/Fc d’abord, estime que les syndicalistes ont intérêts à accompagner le Pse, compte tenu des objectifs fixés pour la création d’emplois. «Le Pse est un instrument de développement éclairé, mais aussi de contrôle de l’action gouvernementale par les populations», disait Cheikh Diop Pour sa part, Mody Guiro, Secrétaire général de la Cnts, a mis l’accent sur le défi que doivent relever les centrales syndicales dans la croissance économique pour permettre au Sénégal de se retrouver sur la liste des pays émergents. Nous pensons que c’est par l’investissement que nous pouvons créer des emplois nouveaux», se convainc-t-il. Le président de la Fondation Bill Gates, éponyme du philanthrope américain et entrepreneur, pour le développement global, Christopher Elias, a exprimé son soutien au Plan Sénégal Emergent du président Macky Sall. Cette vision de développement lancée par le chef de l’État, Macky Sall, sera soutenue par la Fondation BG. Selon son chairman, le PSE est un des leviers stratégiques les plus importants du continent pour booster son développement. Le Sénégal jouera un rôle de pionnier pour relever ce pari du développement de l’Afrique. Une des meilleures voies que doivent emprunter les États africains dans la prochaine décennie, pour réaliser leur développement. Il a alors déclaré que «le Plan Sénégal émergent est un excellent plan pour développer le Sénégal et servir d’exemple à toute l’Afrique».
Voix discordante des alliés
Le Plan Sénégal émergent (Pse) ne fait pas l’unanimité, du moins dans sa conception. Dans le concert d’approbations que les syndicalistes ont décernées au Plan Sénégal Emergent (Pse), une seule voix est restée discordante, celle de Bakhao Diongue Diouf. La syndicaliste a en effet, vivement critiqué le Pse, avant de relever des incohérences et la part essentielle dédiée aux infrastructures comme premier secteur prioritaire avec 52,5% des investissements prévus. Bakhao Diongue Diouf pense qu’un autre choix s’imposait. «Il faut insister sur les secteurs primaire et tertiaire». Par ailleurs, de nombreux partis alliés affichent leur scepticisme. «De quelle émergence nous parle-t-on», s’esclaffait le secrétaire général de la Ld, Mamadou Ndoye, à l’occasion du Forum des jeunes de son parti. «Il n’y a pas une bonne visibilité de l’orientation politique économique du Sénégal», fustigeait les jallarbistes. L’ancien ministre des Finances a aussi torpillé le Pse du président Sall. Moussa Touré qui souligne toutefois l’importance de «la réunion du Groupe consultatif, précise que le Plan n’est pas si ambitieux. Sa réalisation serait même à revoir, selon l’ancien ministre des Finances, Moussa Touré, leader du parti pour l’éthique et la transparence. Prévenant les Sénégalais, il pense qu’il faut éviter de faire comprendre aux citoyens que le pays va revenir de Paris avec des coffres pleins d’argent. Le Sénégal décline ce qu’il apporte et chacun fait ses promesses et l’équipe revient à Dakar. «Il faut vraiment être prudent. Les montants qui sont annoncés ne sont jamais réalisés», avise-t-il.
Projets grandioses
Un plan directeur a été conçu en tenant compte des attentes des Sénégalais, via plus de 160 entretiens menés partout dans le pays et portant sur plus d’une vingtaine de secteurs. Le Programme triennal d’investissements publics (2014-2016) d’un coût de 3 467 milliards F Cfa a été adopté et passera dans sa phase de réalisation à partir de 2014. Les chantiers qui seront engagés concernent des domaines stratégiques que sont, entre autres, la construction de l’autoroute Aibd-Thiès-Touba, longue de 120 km pour un coût de 400 milliards de F Cfa. La construction du port sec de Kaolack pour un coût de global de 30 milliards de F Cfa. Quid du fumeux projet de tramway de Dakar, qui suscite pas mal d’interrogations, lorsqu’on sait que sa faisabilité reste douteuse, du fait du déficit énergétique notoire au Sénégal ? D’ailleurs, les infrastructures énergétiques ne sont pas en reste dans ce vaste programme avec 9,8% du budget alloué à ce secteur. En perspective de 2017, il faut trouver le financement des investissements pour une puissance installée de 1 095,5 Mégawat et pour un montant de 1.982 milliards de F Cfa dont 25% en Partenariat Public Privé. Il s’est aussi agi de la mise en place de 150 à 200 microprojets de soutien de l’agriculture familiale. La résolution progressive en déficit en logements sociaux estimés à 300 000 habitations, avec à la clé la construction de 10 à 15 mille habitats par an. Avec le tourisme, il sera créé 4 incubateurs micro-touristiques et formation de 750 micro-entrepreneurs touristiques d’ici à fin 2015. Quid de la mise en place du fonds d’impulsion d’ici fin 2014, la création de zones dédiées dans 10 grandes zones touristiques d’ici fin 2014 et la conception et distribution de brochures dans ces mêmes zones d’ici fin 2014. Le Pse prévoit l’exploitation effective du gisement de Falémé dans les 8 ans. La production annuelle de 15Mt à Falémé dans les 10 ans et l’augmentation de la production à 25 millions de tonnes dans les 20 prochaines années.
REWMI