Le combat pour la défense des droits humains est un combat de tous les instants qui n’accepterait aucune relâche, tant les acquis en cette matière sont parfois précaires et peuvent être remis en cause du jour au lendemain. Ainsi, comprendrait-on la nécessité d’assurer une action de veille, une certaine pression à exercer constamment sur les autorités publiques chargées de mettre en œuvre les politiques de respect et de promotion des droits humains. Il s’y ajoute qu’aucune situation de respect des droits humains ne devrait satisfaire. Dans ce domaine, plus on en gagne, mieux c’est pour l’humanité.
Seulement, nous étions nombreux à manifester un étonnement, un haut-le-cœur même, en lisant dans l’édition du journal Le Quotidien du jeudi 8 mai dernier la présidente d’Amnesty international Section Sénégal, Nafi Samba Kâ, soutenir que «Abdoulaye Wade est plus réceptif aux droits humains que Macky Sall». De nombreux souvenirs ont alors défilé dans nos têtes. Nous de la presse, nous n’avons pas encore oublié combien de fois certains d’entre nous avaient été jetés en prison sans aucune forme de procès, sous le régime de Abdoulaye Wade pour des questions de liberté d’expression et de délits d’opinion. Combien de nuits et de harassantes heures d’auditions, des journalistes, des opposants ont eu à passer dans les locaux de la Division des investigations criminelles ? Combien de journalistes et d’opposants ont été bloqués à l’aéroport de Dakar ou à l’une des frontières du pays, empêchés de sortir du territoire national sans aucune décision de justice ? Combien de fois ont-ils été persécutés, humiliés, arbitrairement privés de leurs droits et libertés ? N’est-ce pas Madiambal Diagne, Idrissa Seck, Abdourahim Agne, Abdou Latif Coulibaly, Malick Noël Seck, Amath Dansokho, Ibrahima Sène, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall, Jean Paul Dias, Talla Sylla, El Malick Seck, Sidy Lamine Niass, Alioune Tine, le rappeur Thiat, l’ensemble des membres de la rédaction de Sud Fm, jusqu’aux balayeurs ! Combien de fois, Amnesty international, elle-même, a-t-elle souligné de telles situations condamnables dans ses différents rapports ? Combien de personnes ont été torturées à mort dans les postes de police, dans les prisons et les casernes de gendarmerie sans qu’aucune fois une enquête ne fût ouverte et les auteurs poursuivis ? Combien de fois des journalistes et opposants ont été agressés de manière impunie ? Combien de fois des locaux d’organes de presse ont été saccagés et les personnels violentés sans qu’aucune action judiciaire conséquente ne fût menée contre les auteurs ? Qu’est-il advenu des gros bras envoyés casser du journaliste dans les locaux des organes de presse L’As, 24 Heures, Walfadjri ?
Qu’est-il advenu des menaces de mort proférées contre des journalistes par des personnes dûment identifiées ? Comment avait fini l’enquête sur le passage à tabac à coups de marteau sur la personne de Talla Sylla ? N’est-ce pas Amnesty international qui, dans un rapport publié en septembre 2010, parlait du Sénégal avec le titre évocateur «Sénégal, terre d’impunité». Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, «la torture est une pratique courante dans le pays. Au cours de ces trois dernières années, six personnes au moins sont mortes en détention». Amnesty évoquait même une «culture de l’impunité». En 2011, Amnesty international dénonçait les arrestations arbitraires en écrivant : «Le gouvernement s’est servi des forces de sécurité notamment de la Dic, pour harceler les journalistes et arrêter les opposants ainsi que les dirigeants de la société civile.» Qu’est-ce que disait Amnesty international dans son rapport publié en janvier 2012 : «Sénégal. La situation des droits humains – bref état des lieux à la veille de l’élection présidentielle» ? Amnesty international y vouait aux gémonies les graves violations des droits humains par le régime de Abdoulaye Wade, au point de dire ses espoirs dans un autre rapport publié en juin 2012 : «Sénégal, un agenda pour les droits humains, une occasion à ne pas manquer pour les autorités issues de l’élection présidentielle de mars 2012.» Peut-on encore oublier la dizaine de morts des violences policières de 2012 contre une opposition politique qui manifestait pacifiquement pour des droits fondamentaux de la personne humaine ?
Donc, nous n’avons pas encore oublié tous ces travers de la gouvernance de Abdoulaye Wade pour accepter de laisser la citer en bon exemple de respect des droits humains. Ce serait d’ailleurs une insulte à nos privations, nos douleurs et nos larmes et celles de nos familles et proches. Par devoir de mémoire, Eugène Etienne Taché avait fait graver en 1883 une belle devise poétique et patriotique dans la pierre en dessous des armoiries du Québec –«Je me souviens»- que l’on peut sans doute paraphraser en lui attribuant le sens suivant : «Nous n’oublions pas, et n’oublierons jamais, notre origine, nos traditions et notre mémoire de tout le passé.» Cette inscription rendait hommage aux grands hommes à qui la patrie devrait être reconnaissante. A l’opposé, on devrait pouvoir installer des musées de l’horreur pour que les errements et turpitudes du passé nous rappellent à chaque instant ce qu’il ne faut plus faire. Il serait plus acceptable que la présidente d’Amnesty international exhorte les nouvelles autorités à faire mieux, mais la comparaison en faveur de Abdoulaye Wade est inappropriée et semble traduire un réel subjectivisme. D’ailleurs, Amnesty international, dans ses statuts, proscrit de tels procédés. Je me souviens encore que du temps où j’étais militant actif et responsable d’Amnesty international, les mêmes statuts, qui n’ont pourtant pas changé, interdisaient aux militants de prendre en charge les violations des droits humains commises dans leurs propres pays. L’organisation était préoccupée de développer un esprit d’objectivité et peut-être aussi avait le souci de protéger les militants.
Madiambal Diagne
lequotidien.sn
Il ne comprend rien ce faux-cul jusqu’à vouloir utiliser la formule »je me souviens… » qu’il ne connait même pas
L’actualité, n’est vraiment pas de ce côté où Madiambal veut que nous regardions et réfléchissions ! En ce moment il s’agit de se prononcer sans peur ni crainte sur cette forfaiture que constituerait une validation de cette fameuse liste qui ne respecte pas la parité voulue par le Législateur ! Toute autre déviation serait inutile !
Merci Madiambal de bien vouloir tendre à ceux-là qui veulent nous faire sombrer dans un aveuglement collectif , ce miroir rebarbatif d’un regne de 12 ans d’exces et de tirpitudes; par ta plume ,tu imposes silence à tous ces « historiens » autoproclamés qui surgissent de partout pour reecrire notre passe recent sans y mettre aucun realisme lucide.
Il ne va jamais se prononcer sur la liste de Touba ou semblant de critique sur le coup de poignard que le Kalife de Touba a porte sur notre démocratie. Comme les intellectuels frileux qui s’effacent des l’instant qu’il s’agit de la question confrérique.
Mercie madiambale bien parle