La dépigmentation chimique (‘’khessal’’ en ouolof) est un véritable fléau, surtout dans nos pays pauvres, du fait des charges qu’elle implique, mais aussi des nombreux problèmes sanitaires qu’elle engendre (cancers, infections et autres pathologies dermatologiques et métaboliques).
Contrairement à une perception simpliste largement répandue, il s’agit d’un phénomène complexe, très complexe, car lié au psychisme. Dans tous les cas, il y’a une auto dévaluation, une autodépréciation du fait donc de préoccupations obsessionnelles liées à l’esthétique. Ainsi, la dépigmentation chimique est véritablement le fait d’une névrose obsessionnelle ou d’un rituel pour la soulager ; et comme toute névrose (tourmente) elle est toujours liée à une défaillance dans la compréhension des problèmes existentiels qui nous assaillent et nous interpellent au quotidien. Et c’est cela qui explique les difficultés de la prise en charge, en dehors d’une approche psychothérapique appropriée – tenant compte de la dimension spirituelle.
En effet, dans toutes les pratiques néfastes, la sensibilisation classique ne règle pas les problèmes ; oui, la prise de conscience des conséquences dramatiques liées à la pratique à risque est certes une démarche importante, mais non déterminante ; sinon, aucun médecin ne fumerait ou n’absorberait une goutte d’alcool. En vérité, l’homme est sur une trajectoire d’autodestruction tant qu’il ne s’engage pas sur la voie droite, la voie de Dieu (103. Le Temps : 1-3 – Al-‘Asr). En effet, dans la perspective religieuse, Dieu le Tout Puissant a créé l’homme dans sa forme la plus parfaite (sainteté), puis l’a rabaissé à son plus bas niveau (âme animale) avec toutes les tares possibles et imaginables ; ce qui en fait naturellement, un être instable mentalement, pressé, insouciant, passionné, avide de plaisirs, et donc forcément un sujet à risque, un prédateur pour lui-même et pour tout son entourage ; oui, cet être handicapé qui s’ignore et qui est sur une trajectoire d’autodestruction n’a de salut que dans la foi en Dieu et à l’accomplissement des bonnes œuvres, pour retrouver étape après étape sa perfection initiale, son état angélique, au prix d’une lutte âpre contre sa propre nature – Un véritable « Djihad » ! [(95. Le Figuier : 4-6 –At-Tîn) ; (90. La Cité: 10-18 ; Al-Balad)]. Ainsi, l’accès à la perfection ou à la » bienfaisance » (Ihsaan) ne peut se faire que dans la contrariété, dans la soumission à la volonté de Dieu. Oui, point de religion sans épreuve !
La dépigmentation chimique est, à l’évidence, liée à une névrose (distorsion mentale) ; en témoigne son association fréquente à un trouble du comportement ou à une turpitude d’une manière générale ; et indéniablement, elle est dans tous les cas le fait d’un égarement ou d’une incrédulité ; et c’est dire donc que seule la prière (en son temps et dans les règles de l’art) permet véritablement de s’en départir – ainsi que des autres turpitudes (tabac, drogues, vin, etc.).
(45) Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la prière. En vérité, la prière préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu’il y a de plus grand. Et Allah sait ce que vous faites. (29. L’Araignée : 45 – Al-Ankabût)
L’Evangile confirme le rôle protecteur de la prière contre la tentation : (45) Et s’étant levé de la prière, il (Jésus) vint vers ses disciples, qu’il trouva endormis de tristesse ; (46) et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation. (Voir : Luc 22 : 45-46)
Ainsi, chez la femme musulmane qui prie, la dépigmentation chimique (khessal) est le plus souvent le fait d’une irrégularité ou d’un manque d’application dans la prière ; parfois le fait d’un engagement dans une voie hérétique ou d’une non- soumission à un maître (parents ou époux) ; et toujours le fait d’une instabilité mentale et d’une prise en charge spirituelle déficiente. Oui, dans la perspective religieuse, la voie de stabilité mentale, passe par la prière et se confond pratiquement avec celle du bonheur [(70. Les Voies d’Ascension : 19-35 – Al-Ma’ârij) ; (23. Les Croyants ; 1-11 – Al-Mu’minûne).
Et en réalité, la cause intime de la dépigmentation chimique: c’est Satan – le démon maudit, notre compagnon invisible qui nous inspire la turpitude, et donc, entre autre, à « changer la création de Dieu » ; le Coran est très explicite :
(118) Allah a maudit le Diable (le Démon) ; et celui-ci a dit : « Certainement, je saisirai parmi Tes serviteurs, une partie déterminée. (119) Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, je leur commanderai, et ils fendront les oreilles aux bestiaux ; je leur commanderai, et ils altéreront la création d’Allah ». Et quiconque prend le Diable pour allié (patron) au lieu d’Allah, sera, certes, voué à une perte évidente. (4. Les Femmes : 118-119 – An-Nisâ’)
En vérité, l’épanouissement de la femme ne passe que par la soumission à l’homme, quelque soit son âge et sa capacité financière – Telle est la voie droite, la voie de Dieu ! Et toute rébellion, témoin d’une incrédulité et donc d’un égarement, accroît la névrose et se traduit par une augmentation de l’agressivité et d’autres manifestations tel que l’anxiété, l’angoisse, troubles de l’humeur (la dépression ou la manie), pouvant évoluer, par la somatisation, vers certaines maladies psychosomatiques (cardiovasculaires, dermatologiques, gastro-intestinales, endocriniennes, etc.). Ainsi, la dépigmentation chimique et toutes les manifestations névrotiques, ne constituent que « des signes extérieurs, reflets visibles d’un malaise que la femme aurait préféré garder et qui dévoilent avec impudeur son monde intérieur ». Et c’est dire que sa prise en charge nécessite une approche multidisciplinaire impliquant dermatologue, psychiatre, parfois cardiologue, diabétologue, etc. En effet, elle constitue une véritable auto- agression qui peut induire des réactions inappropriées, néfastes pour l’organisme, et donc des pathologies « auto-immunes » (suicides biologiques) pouvant intéresser tous les organes. Et du fait de l’importance de l’’’assistance pastorale’’ dans la prise en charge des maladies psychiques, le recours à un guide spirituel est très souhaitable, voire obligatoire. Et dans tous les cas, l’invocation du nom de Dieu, et plus particulièrement l' »appel de sa bénédiction sur le Prophète (PSL) » (salâtou ‘alâ nabi) (*), constitue un élément primordial de l’arsenal thérapeutique – une véritable panacée !!!
DOCTEUR MOUHAMADOU BAMBA NDIAYE
Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar
Pédiatre à Thiès
Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès). http://sites.google.com/site/universitevirtuellelasagesse/
(*) L’appel de la bénédiction de Dieu sur le Prophète (PSL) ou ‘’prière sur le Prophète (PSL)’’ (« salâtou ‘alâ nabi »). La formule la plus commune:[« allâhoumma çalli ‘alâ sayyidina Mouhammadin wa salim » = Dieu accorde ta bénédiction, ta grâce et ton salut notre Maître Mouhammad(PSL) – le Sceau des Prophètes. Et la « salâtou’l fatiha » et la ‘’djawharatou’l kamâl’’ qui entrent dans l’agencement du Wird de Cheikh Ahmad TIDJANI Chérif – le ‘’Sceau des Saints’’ -, constituent les formes les plus achevées de la « salâtou ‘alâ nabi ».
Merci pour cette contribution sur un sujet qui interpelle tout Africain, préoccupé par ma santé de nos femmes!
D’aucuns objectent souvent que les femmes et hommes de « races » blanches, partout dans le monde font du bronzage à outrance dès les premiers rayons de soleil dans ces pays si sevrés de soleil, plus de 8 mois sur 12! Certes ce bronzage peut être aussi dangereux que certains types de « Khéssal » mais il faut reconnaitre que cette pratique ne fait plus de victimes en Europe et ailleurs que sur des personnes qui s’exposent au soleil pendant des heures et pendant des années. Ce Khéssal, dit dépigmentation de la peau chez les femmes nègres(terme raciste du reste, parce que personne ne dirait en Europe que les personnes qui font du bronzage voudraient être des noirs) fait plus de dégâts sur la santé des Africaines que tout autre produit corporel. Lors de la célébration de la journée du 8 mars, dédiée aux femmes, j’ai eu l’information, selon laquelle les milliers de cas de cancers du col de l’utérus et du sein pouvaient être évités si les femmes Sénégalaises se faisaient dépister au moins une fois tous les deux ans, à raison de 5000 FCFA la visite pour un frottis et un peu plus pour une mammographie. Quand on sait que chaque femme Sénégalaise âgée entre 15 et 55 ans dépense en moyenne 50.000 FCFA/an pour ses mèches et perruques, ses pommades de toute nature, on est en droit de s’inquiéter sur le niveau de conscientisation des peuples Africains! C’est le lieu de remercier ici madame Mame Diarra Guèye de l’Association des femmes qui s’activent contre ce fléau, ainsi que le docteur Nafissatou Bâ qui se battent pour que les femmes aient le réflexe de se faire dépister au moins deux fois par an. Ce Khéssal qui semble opérer un recul au Sénégal, grâce aux images de femmes complètement défigurées véhiculées par les télévisions du Sénégal reste quand même un sujet préoccupant qui doit être combattu! Merci Docteur, continuez!