Parce que leurs partenaires sénégalais tardent à réaliser des travaux qu’ils auraient dû faire sur le chantier du Théâtre national, les entrepreneurs chinois ont demandé à leur ambassadeur de saisir le ministre d’Etat Karim Wade, sans même passer par le Premier ministre. Comme s’ils s’adressaient au dauphin d’un royaume ou d’une chefferie traditionnelle?! Par Mohamed GUEYE
Le Théâtre national, qui est en train d’être construit par les Chinois de Pékin, souffre de quelques difficultés, et l’ambassadeur de Beijing à Dakar, M. Gong Yuanxing, s’en est ouvert par courrier officiel à Karim Wade, en sa qualité de ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures. L’ambassadeur voudrait que Karim Wade intervienne pour faire bouger les choses, car indique-t-il, il ne reste que neuf mois pour boucler l’ensemble du projet.
De quoi s’agit-il exactement?? M. Gong indique que, «conformément aux stipulations du contrat d’exécution du projet, les travaux annexes, tels que la pose de tuyaux pour l’alimentation en eau et l’évacuation des eaux usées, l’installation des câbles de communication, le branchement de l’électricité de haute tension, aménagement de voirie à l’extérieur de la ligne rouge du site du projet, devront être réalisés par la partie sénégalaise». Il y a plus d’un an déjà, que la partie chinoise avait rencontré tous les services du Sénégal concernés par ces travaux, et leur avait montré les plans d’exécution des travaux. Des engagements ont été pris, qui malheureusement, n’ont pas été suivis d’effets.
De peur de voir ses compatriotes dépasser les délais prévus, le diplomate a préféré saisir celui dont il est convaincu qu’il peut faire bouger les choses dans le sens qu’il souhaite. Car rappelle-t-il, «la réalisation de ces travaux est non seulement indispensable pour l’installation des équipements du théâtre et la poursuite du projet, mais aussi nécessaire pour le prochain fonctionnement de ce complexe architectural».
Le Sénégal comme Ndoumbélane… ou Gondwana??
La correspondance de l’ambassadeur de Chine datant d’une vingtaine de jours, on ne sait pas encore si elle a fait bouger les choses. Mais vu de l’extérieur, il ne semble pas que le gouvernement sénégalais, trop pris par le jeu de chaises musicales que lui fait jouer le président de la République, ait entamé une action quelconque pour rassurer ses partenaires chinois.
Il n’en reste pas moins que cette lettre pose un autre problème, qui devient tout de même récurrent en ce qui concerne Karim Wade. Il s’agit précisément du champ de ses compétences.
Au-delà de ce contretemps, somme toute technique, cette correspondance de l’ambassadeur chinois pose un véritable problème constitutionnel. Elle pousse à s’interroger pourquoi le diplomate chinois n’a pas jugé utile de se rapprocher des ministères chargés de l’Urbanisme et de l’Habitat, de celui de l’Assainissement, ou, mieux encore, de celui du Transport terrestre. Pour faire plus court encore, il aurait pu toucher le chef du gouvernement, M. Souleymane Ndéné Ndiaye, et lui exposer son souci. Que nenni, semble-t-il rétorquer. Comme pour indiquer que, lui le Chinois, il sait ce que les naïfs Sénégalais n’ont pas encore compris, à savoir que le véritable siège du pouvoir dans ce pays, se partage entre le Palais présidentiel et le 10e étage de l’immeuble Tamaro?!
Même les étrangers agissent maintenant comme si, ce n’est qu’en portant leurs doléances auprès du fils du Président – qui, dans le gouvernement de Ndéné Ndiaye, n’est qu’un ministre d’Etat parmi tant d’autres – qu’ils trouveront nécessairement des solutions. Et, plusieurs autres de ses collègues ministres se sentent contraints de l’informer des questions relevant exclusivement de leur département, «oubliant» d’en faire de même avec le Premier ministre. Sommes-nous toujours dans une République ? Peut-être devrait-on poser la question à Mamane, fameux chroniqueur de la Radio France internationale (Rfi).
lequotidien.sn
Il faut attaquer Karim si vous voulez mais il faut quand meme avoir du respect pour Souleymane N Ndiaye.