EDITORIAL DE ABDOU NDUKUR KACC NDAO
BENNO BOKK YAKAAR, UNE PARENTE POLITIQUE COMPLEXE A DÉTRUIRE
Abdou Ndukur Kacc Ndao
Il y a deux ans, dans leur écrasante majorité,les sénégalais ont décidé d’envoyer Wade se promener dans le Jura. Ils ont sanctionné la désinvolture d’un régime fortement soupçonné de dévolution monarchique du pouvoir par laquelle le père de la nation, au crépuscule de sa vie, préparait le trône pour son fils biologique.
À plusieurs reprises et contre vents et marrées, j’ai eu l’occasion de vous dire que je ne croyais pas à ce scénario funeste pour la dynastie Wade.. J’ai, en revanche, toujours pensé qu’Abdoulaye Wade voulait succéder à Abdoulaye Wade. En effet, Abdoulaye Wade est tellement intelligent qu’il ne peut pas pousser son adorable fils Karim Wade dans une marre de crocodiles mâles où il risque de se faire manger vivant.. J’étais convaincu que Wade père, en fin politicien expérimenté, savait lire la complexité des rapports de forces sur l’arène politique sénégalaise sur laquelle il a passé presque toute sa vie adulte, Il ne pouvait donc pas rêver une seconde que Wade fils n’avait aucun chance d’être le 4e Président du Sénégal.
Il était clair pour moi que Abdoulaye Wade voulait tout simplement se succéder à lui – même et que son fils, Karim, n’étant que le pare-chocs d’une stratégie pensée de mains de maitre pour sa reconduction au trône sur l’Avenue Roume. S’il a accordé les pleins pouvoirs à son fils dans plusieurs domaines de la gouvernance de l’État, c’était tout simplement pour qu’il serve de chevalier de l’Etat prêt à tout rapporter au père qui est bien en scelle.
Vous me diriez que tout cela reste dans le domaine de la conjecture et autres hypothèses politiques. Je suis d’accord avec vous et reconnais qu’en politique, personne n’a le pouvoir de lire l’avenir dans une boule de cristal.
Ce qui est en revanche ironique lorsqu’on observe bien l’alternance sous Macky, c’est qu’un fils politique a succédé au père à la place du fils biologique. –
Aux élections de 2010, le fils politique a battu le père politique dans une lutte sans merci de conglomérats politiques dominés, à leurs sommets, par de vieilles figurines entre lesquelles le fils politique s’est faufilé pour aller tranquillement s’asseoir sur le trône tant convoité. Devant une coalition de partis politiques où libéraux, néolibéraux, communistes, socio-démocrates, nationalistes, religieux et ultra religieux palabraient pour savoir qui d’entre eux est le mieux placé pour gouverner les sénégalais, Macky est arrivé triomphalement, avec comme seule arme son cheval galopant au son des tambours que Wade père a sculpté pour lui.
Loin de moi l’idée de dévoyer le fondement tactico-stratégique de la coalition politique créée pour défaire Wade père. Cette coalition a historiquement son mérite politique pour avoir compris et porté les enjeux fondamentaux d’une indispensable alliance de forces qui ont réussi à battre à plate couture le père Wade.
Deux ans après cette victoire historique remportée par cette coalition, force est de constater que BBY a été incapable de mener son programme et est devenu une des maladies infantiles de notre politique nationale.
Pourquoi je dis cela ? Parce qu’une plate forme minimale avait structuré cette coalition autour des conclusions des assises nationales. Il est vrai que le Président Macky Sall, comme à son accoutumée, s’est débiné sur certaines conclusions. Il reste que globalement, BBY avait réalisé un consensus politique autour de ces Assises.
Bonjour les points de ruptures !
Hésitant avant même de s’asseoir sur le trône sur l’efficacité des Assises, Macky a tout bonnement préféré une CNRI à la place des Assises. Lorsqu’il a scellé le mariage des « assisard » avec cette CNRI, et que l’enfant né de ce mariage s’est fait baptiser Assises, Macky a tué le temps, et pris ce qui l’intéressait, c’est-à-dire ce qui coïncidait avec son Programme politique fondé sur le Yonnu Yokkuté et, plus tard, le PSE conçu par des lampistes loin des yeux de BBY.
Des voix rebelles s’étaient faites entendre qui exigeaient que BBY se réunisse plus régulièrement sous la houlette d’un père de famille polygame plus magnanime envers les fils de sa Awo borom kërëm (la première). Les autres femmes qui n’étaient pas contentes de tout ça risquaient d’être répudiées…Alors, les rangs se sont resserrés, comme des militaires aux pas, soucieux de la qualité synchronisée de leurs défilés.
On est à une vingtaine de jours du dépôt légal des listes pour les élections municipales et rurales et Macky a les deux mains sur le volant pour actionner les leviers des réformes qui lui assurent de sa victoire certaine et du renforcement de son régime et décide à tout vent sans se soucier des consensus politiques nécessaires pour notre pays.
BSS accuse le coup. La coalition BBY ? Il s’en tamponne le coquillard !!!! Après tout, dans un pays passé maître de la transhumance politique, il sait que ceux qui hésitent en ce moment finiront par lui faire allégeance. Ceux qui lui sont radicalement opposés seront soit isolés par la vague de sympathie qu’il construit pierre par pierre, soit par ses manœuvres habiles qui les tétaniseront et les laisseront bouche-bée. Ce qui va leur rester tout au plus est de faire leur propre promotion en envahissant les journaux, les tribunes publiques des radios et des télés où ils font leur louanges en chantant comme des coques petit matin pour se faire distinguer du maître des lieux, silence coupable
Quel triste décor !!!
BBY est rouillé par des querelles byzantines et la poursuite d’objectifs personnels: Il faut le dissoudre. Le père spirituel de cette secte impuissante n’attend que ça !!!!. Il a donné des signes clairs ces derniers temps. Il veut divorcer avec les ñarel, ñétél, ñintéls dont les statuts matrimoniaux sont indéfinis par les Livres…Mais rien n’y fait.
BBY est un danger pour notre démocratie. Il a fait son temps. Son existence et sa survie brouillent les cartes politiques. Larbinisme et logiques de places déconstruisent les lignes de fractures politiques et idéologiques qui doivent être clarifiées pour que chaque sénégalais sache où mettre son pied.
La politique doit être fondée sur des bases claires et un programme politique lumineux. Or, BBY est un instrument de contre sens et de contre valeur politique et idéologique.
Je crois sincèrement que d’une coalition comme BSS qui est membre de BBY doivent sortir les forces de gauche qui y sont inaudibles et manquent d’ambitions politiques depuis que Macky est monté au trône.
Octave Mirbeau a raison : « La démocratie, cette grande pourrisseuse, est la maladie terrible dont nous mourons. […]. Grâce à elle, nous n’avons plus conscience de la hiérarchie et du devoir, cette loi primitive et souveraine des sociétés organisées ».
J’espère que BSS, ou du moins ce qui en reste, mettra en œuvre cette loi élémentaire de la modernité politique. J’espère que la coalition BSS fera plus attention à ces milliers de militants et sympathisant qui attendent que les partis AUXQUELS ILS ONT LIBREMENT ADHÉRÉ CESSENT ETRE DES marionnettes d’un père qui leur a suffisamment démontré sa CAPACITÉ À MANGER SES FILS REBELLES.