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Le monde entier est confronté à une crise économique et financière sévère qui oblige tous les gouvernements responsables à se résoudre aux nécessaires réajustements de leurs politiques pour mieux pouvoir répondre à la demande sociale de leurs populations. Mais Abdoulaye WADE et son clan, quant à eux, démontrent qu’ils n’ont cure des préoccupations légitimes des Sénégalais, en particulier des campagnes et des banlieues en cette période d’hivernage
DECLARATION DU MERCREDI 30 JUIN 2010
Le monde entier est confronté à une crise économique et financière sévère qui oblige tous les gouvernements responsables à se résoudre aux nécessaires réajustements de leurs politiques pour mieux pouvoir répondre à la demande sociale de leurs populations. Mais Abdoulaye WADE et son clan, quant à eux, démontrent qu’ils n’ont cure des préoccupations légitimes des Sénégalais, en particulier des campagnes et des banlieues en cette période d’hivernage. En effet au moment où même les pays du nord les plus riches font face à la crise en opérant des coupes sombres sur les dépenses publiques en commençant par la réduction drastiques du train de vie de l’Etat, au Sénégal le régime prédateur continue la ripaille avec les deniers publics au mépris des souffrances des populations.
Le dernier signe de ce train de vie dispendieux est l’énième remaniement ministériel intervenu la semaine dernière et marqué par l’accroissement effarant du nombre de ministres qui atteint désormais le chiffre record de 41 membres. Ainsi donc, en moins de 10 ans, Abdoulaye WADE aura usé 6 premiers ministres et pas moins de 122 ministres, sans compter la pléthore de ministres conseillers qui promènent leur oisiveté et leur désœuvrement dans les couloirs du palais de la république. Plus que l’incompétence alléguée par le chef de l’Etat pour justifier ses errements, cette frénésie du remaniement en dit plutôt long sur sa propre inconstance.
Le Gouvernement de la République est devenu comme une officine de recyclage de responsables du Parti au pouvoir hier déchus et aujourd’hui de nouveaux promus pour avoir manifesté leur colère et rappelle ces carrousels des fêtes foraines où les mêmes personnes qui, il n’y a guère, étaient congédiées pour leur incompétence ou même leur implication dans des actes de mal gouvernance ou de prévarication tournoient inlassablement au conseil des ministres. Au vrai, la propension d’Abdoulaye WADE à multiplier les prébendes et les sinécures dans une logique partisane et politicienne pour caser sa clientèle politique, quels que soient par ailleurs leur passé de mauvais gestionnaire ou même carrément leur délinquance, n’est pas nouvelle sous le soleil. Abdoulaye WADE a toujours persisté dans sa posture habituelle d’esbroufeur, avec à chaque fois, un semblant de remaniement qui n’arrive jamais à masquer la réalité criarde des scandales retentissants qui jalonnent l’épopée délinquante de son régime. De fait et pour parler comme François MITTERAND à propos des gouvernements de la quatrième république française, les gouvernements de l’alternance sont devenus comme les trains ; si vous en ratez un, il vous suffit d’attendre le prochain.
Ce qui change, c’est que désormais ne sont plus promus aux responsabilités, ni les libéraux historiques ni les alliés de la première heure, mais juste ceux qui, n’obéissant qu’à la boussole de leur opportunisme éhonté, ont fait acte d’allégeance au fils du président de la république. C’est devenu une évidence et tout se passe comme si le seul souci obsessionnel d’Abdoulaye WADE et de son clan n’est plus qu’à mettre en selle ceux de nos compatriotes dévoués à leur folle ambition de succession dynastique et prêts à vendre leur âme au diable au service de cette cause insensée. C’est certainement dans cette même logique mais aussi probablement dans le souci de couvrir les arrières des hautes autorités de l’Etat ayant trempé dans le scandale des 20 milliards de l’affaire SUDATEL et de biens d’autres encore que le Garde des sceaux a été dernièrement limogé au profit de son prédécesseur sans doute chargé de passer la serpillière et lui garantir l’impunité à lui et à ses complices
Le nouveau Gouvernement, en plus d’inévitables conflits de compétence préjudiciables à l’efficacité de l’action gouvernementale, donne la mesure de la légèreté et de l’irresponsabilité avec lesquelles notre pays est géré par tous les Gouvernements qui se sont succédé depuis 2000. Il n’y a absolument rien de nouveau sur la manière dont tous les Gouvernements depuis l’alternance ont été composés : le saucissonnage, le rafistolage et le recyclage sont des procédés courants chaque fois qu’il s’est agi de former un nouveau Gouvernement. Mais, le dernier remaniement intervient au moment où Abdoulaye Wade mène une nouvelle offensive contre les fonctionnaires en déclarant qu’il y a un sureffectif dans la Fonction publique. Il s’agit d’une véritable provocation car la formation du nouveau Gouvernement, qui porte le nombre de Ministère à 41 comme en 2007, engage l’Etat dans des dépenses pour des ministères non indispensables. Or il n’y a aucune raison pour qu’Abdoulaye Wade et son Gouvernement échappent aux efforts qui sont demandés à tous les autres.
Le Parti socialiste ne peut que souligner son opposition aux déclarations d’Abdoulaye Wade et aux conséquences que pourraient revêtir cette annonce pour nos services publics, au cœur du quotidien de nos concitoyens. Le Parti socialiste rappelle qu’avant 2000 la gestion concertée avec les syndicats avait abouti à une progression ordonnée, intelligente, et sans dérapage de la masse salariale et qu’il était prévu, après 2000, de consolider cette situation, de partager tous les gains de productivité avec les fonctionnaires et de procéder, au travers d’une réforme concertée de la fonction publique, à l’augmentation des effectifs.
En vérité, le prétexte tiré du sureffectif dans la fonction publique pour justifier a priori une réforme imposée par le Fonds Monétaire International, témoigne de la mauvaise foi des autorités qui font semblant d’oublier que la déconstruction, ces dernières années, des règles d’alignement des salaires dans la fonction publique, a abouti à une politique salariale inique, opaque et incohérente. En effet, la déconstruction des règles de fixation des niveaux relatifs des salaires dans la fonction publique, les recrutements massifs qui répondent plus à un clientélisme politique, le népotisme et le favoritisme qui octroient au personnel dirigeant des entreprises publiques et des agences des salaires situés entre 5 et 15 millions de Francs CFA, sans compter les avantages exorbitants en nature, ainsi que l’octroi tous azimuts de contrats spéciaux à une clientèle politique, ont abouti à une masse salariale qui n’offre plus à l’Etat une marge de progression et proche du ratio de la masse salariale sur les recettes plafonné à 33% par les critères de convergence de l’UEMOA.
En définitive, Abdoulaye Wade est aujourd’hui rattrapé par sa gestion à rebours des règles de bonne gouvernance et de programmation nécessaire à une bonne tenue de la masse salariale. Il croit pouvoir faire tout et n’importe quoi, sans tenir compte des procédures.
C’est le lieu pour le Parti socialiste de préciser que ce qui est en cause dans la nomination du nouvel ambassadeur de la République française au Sénégal, c’est la procédure mise en œuvre par les autorités sénégalaises. En effet, c’est le fils du Président de la République qui a identifié le nouvel ambassadeur et en a fait la proposition au Secrétaire général de l’Elysée par l’entremise chèrement rétribuée d’un avocat d’affaires. Immédiatement après, l’information du rappel de l’ancien ambassadeur de France au Sénégal et de la nomination du nouveau a été annoncée de manière intempestive dans la presse le 06 avril 2010. Une telle procédure, qui enfreint les usages et règles diplomatiques, n’a pas manqué de soulever l’ire et de sérieuses réserves des diplomates du Quai d’Orsay et de l’Elysée.
Non content d’une si grave entorse aux us et coutumes diplomatiques, Abdoulaye Wade est intervenu directement au dernier sommet France/Afrique de Nice auprès du Président français pour arracher la nomination du nouvel ambassadeur et contourner toutes les réserves émises par les diplomates de carrière. Autant d’activisme pour la nomination d’un Ambassadeur est plus que suspect.
Dans la bonne procédure diplomatique, c’est le pays accréditeur qui présente au pays hôte la personne pressentie à charge pour ce dernier de diligenter une enquête avant de donner ou non son agrément. Comme le Parti socialiste l’a souvent indiqué, la diplomatie est un art «tout d’exécution» où souvent la procédure tient le fond. C’est pourquoi, cette nomination tant sollicitée et inédite dans les annales de la diplomatie soulève une légitime suspicion sur le rôle que les autorités sénégalaises veulent faire jouer au nouvel ambassadeur, sur l’intégrité de ses analyses et sur sa capacité à hisser sa mission au service des liens séculaires d’amitié et de fraternité qui ont toujours uni le Sénégal et la France et au service d’une coopération mutuellement bénéfique pour nos deux pays.
En réalité, Abdoulaye Wade n’a jamais apprécié les rapports objectifs des précédents ambassadeurs de France et veut disposer d’un ambassadeur qu’il pourrait manipuler pour masquer la réalité de la crise politique, de la mal gouvernance ambiante, de la corruption généralisée, de l’affairisme d’Etat, de la confiscation des libertés et l’impunité et pour l’instrumentaliser et l’employer au service d’un projet familial de dévolution dynastique du pouvoir.
Sous ce rapport, le Parti socialiste tient à rappeler à la France le principe de non ingérence qui sous-tend les relations entre Etats souverains et indique clairement que le peuple sénégalais n’acceptera aucune ingérence dans les affaires internes du Sénégal. La France ne gagnerait rien à se retrouver pris dans le jeu du funeste projet d’Abdoulaye Wade et de son clan, ou pis encore, s’en faire l’instrument, au risque de s’aliéner l’amitié du peuple sénégalais. Le nouvel ambassadeur de la France à Dakar devra se le tenir pour dit et devra avoir l’impérieuse obligation de respecter de la souveraineté du peuple sénégalais dans l’exécution de sa mission. S’il est vrai que le Sénégal reste un pays réputé pour son hospitalité légendaire et sa tradition de concorde et de dialogue, le Parti socialiste réaffirme qu’il s’engagera, avec toutes les forces démocratiques et patriotiques, dans la défense acharnée des intérêts et de la volonté du peuple sénégalais contre le projet de succession dynastique d’Abdoulaye Wade et de tous ces complices. Ceux qui depuis dix ans pillent le pays sans vergogne doivent se le tenir pour dit, les intrigues d’un avocat à la solde des intérêts du clan WADE, les tribulations d’un collaborateur du président de la France nostalgique de la Francafrique n’y feront rien.
Fait à Dakar, le 30 juin 2010
Le Bureau politique