BLANCHIMENT DE CAPITAUX
Les comptes de Besdrik saisis par le Procureur, Babacar et Ibrahima Niasse inculpés aujourd’hui
La garde-à-vue d’Ahmeth Khalifa Niasse, libéré hier, était plus une stratégie qu’une volonté de l’arrêter. Peu avant de le laisser rentrer chez lui, les enquêteurs ont effectué hier matin, entre autres, une perquisition dans son domicile sis en face de l’Ecole Manguiers, où des documents ont été saisis. Vingt-quatre heures auparavant, le procureur de la République avait saisi les différents comptes bancaires enregistrés au nom de Besdrik, cette entreprise autour de laquelle tournent toutes les investigations de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). C’est aujourd’hui que Babacar et Ibrahima Niasse seront déférés et inculpés. Dans cette affaire, qu’il s’agisse d’Ahmeth Khalifa ou d’Ibrahima, ils ont été tous les deux cités par Babacar Niasse ; ce dernier est ciblé, en tant qu’actionnaire majoritaire de Besdrik, par les Renseignements financiers.
C’est aujourd’hui que Babacar et Ibrahima Niasse seront déférés au parquet et inculpés pour blanchiment d’argent à travers les activités de la société Besdrik. Le premier nommé en est l’actionnaire majoritaire. En effet, c’est autour de cette société et des mouvements financiers enregistrés dans les comptes ouverts en son nom, que tournent les investigations des hommes du lieutenant-colonel Moussa Fall. D’ores et déjà, le procureur de la République a frappé au cœur du système financier de cette boîte, en saisissant tous les comptes répertoriés dans les différentes banques de la place.
La libération d’Ahmeth Khalifa Niasse a surpris plus d’un, mais elle est plus que logique. Comme nous le révélions, ce dernier n’a jamais été cité dans le rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). Au contraire, les renseignements financiers ont mis en cause les activités de la société Besdrik et il se trouve que cette boîte a été enregistrée au nom de Babacar Niasse. C’est la raison pour laquelle ce dernier a été le premier à être entendu par les enquêteurs. A la Section Recherches, Babacar Niasse a affirmé qu’il est le « propriétaire » de la société, qu’il gère avec son frère du nom de Ibrahima Niasse. En clair, si Ibrahima Niasse a été convoqué, puis gardé à vue, c’est parce que non seulement il a reconnu les déclarations de son frère, mais aussi, comme ce dernier, il a été incapable de justifier les mouvements financiers. Le même Babacar Niasse, interpellé sur un versement de 850 millions de F Cfa, a avancé le nom de son père comme ayant participé, par le biais de ses « amitiés », à la mobilisation des fonds.
Pour le moment, les enquêteurs ont retracé des mouvements bancaires de l’ordre de 8 millions de dollars. « C’est d’ailleurs plus que ça », confient des sources sûres. Mais sur ce montant, Ahmeth Khalifa Niasse a été mis en cause sur 850 millions de F Cfa, mais des éléments de preuves manquent contre lui. Tout le contraire pour ses deux fils, Ibrahima et Khalifa plus qu’éclaboussés par les conclusions de l’enquête de la gendarmerie.
La garde-à-vue d’Ahmeth Khalifa Niasse était plus une stratégie des gendarmes. En effet, c’est hier matin qu’ils ont effectué leur perquisition au domicile des Niasse, en face de l’Ecole Manguiers, avant de saisir plusieurs documents. Des sources judiciaires renseignent que les pandores craignaient qu’une fois rentré chez lui, le leader du Fap ne fasse disparaître ces documents épluchés hier soir par les gendarmes. Affaire à suivre.
C. M. G
Une déclaration de soupçon active les renseignements financiers
La Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), organisme très indépendant placé sous la tutelle des Finances, ne s’est pas levée un beau jour pour faire des investigations autour de Besdrik, vraie nébuleuse selon les éléments de l’enquête des gendarmes. En effet, c’est une banque de la place qui a fait une déclaration de soupçon à la Centif, après avoir été intriguée par « l’intensité » d’un des comptes de la société logé, chez elle. C’est ainsi que la Centif, composée de magistrats, de gendarmes, policiers, douaniers, inspecteurs du trésor, experts financiers…a ouvert des investigations. C’est la même chose qui se passe actuellement avec un notaire de la place. Une banque de la place s’est interrogée auprès du Centif sur un « mouvement » de 300 millions de Fcfa, pour le moins mystérieux. La Centif, à la suite de ses investigations, a saisi le parquet qui a ouvert une information judiciaire auprès du premier cabinet d’instruction. Les banques sont tenues, quand certaines transactions leur semblent douteuses, de procéder à une déclaration de soupçon qui n’est jamais communiqué dans la procédure, pour protéger la source.
C.M.G
lasquotidien.info