Les nouveau-nés étaient destinés à être vendus à des «clientes» fortunées, venues du Niger.
Les «usines à bébés» sont devenues une nouvelle «spécialité» au Nigeria. Depuis 2011, la police a découvert plusieurs établissements clandestins où des jeunes femmes enceintes sont retenues jusqu’à leur accouchement. Avant de voir leurs bébés vendus aux plus offrants, souvent des familles qui n’arrivent pas à avoir d’enfant.
Or ce trafic semble désormais étendre ses réseaux aux pays voisins du géant économique de l’Afrique de l’Ouest. Cette semaine, c’est en effet un commerce triangulaire qui a été démantelé, après une longue enquête impliquant la police nigériane et celles de deux Etats limitrophes : le Niger et le Bénin.
Malédiction
Les filles enceintes se trouvaient dans le Sud du Nigeria, dans l’Etat d’Ogun, où les bébés étaient discrètement vendus à des femmes venues du Niger, pourtant le pays qui connaît le plus fort taux de fertilité au monde. Les «clientes» se rendaient ensuite à Cotonou, au Bénin, pour établir les faux certificats de naissance dans une clinique complice.
Pour l’instant, cette nouvelle affaire de bébés commercialisés fait surtout scandale au Niger. Car parmi les mères adoptives, se trouvent la seconde épouse du président de l’Assemblée nationale et celle du ministre de l’Agriculture. Toutes deux ont d’ailleurs été arrêtées et emprisonnées au Niger jeudi, avec quinze autres personnes également impliquées dans le trafic. Dans plusieurs pays d’Afrique, ne pas avoir d’enfant continue à être vécu comme une infamie, voire une malédiction pour les familles.
Mais c’est au Nigeria que le phénomène d’usines à bébés a pris des proportions rarement égalées. En 2012, un rapport de l’Union européenne sur le trafic d’êtres humains épinglait d’ailleurs ce pays comme celui où le fléau est le plus répandu au monde. Lequel nourrit régulièrement la chronique des faits divers : ainsi en mars, une autre maternité clandestine a été démantelée par la police, qui a libéré huit jeunes femmes enceintes.
En 2013, deux autres usines à bébés avaient été découvertes. Dans l’une d’elles, 17 adolescentes affirmaient être tombées enceintes après avoir été violées par le même homme de 23 ans, qui avait aussitôt été arrêté.
Orphelinat
Dans la plupart des cas, il s’agit de jeunes femmes qui fuient leurs familles pour cacher une grossesse indésirée. Le prix d’un nouveau-né peut atteindre jusqu’à 1 500 euros. Mais parfois ils ne sont pas adoptés : comme dans cet orphelinat, découvert en avril 2012, où les nourrissons étaient destinés à la vente pour des rituels de magie noire.
Par Liberation.fr