6h02, ce lundi matin sur l’aéroport de Genève. Le Boeing 767-300 d’Ethiopian Airlines à destination de Rome qui vient d’être détourné par le copilote de l’appareil se pose, escorté par deux mirages 2000 de l’armée française. Quelques minutes plus tôt, alors qu’il était encore dans l’espace aérien italien, ce sont deux Eurofighter de l’armée transalpine qui l’accompagnaient.
Mais à aucun moment l’armée suisse n’est intervenue. Pourquoi? Non pas que ses responsables n’aient pas été prévenus (elles l’ont été à 4h30 du matin) mais parce qu’il était trop tôt. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les militaires helvètes ne sont pas opérationnels avant 8h du matin.
Pas de vol en dehors des horaires de bureau
C’est un porte-parole de l’armée qui confirmé à des médias locaux cette information difficile à croire: « En 2014, l’armée de l’air suisse n’intervient que durant les heures de bureau », a expliqué à 20minutes Laurent Savary, porte-parole des forces aériennes suisses. A La Tribune de Genève, il a même expliqué que « les forces aériennes suisses sont disponibles entre 8h et 12h et de 13h30 à 17h ».
En clair, les restrictions budgétaires ne permettent pas de faire voler des avions n’importe quand. « Vous avez un budget et vous êtes obligés de faire des choix en fonction de vos priorités », a avoué Juerg Nussbaum, porte-parole de l’armée suisse.
Seuls des radars surveillent l’espace aérien suisse en continu. En cas d’urgence, Berne compte donc sur la coopération avec ses voisins, qui ont le droit d’entrer dans son espace aérien, pour se protéger. « Celle-ci a bien fonctionné », se félicite Laurent Savary. Dans le cas contraire, c’est une catastrophe qui aurait pu se produire.
Que se passera-t-il si la Suisse ferme ses frontières?
Une semaine après la votation qui pourrait aboutir à une limitation de l’immigration, cette affaire ne va pas manquer de raviver les débats entre les deux camps. Elle va donner du grain à moudre aux populistes de l’UDC qui sont favorables à une Suisse indépendante et autonome, refermée sur elle-même disent leurs détracteurs. Pour eux, cette histoire va être un prétexte de plus pour réclamer des moyens supplémentaires pour l’armée.
A l’inverse, ceux qui ont voté contre à la consultation vont y trouver un exemple parfait des risques encourus par le pays si celui-ci décide de fermer ses frontières.
Ces divergences vont réapparaître en mai. Les Suisses voteront en effet sur l’achat de nouveaux avions de chasse Gripen. Décidé par le gouvernement et le parlement, le financement doit encore être approuvé par le peuple. Mais selon un sondage diffusé lundi, 53% des Suisses s’opposent à une telle dépense.
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