La Planification spatiale relève de la philosophie de la science, elle renvoie à l’utilisation de la Science dans l’encadrement des actions à effectuer.
(CAMHIS, 1979)
Nos travaux de recherche et d’écriture sur le développement du Sénégal ont débuté en 2013. En cette fin d’année, je profite de l’occasion pour remercier mes lectrices et lecteurs pour leurs critiques, leurs encouragements et leurs appréciations. J’en profite également pour leur souhaiter une année de Paix. Car elle est la seule constante qui importe vraiment, car sans la paix des cœurs, de l’esprit et du corps, il ne peut y avoir de développement. Si 2013 fut une année où l’essentiel de mes textes démontrait que les territoires du Sénégal devraient être à la fois la sève nourricière, l’aiguillon et l’objectif de l’action publique pour le développement, 2014 sera une année placée sous le signe de la Planification Étatique, de l’Importance de l’État (en tant qu’appareil d’exécution), de la dimension hautement stratégique de la planification sectorielle et de la Gestion des deniers publics axée sur les résultats au sein des ministères par exemple. Ma conviction demeure qu’au nom d’une démocratie du peuple, par le peuple et pour le peuple, le citoyen a droit à la même information technique que nous, experts, prodiguons aux décideurs politiques.
Le choix de la planification est né du constat que le peuple sénégalais, à l’image des grands peuples démocratiques, est devenu très exigeant en termes de résultats concrets. Et toujours dans cette optique, les peuples démocratiques ne pardonnent jamais aux régimes politiques les deux choses suivantes :
* Premièrement, les peuples ne pardonnent pas à une classe politique le fait d’être en retard par rapport à eux. Et un tel déphasage se traduit par une multiplication d’actes sources d’incompréhension et de défiances entre gouvernants et gouvernés.
* Et ensuite, l’absence d’une logique planificatrice est fatale pour un gouvernement, car la planification est la preuve de l’existence d’une vision politique claire, méthodique et rigoureuse.
In fine cette inexistence d’une planification étatique enlève aux populations et surtout à la jeunesse, l’espoir en un avenir meilleur. J’en veux pour preuve, lors de l’avènement de la première alternance, ce fut ce sentiment-là qui nous anima. L’enseignement que j’en ai tiré est que l’application aveugle d’une politique d’ajustement structurel par le régime socialiste d’alors avait fini par donner au peuple l’impression d’être embarqué de force dans un navire voguant dans des eaux mortes. Par voie de conséquence, la réaction citoyenne et politique fut la naissance d’une volonté de changement brusque et rapide que les plus désespérés exprimèrent par l’absolue nécessité de partir vers des cieux où l’espoir était encore permis.
La Planification Étatique est donc cet exercice qui doit assurer à un État un enracinement au contexte socio-économique et en même temps, c’est elle qui lui confère une cadence soutenue dans sa marche résolue et réfléchie vers un développement concerté et souhaité. La Planification Étatique répond à une logique très simple : l’humain a besoin d’avoir de l’espoir en ses gouvernants, et il ne lui est permis d’en avoir que quand il obtient au quotidien des résultats souhaités. Or, il ne peut y avoir de résultats souhaités sans que l’action publique soit pensée incubée et programmée. Et c’est cette phase de recherche, de montage et de formulation de l’action publique que nous appelons la Planification Étatique. La logique planificatrice doit s’exercer et s’articuler à la fois sur (1) les Territoires spécifiques, sur (2) l’État en tant qu’appareil, et sur (3) les Programmes Sectoriels. Cependant, ces trois dimensions sont complémentaires dans le sens où la connaissance des territoires détermine la typologie et les fonctionnalités de l’appareil étatique dans sa globalité et son niveau d’efficience en tant que pouvoir exécutif. Ainsi, la planification garantit la mission fondamentale d’un État moderne qui est de réunir les conditions d’épanouissement de sa population, en lui prodiguant un milieu, un niveau et un cadre de vie attrayants. De ce fait, pour que l’appareil d’État soit efficient, il faut que sa structure, son organisation et son attelage gouvernementaux soient adaptés aux exigences de développement de chaque territoire qui compose son espace national. L’État est alors restructuré en fonction de l’information et des spécificités des territoires. Par ce procédé, l’État est plus apte à déterminer les planifications stratégiques à appliquer aux différents secteurs tels que la santé, l’économie, l’éducation, la défense…Voilà le cercle vertueux qui se trouve au soubassement d’une logique planificatrice articulée autour du temps de recherche et d’actualisation du savoir, de l’évaluation des résultats et des actions précédemment exécutés; et une fois passées ces étapes, on est alors en mesure de formuler des projets et programmes constitués par des actions réorientées, budgétisées et mesurables. En effet, l’ingénierie de la Planification coûte autant d’énergie et d’efforts que la phase opérationnelle où l’action est exécutée par les techniciens. C’est pourtant cette dernière phase que les populations verront. Cependant, il faut préciser que les citoyens ne s’intéressent pas à l’action exécutée en tant que telle. Ce qu’elles retiennent, ce sont les résultats qui répondent à leurs attentes. Ainsi, la planification prépare l’action publique pour le développement, elle permet sa bonne mise en œuvre et surtout, la planification garantit l’atteinte d’objectifs souhaités et attendus.
Voilà, l’idée simple qui se trouve derrière le terme technique de GAR (La Gestion Axée sur les Résultats) et CDMT (le Cadre de Dépense à Moyen Terme) que nous développerons dans nos travaux à venir notamment concernant la planification stratégique au sein des ministères. De nos jours, on a tendance à limiter la planification à sa forme budgétaire (qui n’est en réalité qu’un champ d’application de la planification stratégique). Je ne partage pas cette approche réductrice et ma conviction est qu’une Planification Étatique mature doit suivre une logique en trois dimensions : l’Espace (donc les territoires d’une nation comme objet), le Sujet (l’appareil exécutif, lui-même) et les Programmes et projets sectoriels projetés dans le Temps (les horizons temporels à 1, 5 et 20 ans). Ceci donne naissance à une logique planificatrice composée de trois formes de planifications complémentaires et articulées :
1 – Une Planification spatiale
2 – Une Planification globale
3 – Et Une Planification stratégique
Parti -1- La Planification spatiale
Faisant suite à nos travaux de 2013, la Dimension spatiale dans la planification étatique démontre que les territoires du Sénégal doivent d’abord inspirer l’action publique, ensuite ils doivent être les réceptacles de l’intervention publique et enfin le développement durable de ces mêmes territoires doit demeurer la finalité de l’action gouvernementale pour le développement. Nous disons alors que les territoires sont au début, au milieu et à la fin de l’action publique. Les physiciens et les sociologues le savent bien : la nature de l’objet d’étude doit déterminer une bonne partie de la méthodologie d’intervention (l’action), mais elle doit aussi définir la posture de l’acteur (ici l’État) en charge de l’action. Voilà pourquoi la dimension territoriale (Spatiale) est la clef de voute de la Planification Étatique. Pour une action publique efficiente, l’État doit consentir à une mutation structurelle et organisationnelle pour s’adapter aux spécificités des territoires et épouser une forme organisationnelle dictée par les réalités sociologiques, économiques et géographiques des territoires, d’où la dimension hautement stratégique de la réforme de la politique de décentralisation et de la territorialisation des politiques publiques.
En effet, la planification spatiale propose une approche fondée sur une lecture horizontale intégrant les formes et les forces des territoires pour assurer à l’État une meilleure pertinence de son action. Cela n’est pas qu’une question d’aménagement de territoire ou de décentralisation. La réalité est que L’État central, dans la planification de ces départements sectoriels (décentralisé où non) a besoin de l’information territoriale pour une orientation de sa politique nationale. C’est le concept de territorialisation des politiques publiques qui ne peut se faire qu’avec un État Planificateur. Prenons l’exemple de la Santé. Nous avons tendance à considérer qu’en matière de politique de santé, l’important est de s’assurer d’une pratique médicale de qualité et des moyens en quantité. Mais, à travers cette conception simpliste, nous oublions le fait que la santé est un fait social total, et que ce sont les conditions environnementales, économiques et sociologiques qui déterminent les raisons qui poussent un individu à se présenter à un poste de santé. Ainsi, d’un territoire à un autre, l’expression des besoins en soin de santé varie selon qu’on vive à Dakar, au Fouta, en Casamance ou au Baol. Et qui plus est, dans nos hôpitaux, la première personne qui nous accueille est le vigile, ensuite le caissier, enfin l’infirmier. Dans les pays organisés (donc développés), c’est l’équipe de gestion hospitalière qui accueille le patient, obtient les informations nécessaires à la codification de sa venue et le redirige vers les services compétents. Elle transmet ensuite les informations via le système de gestion en réseau à des fins de planification de la politique de santé. À la fin de l’année de gestion, et sur l’ensemble des territoires, il est possible de faire une classification des faits de santé. C’est ce type de gestion et de traitement des données que devrait appliquer le Sénégal pour connaitre par exemple le nombre d’accidents de circulation (Djakarta, charrette ou car rapide), d’accidents domestiques, ou tout autre problème de santé publique… et ceci à l’échelle de chaque territoire. C’est comme cela qu’on pourrait déterminer la quantité et le type de sérum contre les morsures animales nécessaires en milieu rural, le budget de prévention routière à allouer au territoire le plus mortel en termes de sécurité routière, des filières de formation à privilégier. Ainsi, l’information territoriale et l’approche territoriale permettent les grands exercices de planification que sont les Plans de Planification Territoriale et les Stratégies de Développement Économique spécifiques et adaptées aux territoires.
Conclusion :
Avec ces exemples, nous pouvons retenir que toute politique publique qui se veut efficiente doit prendre en compte les paramètres spécifiques aux enjeux du milieu en question. Même la criminologie a démontré que le crime change de forme en fonction du territoire et je m’avancerai en disant que la criminalité, en tant que phénomène social, change selon que l’on se trouve au Baol, à Dakar, au Fouta ou en Casamance. Ces exemples sur la planification spatiale et son impact sur la politique de santé, sur la criminologie, la décentralisation, la déconcentration, le développement économique, l’environnement et j’en passe, démontrent que la dimension territoriale est une variable à intégrer dans l’action étatique depuis la phase d’incubation jusqu’à la phase opérationnelle des projets et programmes d’action publique. Nous devons dépasser cette conception rétrograde d’un État régulateur (Administrateur) dans un pays pauvre où tout est à construire. Nous devons comprendre que la planification et la gestion axées sur les résultats sont une expertise, une ingénierie et des techniques à part et foncièrement différentes des règles d’administration héritées des colons où d’un fonctionnement purement bureaucratique. L’incubation, la formulation, la planification, la gestion et l’évaluation des politiques sectorielles sont des expertises applicables à tous les départements sectoriels. Et d’un autre côté, les connaissances et pratiques techniques dans un secteur donné sont différentes des logiques de management, de gestion et de planification du secteur considéré. Vous comprenez alors qu’une logique planificatrice, et particulièrement dans sa dimension spatiale, est tout simplement une obligation pour un état qui se veut efficient. Toujours dans l’optique d’étayer l’importance de la planification pour un État aspirant à l’émergence, nous aborderons les deux autres formes de planification (globale et stratégique) et leur articulation fonctionnelle dans la prochaine publication.
Dans l’attente, je termine par cette citation du père de la Chine moderne SUN YAT SEN qui disait que « dans la construction d’un pays, ce ne sont pas les travailleurs manuels qui manquent, mais bien les idéalistes et les planificateurs. »
SUN YAT SEN (12 novembre 1866 – 12 mars 1925).
Moussa Bala Fofana (Canada-Montréal)
Chef de projet en Planification de la politique des pouvoirs publics?-
Ingénieur d’étude en Planification territoriale de l’INPL – Institut National Polytechnique Lorraine – France
-Spécialiste en Sociologie Urbaine, du Développement, des Organisations et de l’Action Publique
– Expert en Développement Territorial, Développement Local et Transfrontalier
Un préalable à toute planification d’un état: l’existence d’un état impersonnel. La continuité de l’état au delà des personnes est une condition siné qua none de la planification. Or ce qu’on vit au Sénégal, c’est la destruction systématique de tout du pouvoir précédent, par le pouvoir présent. Alors comment planifier ? Sur un an ? Sur 3 ans ?
Encore un texte, a croire que que les africains preferent ecrire de joli document au lieu dagir
tous ce que jai appris dans ce texte c des definitions de mots et dexpressions de la langue francaise,
INSTRUCTIF, J’ATTEND LE SECOND EN PLUS C’EST BIEN ÉCRIT.
J’ESPERE QUE NOS DIRIGEANTS VOUS LIRONS, CE QUI EST SUR C’EST QUE LE MONDE EST D’ACCORD SUR LE RETOUR DE LA PLANIFICATION ET VOUS ABORDER LE QUESTION DU COMMENT. FELICITATION.