ASSANE BA MEMBRE DU COMITE DIRECTEUR DU PDS
« Macky s’est servi des institutions judiciaires du pays pour casser de l’opposant »
Dans un diagnostic, sans complaisance, qu’il a dressé des deux ans de gestion du Président Macky Sall, Assane Bâ, membre du comité directeur du Parti démocratique Sénégalais n’a pas été tendre avec le régime en place. Selon lui, le Président Macky SALL s’est servi de la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite) supprimée par la loi 84-19 du 02 fevrier 1984 portant sur l’organisation judicaire, pour casser de l’opposant. C’est ainsi, que les décisions de la haute cour de justice de la CEDEAO du 22 février 2013 n’ont jamais été appliquées par le gouvernement. A ce titre l’article 98 de la constitution a été violé, selon cet administrateur de société.
Quels enseignements tirez-vous des deux ans de Macky Sall au pouvoir ?
Je pense que les deux ans de gestion de Macky Sall sont véritablement très déplorables. Parce qu’au niveau économique, social et dans le secteur de l’éducation nationale, Macky Sall est en train de pédaler dans la choucroute. Il a plongé le pays dans la misère la plus grave, jamais connue dans ce pays. Aucun investisseur n’est venu dans ce pays depuis le déclenchement de la traque des biens supposés mal acquis ; c’est des centaines d’entreprises qui se ferment quotidiennement selon le conseil national du patronat. Le Président Macky Sall avait promis de les aider mais jusqu’ici elles sont dans l’attente.
. Aujourd’hui, le gouvernement a concocté un plan Sénégal émergent qui n’est qu’une copie pâle du document de politique économique et social(DPES) du Président Wade. Ce plan a été fait dans ses grands axes par le cabinet, McKinsey, en collaboration avec une succursale écran Disso payé a 2 milliards 500 millions sur le dos du contribuable Sénégalais. L’expertise nationale a été laissée en rade au profit. de lobbies étrangers. Et c’est extrêmement grave. Sans compter les 650 millions payés a un cabinet de communication étranger pour vendre leur produit. Mais, le plus étonnant, c’est que la morosité sociale est la; les jeunes ne travaillent plus. Le Président Macky Sall avait promis 500 mille emplois pendant son magistère de 7 ans ; on est à deux ans et rien n’est fait. Nous n’avons vu que dix mille calots marrons précaires, et un complément d’effectifs de 5500 ( gendarmes, militaires, douaniers et personnels d’appoint) au niveau de la fonction publique. À ce niveau on ‘est très loin du compte. Il n’y a que ça. Macky n’a pas encore réussi à résorber son gap de 70000 emplois par an, ce qui lui ferait 140 000 emplois pour les deux ans de son magistère. Et je pense que c’est extrêmement grave parce que l’avenir du pays repose sur la jeunesse. Aujourd’hui nous sommes en face d’une justice des vainqueurs : Le gouvernement a demandé et obtenu de l’assemblée nationale la levée de l’immunité parlementaire des députés PDS: Omar Sarr, Ousmane Ngom, du ministre Samuel Sarr, depuis un an sans être inculpés ou entendus sur quoi que ce soit. Il faut également noter leur interdiction de sortie du territoire national. En vérité, par ces actes posés de même que l’emprisonnement de nos frères et sœurs particulièrement Karim Wade, Aïda Ndiongue, Abdoul Aziz Diop, Ndèye Khady Guèye, pour ne citer que ceux-là, le gouvernement cherche à déstabiliser l’opposition et particulièrement le PDS qui est la tête de file. Des gens qu’il a qualifiés comme s’étant enrichis illicitement. Sans qu’il ait la moindre possibilité de le prouver. Donc, à ce niveau véritablement son bilan est très négatif. Dans le secteur de la santé, les signaux sont au rouge, les médecins et techniciens de santé sont dans la rue, il n’y a pas d’infrastructures suffisantes de même que des pédiatres qualifiés. Pour régler la couverture de maladie universelle qui est devenu un nouveau slogan du pouvoir. Les enfants sont laissés à eux-mêmes. Les femmes ont des problèmes d’accouchement en ville comme en campagne. Dans le monde rural, le pouvoir a augmenté le prix de l’arachide au producteur à raison de 200 francs contrairement aux 190 francs de l’année passée. Mais, il n’y a pas de preneurs. Les paysans se donnent au marché «louma» (hebdomadaire) pour bazarder leurs arachides à raison de 125 ou à 130 francs /kg. Jamais, ils n’ont eu à avoir les 200 cents francs arrêtés par le Gouvernement. Parce que la norme internationale sur le coût de l’arachide est à 135 francs. Le Gouvernement a cherché à faire du populisme. Et ça, c’est extrêmement catastrophique. Donc, le monde rural pleure. Mes parents peulhs aussi parce qu’ils n’ont pas d’aliments de bétail. Les vaches sont en train de mourir présentement. Et il n’y a pas de soutien. Au niveau de la pêche c’est la morosité totale. Tout le temps, nos parents des zones côtières, Mbour, Saint-Louis, Ziguinchor sont arrêtés particulièrement par les Mauritaniens. Il y a eu plusieurs problèmes et le Gouvernement est incapable de les régler. Honnêtement le gouvernement de Macky Sall est nul. Il ne travaille pas, il tâtonne parce qu’il n’a pas de vision. Je pense que malheureusement tous les Sénégalais regrettent le départ de Wade. Tout le monde nous dit de revenir très vite au pouvoir. Parce qu’ils ont besoin de nous. Du fait du travail immense que nous avons laissé. C’est vraiment le cri du cœur que sortent les Sénégalais. A tout point de vue. Sans compter les milieux religieux. La première chose que Macky Sall a faite quand il est arrivé au pouvoir, c’est de retirer les passeports diplomatiques des marabouts. Alors que ces gens ont des relais au niveau international ; maintenant, ils ne peuvent plus aller et/ou revenir. Nos guides religieux musulmans sont très en colère contre le régime actuel à cause de ces pratiques. Donc, de fil en aiguille, le pays est bloqué, l’économie est plombée, les indicateurs sont au rouge à tous les niveaux. Je pense qu’on ne peut pas se nourrir de promesses. Ce n’est pas possible.
Vous venez de peindre un tableau totalement noir des deux ans de gestion du président Macky Sall. Comment imaginez-vous le Sénégal au cas où il rempilerait en 2017 ?
Ah, je pense que les Sénégalais ne l’envisagent même pas. D’ailleurs, ils veulent tout faire pour le stopper.
En quoi faisant ?
Tous les Sénégalais disent qu’ils attendent les prochaines élections locales prévues le 29 juin prochain, pour mettre hors d’état de nuire, le régime de BBY. Ils vont le sanctionner à partir des élections locales. Et ça va vraiment être un cri d’alerte par rapport a la présidentielle de 2017. En vérité, les Sénégalais sont déçus à tous les niveaux et ils veulent que les collectivités locales soient administrées par l’opposition et particulièrement par le Parti démocratique Sénégalais pour pérenniser ce que Me Wade et son régime ont laissé. Ces élections municipales constituent le premier palier pour bouter dehors le régime actuel, malgré le coup de force imposé au niveau du code électoral
Vous voyez donc un pays totalement à genoux si Macky Sall continuait de tenir les rênes du pouvoir ?
Plus qu’à genou. Peut-être même sur le ventre. Déjà, tout le monde pleure. Tous les indicateurs économiques sont au rouge ; rien ne fonctionne. Il a été élu à force de promesses farfelues, qu’il ne peut pas tenir. Que sont devenues les diminutions projetées sur le carburant, sur les denrées de consommation courante etc. C’est le même refrain pour l’électricité et personne n’a rien vu. Il avait promis qu’il allait trouver de l’emploi aux jeunes et jusque-là, il n’y a absolument rien. Les professeurs et les médecins sont dans la rue. C’est vraiment l’apocalypse.
C’est pour ça qu’il est, peut-être, facile de défendre le bilan de Wade ?
Ah oui, le bilan de Wade est totalement défendable. Parce que pour ses douze ans, il a laissé un bilan rayonnant avec des infrastructures de dernière génération, des autoroutes, des routes partout, des lycées nouveaux, des universités nouvelles, des hôpitaux neufs, des centres de santé à n’en plus finir, des zones de décloisonnement. Il y a aussi le navire Aline Sitoé Diatta qui dessert la Casamance. Wade a beaucoup fait. Il a modernisé le monde paysan à travers des tracteurs de dernière génération. Il a augmenté les salaires et embauché beaucoup de fonctionnaires. Le plan Sésame pour les personnes du troisième âge sans compter les avancées significatives au niveau des retraités de l’Ipres. C’est avec le régime de Wade que les Sénégalais ont obtenu un port modernisé, et un nouvel aéroport Ndiass… Donc, c’est vraiment facile aujourd’hui de défendre le bilan de Wade parce qu’en bon économiste, il a su travailler de la manière la plus sérieuse pour booster l’économie nationale et avoir beaucoup de retombées au niveau du pays, à tous les secteurs.
C’est pour ça peut-être que vous avez du mal à trouver au Pds quelqu’un pour le remplacer. C’est envisageable qu’il revienne ?
Effectivement, Wade est absolument avec nous ; il est avec nous et nous encadre. Mais, il est clair qu’il va laisser la direction à quelqu’un d’autre. Il a formé beaucoup de cadres qui ont mûri aujourd’hui et qui sont devenus de hauts responsables, de hauts cadres du parti, qui peuvent parfaitement diriger le PDS et le Sénégal. Ils ont été bien formés, aussi bien au niveau de l’opposition que dans le cadre de la gestion des affaires du pays. Et à ce niveau, nous avons vraiment de hauts cadres qui sont là et qui peuvent parfaitement continuer à perpétuer le travail que le président Wade avait déjà abattu. C’est pourquoi, nous avons à ce niveau quelques petits problèmes parce que simplement nous avons beaucoup de cadres dont chacun veut diriger le parti. Mais nous sommes en train de travailler pour qu’on mette des équipes dans toutes les régions et dans tous les départements pour montrer aux Sénégalais que nous sommes unis et que nous sommes tous de la famille de Wade. Nous voulons pérenniser son œuvre. Le libéralisme social a fait ses beaux jours et continuera dans cette dynamique. Le président Wade est là, nous lui souhaitons une très longue vie. Il ne cesse de nous encadrer et de nous parler. On est quotidiennement en rapport direct. Et il est très informé de la situation nationale. Son seul souci, c’est de voir les otages politiques de Macky SALL sortir de prison et engranger un nouveau départ pour continuer à faire du Sénégal une rampe de lancement, un pays émergent dans la sous-région et dans le monde.
Des mouvements politiques dans des partis comme le Pds, cela ne fait-il pas désordre ?
Je pense véritablement que c’est regrettable. La seule chose qui vaille, de mon point de vue, présentement, c’est d’arriver à harmoniser nos positions, à renforcer le parti à tous les niveaux, à renforcer les cadres jeunes, les femmes et les adultes, en somme mobiliser le parti autour d’un seul objectif, se battre pour réaliser sous peu la troisième alternance dans notre pays. Toute autre chose nous divertit alors que nous n’avons pas besoin de cela. Pour l’instant le parti n’a pas besoin de courant en son sein. Mais, on est en train de réfléchir pour réunir tous nos amis, nos frères et sœurs qui tenteraient de verser un peu dans cette échappée solitaire sans lendemain en leur demandant d’être plus rigoureux et à revenir renforcer le parti. Je pense que si ces gens mettaient l’intelligence, la promptitude qu’ils ont pour le seul compte du parti, nous allons être plus forts, et par conséquent gagneurs.
Pour terminer, M. Bâ, c’est quoi la priorité immédiate aujourd’hui du Pds ?
Notre priorité immédiate consiste à gagner les élections locales à venir. Nous y croyons fermement. Parce que le peuple est avec nous. Dans toutes les contrées visitées, les communautés rurales, les grandes villes, les départements et régions, les personnes disent qu’ils n’attendent que le 29 juin prochain pour porter l’estocade au régime actuel. Donc, nous voulons gagner ces élections et préparer la grande offensive pour l’élection présidentielle de 2017 parce qu’il s’agit aujourd’hui de faire en sorte que le régime actuel ne puisse pas espérer un seul instant gagner les élections de 2017. Et pour cela, il y a un pallier important à franchir, c’est celui des locales de 2014.
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