Le Congrès national du Parti socialiste (Ps) arrêté pour les 6 et 7 juin prochains est parti pour être celui de tous les dangers pour la formation politique héritée de Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf (les premier et deuxième présidents du Sénégal). Pour cause, programmé au forceps alors même que les opérations de renouvellement à la base sont loin d’être terminées, et surtout contre l’avis de certains pontes du parti, à l’instar d’Aïssata Tall Sall, mairesse de Podor et porte-parole du parti, voire de Khalifa Sall, secrétaire général national chargé de la vie politique du parti, par l’interposition de son fidèle partisan Youssou Mbow, le prochain congrès du Ps risque de déboucher sur une sorte d’implosion interne d’un parti dont l’électorat ne cesse de s’effriter depuis la perte du pouvoir en 2000. La reconduction quasiment assurée à la direction du parti de l’actuel secrétaire général national, Ousmane Tanor Dieng, et de ses aficionados ne semble en effet pas loin de faire planer au dessus du premier parti au pouvoir au Sénégal une menace de scission. A l’image du chamboulement qui a suivi le congrès sans débat de 1996 ! Le bureau politique de mercredi prochain fournira certainement de nouvelles clés de lecture.
Après le congrès sans débat de 1996, le Parti socialiste (Ps) ne chemine-t-il pas doucement mais sûrement vers celui dit de la …?«rupture»?? La question ne cesse actuellement de préoccuper, au regard de la tournure que prennent les opérations d’organisation du prochain congrès destiné au renouvellement des instances nationales du parti hérité de Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf (les deux premiers présidents du Sénégal).
Alors que les opérations de renouvellement des structures du parti à la base sont loin d’être terminées dans leur entièreté, Ousmane Tanor Dieng et cie (par bureau politique et comité central interposés) ont opté de forcer le passage pour organiser à date échue le prochain congrès de leur parti. Or, on se souvient que la dernière réunion du Comité central du Ps qui fait office de parlement socialiste, tenue mercredi dernier, à Dakar, a été pour le moins houleuse. Pas mal de responsables de cette ancienne formation au pouvoir n’ont pas ainsi manqué d’étaler leurs divisions à propos de la tenue dudit congrès. Parmi ces «?rebelles?», on notait le maire de Podor, Aissata Tall Sall, non moins porte-parole du parti, voire Youssou Mbow, patron du réseau des enseignants socialistes, estampillé porte-voix et fidèle partisan de Khalifa Sall, le maire de Dakar.
Pour beaucoup d’observateurs, ce qui est en fait en jeu dans cette affaire, c’est le renouvellement du poste de secrétaire général national du parti actuellement détenu par Ousmane Tanor Dieng mais convoité en catimini par l’actuel maire de Dakar, khalifa Sall, voire de son homologue de Podor, ancienne ministre de la Communication sous Diouf, par ailleurs fidèle d’entre les fidèles du Ps. En plaidant ouvertement pour le report du prochain congrès après les élections locales du 29 juin, Aïssata Tall Sall et cie escomptaient réfréner les ardeurs des proches d’Ousmane Tanor Dieng qui voulaient coûte que coûte forcer le passage vers un congrès taillé sur mesure pour la reconduction de l’actuel secrétaire général national à la tête du parti. Se joignant d’ailleurs à la levée de boucliers, l’actuel maire de la Médina, Bamba Fall, ira même jusqu’à déclarer que la tenue du congrès du Ps à date échue est «?inopportune?» et qu’il n’y a «?aucun enjeu majeur», à la veille des élections locales.
Rien n’y fit cependant?: Barthélémy Dias et les partisans d’Ousmane Tanor Dieng réunis au sein du bureau politique comme du comité central ont plébiscité leur patron avant de valider la tenue du congrès pour les 6 et 7 juin 2014. Suffisant pour que Ousmane Tanor Dieng en meeting à Mbour se permette de déclarer lui-même, en arguant que le Ps est un parti démocratique, que ce ne sont pas seulement «8 ou 9 orateurs, 3 à 4 fois moins nombreuse que la partie voulant le maintien des dates échues qui…va les divertir».
La longue marche vers le …clash
Le ton était donné pour la tenue effective pour le mois prochain d’un congrès de renouvellement de la direction du parti qui pourrait déboucher sur un véritable…clash. Le leadership d’Ousmane Tanor Dieng s’effilochant en parallèle à l’effritement progressif de l’électorat socialiste au fil des diverses élections organisées au Sénégal, depuis la perte du pouvoir par les «Verts» en 2000, certains observateurs se demandent même si le Ps ne va pas tout simplement vers l’impasse, avec ce congrès qui a tout l’air d’un passage en force. Le syndrome consécutif au congrès sans débat de 1996 qui a été largement préjudiciable au parti de Senghor et Abdou Diouf ne risque-t-il pas de se répéter pour le Ps, s’interrogent-ils?par conséquent? On s’en souvient encore?: au lendemain d’un congrès «?historique?» pour le parti au pouvoir, à moins de quatre années de l’élection présidentielle de 2000, certains ténors du Ps qui espéraient succéder à Abdou Diouf ont préféré larguer les amarres et quitter la barque.
Mis en effet devant le fait accompli avec le choix opéré en la personne d’Ousmane Tanor Dieng comme tête de file des Socialistes, Moustapha Niasse et Djibô Kâ avaient préféré créer leurs propres formations politiques et candidater sous leur bannière à la présidentielle de 2000. L’électorat du parti au pouvoir ayant éclaté en mille morceaux du fait de cette survenue dans le champ politique de l’Afp et de l’Urd, les deux partis issus des flancs du Ps, la première alternance politique à la tête du Sénégal survint le 19 mars 2000. Et même si les contextes diffèrent, des observateurs ne sont pas loin de penser que le prochain congrès du Ps pourrait être celui de tous les dangers pour un parti qui peine à retrouver son attrait et sa vigueur d’antan.
Qui plus est, à l’image de 1996, le Ps regorge actuellement de leaders à l’ambition nationale déclarée, jouissant d’un capital de sympathie avéré comme Khalifa Sall, et surtout disposés à se désaffilier de plus en plus du leadership d’Ousmane Tanor Dieng. Un secrétaire général national plus soucieux de sa reconduction à la tête du parti et à la mairie de Nguedienne et qui semble vraisemblablement «abandonner» ses potentiels concurrents à la direction du parti, face à la boulimie de l’Apr pour les prochaines élections locales, autant à Dakar qu’à Podor.
Khalifa Sall comme Aïssata Tall Sall se retrouvent aujourd’hui obligés de batailler paradoxalement, pour conserver leurs mairies acquises de haute lutte en 2009, contre Bennoo Bokk Yaakaar, la coalition dont leur parti est membre mais qui est aujourd’hui accaparée par le parti au pouvoir, l’Alliance pour la République, qui entend les destituer au profit de ses propres candidats. Au nez et à la barbe du Ps et de son secrétaire général national!
sudonline.sn