Selon un rapport du cabinet Ernst & Young sur l’attractivité de l’Afrique, les investissements étrangers directs en Afrique ont augmenté de 4,7% sur l’année 2013. Ils régressent, toutefois, en Afrique du Nord. Il a été constaté une progression des investissements intra-africains.
La part des projets d’investissements étrangers directs (Ied) a atteint son plus haut niveau depuis une décennie, d’après l’étude sur la croissance produite par le cabinet Ernst & Young consacrée à l’attractivité de l’Afrique en 2014. Les projets lancés en Afrique subsaharienne sont en progression de 4,7%, inversant ainsi la tendance négative constatée en 2012. Ce rapport combine une analyse des investissements internationaux en Afrique depuis 2003 avec une enquête menée en 2014 auprès de plus de 500 chefs d’entreprise du monde entier sur leur vision du potentiel offert par le marché africain. Les dernières statistiques font état d’un déclin du nombre de projets d’investissements étrangers directs, qui passent de 774 en 2012 à 750 en 2013, en raison des incertitudes actuelles en Afrique du Nord. Mais ce chiffre reste nettement supérieur aux 390 projets par an recensés en moyenne avant la crise. Des différences notables se font jour entre les tendances des Ied en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne.
Selon les auteurs de ce rapport, les investisseurs se détournent des industries extractives au profit des secteurs liés aux biens de consommation, de l’agriculture, du tourisme, etc. Ils notent aussi une amélioration spectaculaire de la perception par les investisseurs de l’attractivité de l’Afrique, malgré la persistance d’un écart tenace entre les investisseurs qui opèrent déjà ou non sur le continent. Avec 104 projets en 2013, le Royaume-Uni a clairement détrôné les États-Unis, qui chutent de la première à la deuxième place avec 78 projets seulement, soit une baisse de 20% par rapport à l’an passé, mentionne le rapport.
Le Royaume-Uni, principal investisseur en Afrique
L’Afrique du Sud, troisième plus important investisseur, a réalisé 63 projets sur le reste du continent, soit une régression de 16% par rapport à l’an dernier. Il a été noté un regain significatif par rapport à la période pré-crise, durant laquelle ce pays n’avait enregistré que 12 projets en moyenne. On remarque aussi une reprise vigoureuse des projets d’investissements étrangers directs par les entreprises espagnoles et japonaises, respectivement en hausse de 52 et 77%.
Si le Royaume-Uni demeure le principal investisseur sur le continent, les apports de capitaux intra-africains n’en poursuivent pas moins leur progression constante, relève le document d’Ernst & Young. Ces investisseurs cherchent, en outre, à étendre leurs activités au-delà des marchés bien établis que sont l’Afrique du Sud, le Nigeria ou le Kenya, en visant également les secteurs orientés davantage vers les biens de consommation à mesure que la classe moyenne africaine se développe.
ABDOU DIAW
LA PART DES INVESTISSEURS AFRICAINS A PRESQUE TRIPLÉ EN DIX ANS
Les investisseurs africains ont presque triplé leur part dans les projets d’Ied au cours des dix dernières années, passant de 8 % en 2003 à 22,8 % en 2013, selon le rapport d’Ernst & Young. Cette croissance, explique le rapport, est alimentée par la nécessité d’améliorer les chaînes de valeur et de renforcer l’intégration régionale. Un autre facteur de croissance est la bonne connaissance du marché par les investisseurs africains, qui en perçoivent les opportunités et les défis. Michael Lalor, responsable du centre de partenariat pour les affaires africaines d’Ernst & Young, souligne, dans l’étude, que les investisseurs externes apportent des capitaux, des compétences et des technologies à long terme, tandis que les investissements intra-africains créent un cercle vertueux qui encourage l’arrivée d’investissements étrangers plus importants.
Ajen Sita, président-directeur général d’Ernst & Young Afrique déclare, dans l’étude, que la part du continent dans les projets Ied mondiaux n’a cessé de croître, ces dix dernières années. Ce qui est un signe annonciateur du fait que les investisseurs prennent désormais en compte l’ensemble du continent et de nouveaux secteurs. La poursuite de l’intégration régionale et du développement des infrastructures devrait continuer à attirer l’attention des investisseurs sur les excellentes opportunités d’investissement offertes par l’Afrique, indique M. Sita.
A. DIAW
ÉMERGENCE DE NOUVEAUX PÔLES D’ATTRACTIVITÉ
Des mouvements notables ont été constatés parmi les 10 premiers pays bénéficiaires de projets d’investissements étrangers directs en 2013. L’étude d’Ernst & Young révèle que seuls l’Afrique du Sud et le Nigeria ont conservé leurs positions de premier et troisième du classement par rapport à 2012, avec respectivement 142 et 58 projets. Le nombre d’Ied est toutefois en léger recul dans ces deux pays. D’autres pays tels que le Kenya (68 projets), le Ghana (58 projets) ou le Mozambique (33 projets) sont toutes en progression dans le classement. La Zambie et l’Ouganda ont fait leur entrée parmi les 10 premières positions en 2013 avec respectivement 25 et 21 projets, soit une augmentation de plus de 20 %. A l’inverse, certains pays du Maghreb tels que le Maroc, la Tunisie (classée 8ème en 2012), ainsi que l’Égypte, reculent dans le classement. En 2013, les régions ouest et est de l’Afrique sont pour la première fois passées devant l’Afrique du Nord, devenant les deuxième et troisième sous-régions les plus attractives après la partie méridionale.
A. DIAW
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