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Le jeu suicidaire de Wade envers Idrissa Seck (par Fatou Diop)

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S’il y’a un projet sur lequel Wade travaille sérieusement c’est la liquidation politique définitive d’Idrissa Seck. La question qui se pose fondamentalement, a son niveau, est de savoir comment le gérer pour qu’il ne puisse pas gêner le processus de dévolution monarchique du pouvoir. D’aucuns, guidés par une analyse superficielle et parcellaire, diront que Wade a déjà atteint son objectif en réussissant à l’isoler et à le réduire au silence. Toutefois ce dernier sait pertinemment que le bonhomme a plus d’un tour dans son sac et tel un phœnix, il renait toujours de ses cendres. Wade en est bien conscient pour avoir expérimenté le processus de résurrection. Pour rappel, avant les dernières  élections locales, le piège de Wade avait bien fonctionné : faire croire à Idrissa seck que les retrouvailles de la grande famille libérale étaient effectives, lui assurer, la main dans le cœur, qu’une liste unique avec le rewmi sera confectionnée et le laisser se réjouir d’une bonne entente, en directe, devant les caméras de la télévision nationale.   Puis c’est la grande désillusion. Les caniches de la gc avaient été lâchés pour croquer du Idy, la liste unique annulée. Idrissa Seck qui n’avait que quelques jours pour participer aux élections locales, seul avec son parti était complètement désarmé et aucune alliance avec d’autres formations n’était possible en cet instant. Ensuite ce sont des moyens financiers colossaux qui ont été déployés à Thiès (plus de 500 millions d’après la presse) en vue de liquider définitivement le grand obstacle à une dévolution monarchique du pouvoir. Puis c’est le défilé du fils ensuite celui du père, venus faire campagne à Thiès pour assister à l’enterrement politique définitif de « l’allié ». Au finish, ils ont été tout bonnement laminés. Ils n’ont même pas pu gagner un seul centre de vote. L’intelligence, le charisme et la perspicacité d’Idy, le courage et le sens de la justice des thiéssois ont eu raison sur les stratégies de bas étages des wade et de leur entourage malsain.

Cette tentative de liquidation qui visait un déboulonnement d’Idrissa Seck de sa base affective, a été la énième à échouer. Mais Wade ne démord toujours pas. Ayant lamentablement échoué de dehors, il cherche à réussir son coup de dedans. Pour mieux maitriser Idy, il lui permet de réaliser un choix politique assumé, gage de sa cohérence : sa réintégration au PDS. Wade considère que c’est un moindre mal car il l’aura sous sa coupole. Il faudra, cependant, veiller à le discréditer et à lui dépouiller toute possibilité de pouvoir se positionner en vue d’être en course pour le choix du quatrième Président. Cette station est réservée exclusivement à Karim Wade, son fils biologique. C’est pourquoi Wade père s’amuse à faire durer l’attente d’Idrissa Seck et de ses partisans dans le processus d’intégration dans les sphères de décision. Il engage en même temps des renouvellements dont il veut faire croire le caractère démocratique. Le but visé est de faire de Karim Wade le numéro 2 d’un grand parti et ainsi lui offrir sur un plateau d’argent, une sordide légitimité politique devant lui permettre de prétendre à la succession de son père.

Mais le problème c’est qu’Idrissa Seck ne semble pas renoncer à ses ambitions présidentielles. Et à ce titre, il ne se laissera pas trainé à la guillotine, aussi facilement. Wade doit le savoir : En cas de rébellion d’Idrissa Seck à cause du forcing d’un karim wade aidé par son père, ça ne sera plus le scénario habituel qui étale un duel wade/Idy qui verra le jour mais il s’agira plutôt d’une confrontation  karim/Idy. Et cette confrontation aura une autre signification chez les libéraux et les sénégalais de tous bords. C’est le pds de souche contre le militant de la 25 e heure, « le gosse » pour certains. Pour d’autres ça sera le libéral convaincu contre l’opportuniste et affairiste avéré, etc. Wade sait que ce combat qui est une éventualité à ne pas exclure sera très préjudiciable aux ambitions de dévolution monarchique du pouvoir. Il s’y ajoute qu’une alliance stratégique entre une opposition consciente des enjeux, un mouvement citoyen particulièrement déterminé et des membres de sa propre famille qui refuserons d’être des moutons de panurge, n’est pas à exclure du moment que le mal sera visible et bien localisé. Un mal pour tous les camps, toutes les tendances, toutes les idéologies puisque c’est la démocratie sénégalaise, gage de notre liberté, fruit de beaucoup de sacrifices de génération en génération, qui sera menacée.

Wade sait mais ne renonce pas. Et tout indique qu’il ne renonce pas. Il n’envisage pas, cependant,  de se prêter à un jeu démocratique car son fils risquerait de discuter la queue du peloton. Etant donné qu’il n’est pas question de baliser la voie à Idrissa Seck que le respect du jeu démocratique au sein du pds porterait inéluctablement au triomphe, il préfère se mettre devant et porter le combat de son fils. Il se lance, malgré son âge, dans une candidature par procuration mais voudrait se donner les moyens de gagner à tout prix. L’idée c’est de se donner les moyens d’écarter l’échelle démocratique de 2000 (idy and co) pour imposer une passerelle  dynastique. Wade fils se prépare et  son père souhaite lui donner le temps de se positionner et de se créer un semblant de légitimité à travers des renouvellements biaisés et un soutien actif d’un mouvement bouillant et inopérant, la gc. Mais cette idée saugrenue de succession monarchique ne va pas prospérer dans un pays comme le Sénégal qui a une tradition démocratique ancrée et reconnue. Wade a, certes, réussi, plusieurs fois, à faire passer des projets impopulaires sans coup férir mais il y’ a une grande différence en ce qui concerne ce projet : C’est une surenchère honteuse dans une logique de jouissance familiale inacceptable et une porte ouverte à toutes les dérives. Les sénégalais ne se laisseront pas faire. Ils ne cautionneront jamais une telle forfaiture. Wade se retrouve,  dans une impasse, sans, apparemment, en être conscient : Il ne pourra ni faire élire son fils ni l’imposer au peuple sénégalais. Il s’est employé, pendant plusieurs années, à tenter de détruire son « échelle » de 2000 et « fils d’emprunt » pensant disposer de l’ingéniosité insolite de pouvoir transformer un bout de bois en crocodile. Peine perdu : Son fils n’est pas plus loti, en termes d’estime, que lorsqu’il s’était tranquillement retranché derrière ses modestes bureaux à Londre laissant de braves gens conduire son père au sommet. Il sort, en plus, de cette opération d’exorcisme tropical, avec des comptes à n’en plus finir à rendre (tôt ou tard) au peuple sénégalais.  Quant à Idrissa Seck, toutes les campagnes visant à le discréditer et à l’éloigner de sa ligne constante ne participent, en définitive, qu’à son renforcement. Il dispose d’une large marge de manœuvre que sa constance, sa pertinence et sa patience aideront à conquérir à temps et à bon escient.

Si Wade persiste dans la logique de vouloir imposer son fils, il aura choisi une porte dérobée à la place d’un tapis rouge scintillant. Il lui reviendra, en définitive, d’écrire le récit de l’histoire qu’il voudrait que la postérité retienne de son passage à la tête de notre pays.  Les réalisations qu’il brandit à tout bout de champ ne suffisent pas pour lui aménager une porte de sortie honorable. Elles ne constituent ni une bouée de sauvetage étanche ni un vecteur de conquête suffisant. Ce n’est pas le Président Mamadou Tandja du Niger, le dernier exemple en date, qui va nous démentir. Ses différentes réalisations (Ponts à Niamey, centrale thermique à Tahoua, barrage hydroélectrique à Tillabéry, mine de charbon, cimenteries, reprise du marché de l’uranium…) n’ont servi à rien. Aujourd’hui il ne se présente aux yeux de l’opinion nationale et internationale que comme un simple personnage assoiffé de pouvoir qui a été arrêté net dans sa propension à se maintenir indéfiniment au sommet. Wade doit éviter de créer un reflexe symptomatique et systématique qui fera qu’après son départ, tout ce qui se rapportera à lui sera banni, haï, vomi et enseveli. Il ne retrouvera la voie des honneurs que lorsqu’il aura abandonné son projet moyenâgeux et aura rétabli le jeu démocratique aussi bien dans son parti que sur l’échiquier politique national. Il doit s’ouvrir au dialogue sincère avec l’opposition et laisser de coté ses ruses politiques qui ne trompent plus personne.

Fatou Diop

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