Ceux qui subodoraient fort à raison que le PDS est à l’agonie ont dû s’étonner de le voir revivre à la faveur du vent qui a tout emporté dans le tourbillon du retour de Me Abdoulaye Wade. On pouvait découvrir le soir dans les rues, une mobilisation de foules. Des foules partagées entre la simple curiosité nostalgique et la fidélité au pape du Sopi. Cette foule de Pascal sans discernement a même chanté par endroit qu’elle regrettait son choix de Mars 2012. Une attitude qui ne garantit guère la défection du pouvoir dans les urnes. Du déjà vu au Sénégal. Au demeurant, Abdoulaye Wade fait du PDS tout l’usage que lui confère l’instrumentalisation de la psychologie des masses. Freud, Broch, Sighele et autre Gustave Lebon sont unanimes sur cette conclusion : « La connaissance de la psychologie des foules constitue la ressource de l’homme d’Etat qui veut, non pas les gouverner, c’est aujourd’hui le plus difficile, mais tout au moins ne pas être gouverné par elles ». C’est tout aussi lamentable que réel, le PDS n’a pas drainé autant d’intérêt depuis le départ de son illustre chef il y a près de deux ans. Il y a en plus que cette foule qui acclamait Me Wade subit de plein fouet les rigueurs de la pauvreté et l’angoisse des lendemains incertains. Tout à l’avantage de la paria en passe de devenir le messie, le temps d’un chambardement en face.
Dites-vous bien que pour son retour après l’insuffisante période de repli pour panser ses blessures, l’ancien homme fort du palais de Roume a commandé à ceux de ses lieutenants qui lui avaient faussé compagnie dans l’arène pour divers motifs, de préparer l’accueil et ils se sont logiquement exécutés. Tous sauf Idrissa Seck. Moins qu’un resserrement du PDS ou ce qu’il en reste, il s’est agi de la plus parfaite mise en évidence de la relation d’autorité que Me Wade entretient depuis toujours avec son entourage politique. Une autorité nourrie par le complexe du charisme à l’échelle individuelle et la fluidité pécuniaire au plan matériel. Sans compter ceux qui se sont initiés à la politique sous sa coupole. Wade avait appris à mobiliser les fonds depuis le temps où il portait l’opposition à bout de bras et l’apprentissage lui a été si bénéfique au pouvoir qu’une visite au palais était synonyme de collecte d’argent. Sale ou propre. Les misérables qui faisaient à pied la plupart de leurs courses avant 2000 et revendiquent à ce jour des parcs immobiliers et automobiles insolents sont connus. Les uns plus aisés que les autres. Aida Mbodj ne s’est pas embarrassée d’éthique pour annoncer que la seule erreur d’Abdoulaye Wade a été de ne pas la combler de milliards pour maintenir sa base politique. Ainsi s’est piteusement construit le PDS. Pape Diop et Abdoulaye Baldé auraient pu réaliser que le véritable propriétaire du PDS va les épousseter quand il en aura besoin. Le contexte s’apparente bien à cette hypothèse car Gorgui n’a pas moins besoin d’effervescence pour tenir en respect les bourreaux de son fils. Ces usages du parti politique font mentir Paul Valery qui définit le parti politique comme la rencontre des arrières pensées. Sa déconstruction révèle en tout état de cause, une association labélisée sous un personnage qui sert de canevas arbitraire à l’opportunité politocratique. C’est à se demander s’il y a d’autre motif de revitalisation que la sureté de son fils, lorsqu’un ancien président, âgé de près de 9O ans, garde exclusivement le siège de secrétaire général de son parti, même en son absence. Oumar Sarr sorti de nulle part est passé coordinateur du PDS par dessus tous les grincements de dents. Et pas secrétaire général du parti. En définitive, la constante est Me Wade et personne d’autre. Rêve-t-il toujours pour son fils ? Les dizaines de formations internes ou périphériques créées au sein ou à côté du PDS suffisent à démontrer qu’en l’absence du pape du Sopi, sa formation tend à s’effriter. Il n’est pas excessif de penser que l’espérance de vie du PDS est celle de Me Abdoulaye Wade, pourtant le parti est loin de manquer la relève. Le conservatisme à la tête du PDS n’est pas le seul apanage du parti de Me Wade, la plupart des formations politiques sont la propriété de leurs leaders. D’ailleurs au nom du regroupement de la famille libérale, Wade pourrait aller plus loin dans ses artifices malicieux. Serigne Mbacké Ndiaye, le porte-parole d’Abdoulaye Wade déclare que sa « conviction est de dépasser ces cadres partisans de PDS, APR, Bok Guis Guis, Rewmi, Aliou Sow. Il faut travailler à la réunification de cette très grande famille libérale qui en 2017, peut avoir un candidat. » C’est tout dire.
Pourtant, ils ne sont libéraux que d’appellation. On dit de Macky Sall, Mbaye Ndiaye et autre Alioune Badara Cissé qu’ils sont des libéraux originels, dissidents du PDS. A priori, ils devraient soutenir la doctrine qui affirme la liberté comme principe existentiel, la responsabilité individuelle et la limitation du pouvoir comme des idéaux de gouvernance des affaires publiques. Hélas, il ne transpire de leurs agissements aucun engagement. Adam Smith, Raymond Aron, Karl Popper, Benedetto Croce ou encore John Locke les reconnaîtraient-ils aisément ? Seydou Guèye aujourd’hui au premier rang des militants dits républicains au gouvernement fut-il réellement socialiste dans l’âme ? Au point de croire aux objectifs de la lutte contre les injustices ? C’est qu’en réalité, les partis politiques restent dans le contexte inqualifiable des associations sans âme idéologique et dont l’objectif individuel est de conquérir les avantages matériels du pouvoir et non sa matérialité sociétale. Dans les prolégomènes de la classification occidentale de Charles Pegguy, « tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique » mais sous les tropiques, il vit du succès de son inamovible dirigeant et meurt de sa misère morale. Dans son exposé sur la question de savoir si les partis politiques sont nécessaires à la démocratie, Gerard Deneux parle de militants noyés dans la masse des adhérents avec pour principale fonction, celle du corps électoral à séduire. Le parti ne renvoie dès lors que l’image de ses vénérés chefs, s’éloignant des valeurs et idées forces d’un projet de société. Les instances décisionnelles n’ont dans ce schéma qu’une fonction, celle de rallier le maximum de militants à l’appareil du parti. L’épanouissement démocratique a du chemin. En plus clair, le PDS disparaîtra fatalement avec son maître. D’où la pertinence de l’interrogation candide des constitutionnalistes qui ont émis l’hypothèse banale d’une Afrique sans apprentissage démocratique. Une gestion de pouvoir calquée sur les chefferies traditionnelles bantoues qui dispenserait les dirigeants du luxe électoral et peut-être davantage d’effusion de sang due aux urnes. Napoléon ne s’amusait-il pas à affirmer qu’Il y a plus de chances de rencontrer un bon souverain par l’hérédité que par l’élection ? Evidemment que cette conception de la gestion du pouvoir est victime de toutes les diatribes scientifiques à tendance moderniste. Le parti politique restera creux tant que le citoyen va y adhérer sans convictions, sous la dérive constante du culte abêtissant de la personnalité voire de la politique du ventre. Car comme enseignait Daudet, la meilleure façon d’imposer une idée aux autres, c’est de leur faire croire qu’elle vient d’eux.
Godlove Kamwa
lagazette.sn
Regardez le film de Cheikh Tidiane N’diaye sur Wade ! C’est édifiant pour comprendre que celui qui peut égaler cet homme dans son engagement pour le Sénégal et pour l’Afrique, n’est pas encore né ! Je crains que notre pays n’ait plus quelqu’un qui s’engage autant que Wade et ses camarades des années cinquante pour leur continent ! Il faudrait que le Président Wade et tous les militants de l’APR, du PS, de L’APR, du PIT et de LDMP regardent ces deux parties de ce film Ô combien instructif ! Ils voueraient tous un plus grand respect pour ce grand homme qui a tant fait pour le Sénégal et pour l’Afrique depuis soixante ans ! Quand j’entends des gamins tels Wilane, Barthélémy Diaz et quelques autres déverser des insanités sur cet homme illustre, je suis peiné ! J’avais l’habitude de dire que si, par malheur, que Dieu ne plaise, Wade Abdoulaye était contraint de rester au palais dans un fauteuil, son intelligence, son imagination lui permettraient de diriger le Sénégal, de le développer plus qu’il ne l’a fait en douze ans, mieux que tous ces énergumènes qui veulent prendre sa place !
Etre journaliste au Sénégal, surtout par ces temps qui courent, est sans doute, la chose la plus difficile qui soit. Notre mission consiste entre autres, à relater des faits, mais aussi et malheureusement pour certains, à rappeler des faits. Le rappel peut même être qualifié de «genre journalistique» le plus redouté par nos hommes politiques. Surtout quand on a passé de longues années au pouvoir, à commettre des forfaits de toute nature et à entretenir un pillage sans précédent des deniers de l’Etat.
Avec le retour de Abdoulaye Wade au Sénégal, on se rend compte, encore une fois, que respecter les règles du journalisme équivaut à un pêché impardonnable. Personne n’a plus le droit de rappeler à l’ancien régime, ses crimes sous peine d’être assimilé à un journaliste à la solde de…. On est accusé d’exercer un acharnement sur X, parce que tout simplement, on refuse d’oublier par éthique, ce qui s’est passé de 2000 à nos jours (période qui a consacré le pluralisme des médias au Sénégal).
Nombreux sont les groupes de presse, qui ont fait les frais de leur professionnalisme, durant le magistère de Wade. Nos confrères de L’As et de 24 heures Chrono ont même subi des casses, causées par des éléments clairement identifiés, comme étant des proches de Wade. Un étouffement économique a été entretenu au sommet de l’Etat avec la complicité de Wade, pour organiser la faillite d’organes de presse du privé. Maintenant que la galaxie wadienne est boutée hors du pouvoir, l’on nous demande tout bonnement d’enterrer le passé. Alors que, par respect pour les Sénégalais, on se doit justement de rappeler tout ce que Wade et Cie ont causé comme préjudice dans ce pays.
Les rapports d’enquête d’organes de contrôle de l’Etat sont là, pour nous édifier sur la dimension du pillage organisé par le régime de Wade. Le Fesman et l’Anoci, gérés respectivement par la fille et le fils de la constante libérale suffisent, pour nous convaincre du mépris des Wade à l’endroit des Sénégalais.
Tout journaliste responsable et professionnel a le devoir, sinon l’obligation morale, de rappeler que c’est sous l’ère Wade, qu’on a connu les dépenses extrabudgétaires jamais égalées. C’est sous Wade, qu’on a vu un jet privé aux frais de l’Etat, spécialement alloué au fils du Président. C’est sous Wade qu’on a bradé tout ce qui nous restait de terre au bénéfice de laudateurs et autres parasites qui ne nous sont d’aucune utilité. C’est sous Wade qu’on a vu un Etat corrupteur avec l’affaire Segura. C’est sous Wade qu’on a entendu un Président dire qu’il a créé des milliardaires, sans qu’on ne l’accuse de haute trahison. Bref, c’est sous Wade que le Sénégal a connu le pire en termes de gestion des biens communs. Tout journaliste qui a choisi de passer sous silence tous ces forfaits, pour on ne sait quelle raison, doit ranger son clavier ou son micro.