LA PAUVRETE FRAPPE A LA PORTE DES SICAPOIS
Chaque soir, ce sont des dizaines de personnes qui se bousculent devant les officines des vendeurs de bouillie de mil ou de sandwiches pour acheter le diner. A liberté 5 comme à Baobab ou Karack c’est la même affluence qui atteste que la pauvreté a frappé à la porte de ces gens jadis considérés comme des nantis. La bouillie de mil a remplacé le copieux diner des années fastes des sicaps.
Vingt heures dans l’une des rues de Liberté 5, un groupe de jeunes bruyant attire notre attention. C’est la vendeuse de bouillie de mil qui vient d’arriver. Le même refrain nous revient toujours dans les oreilles : vendez-moi du « fondé ». Cent francs, cinquante francs ou deux cents francs les prix différent selon les besoins. Une femme est assise, un seau fumant à ses cotés.
C’est la bouillie qui fait courir tant les gens. « Pourtant, elle est très prisée » confie ce jeune chauffeur de taxi qui officie au rond point liberté 5. Il estime maintenant que dans les sicaps où l’opulence a fait place à la pauvreté, « c’est une fois la nuit tombée qu’on peut s’en rendre compte ». A la dame qui vend la bouillie, nous demandons, qui sont ses clients ? Elle répond spontanément : « toutes les familles qui sont aux alentours ne vivent que de bouillie ou de sandwich la nuit histoire de manger léger. Mais c’est juste un alibi pour masquer leur pauvreté mais en vérité ils sont devenus pauvres et refusent de l’admettre ».
Une jeune fille, Fatima, un pot à la main revient de chez la dame. Elle vient d’acheter deux cents francs de cette bouillie pour sa maman qui va la partager entre ses « petits enfants ». Pour les grandes personnes, c’est la débrouille, car la propriétaire de cette belle villa, sa préoccupation ne va qu’aux petits, les autres n’ont qu’à se débrouiller. La belle Fatima en est consciente. Elle court vers son petit ami. Pour quelle raison ? « Pour qu’il me paye le diner. C’est comme ça tous les jours » dit elle.
A la sicap Baobab, c’est le spectacle quotidien qu’offre tous les vingt heures déjà, la boutique du coin qui fait face au terrain de basket. Chaque soir, l’endroit est pris d’assaut par les habitants du quartier qui viennent elles aussi acheter leur bol de « fondé » ou de « lakh », c’est selon. Les garçons trouvés sur place expliquent : « tous les soirs, ils s’approvisionnent ici et c’est presque tout le quartier qui constitue la clientèle de « madame fondé » ». Dans les sicaps, à tous les coins de rue, ce sont des vendeuses de bouillie et de sandwiches qui trustent le marché.
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