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La faillite du système éducatif plaide pour la promotion des langues nationales (Boris Diop)

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La faillite du système éducatif en langue française plaide en faveur de la perpétuation du combat mené par Cheikh Anta Diop pour la promotion des langues nationales sénégalaises, soutient l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, diagnostiquant au Sénégal un « semilinguisme » qui devrait amener à long terme le pays à changer résolument de cap sur cette question.

« Le combat pour les langues nationales sénégalaises est étroitement associé au nom du grand Cheikh Anta Diop », le savant et homme politique sénégalais (29 décembre 1923- 7 février 1986), parrain de l’université publique dakaroise, a-t-il déclaré dans une interview parue dans l’édition du week-end du quotidien national Le Soleil.

« Nous avons tous ce que nous lui devons. Il nous a appris à faire face, sereinement, sur la durée aussi, à des gens beaucoup plus puissant que nous », a-t-il au sujet du célèbre historien et égyptologue sénégalais, connu pour son panafricanisme et ses thèses relatives à l’apport de l’Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales.

Selon Boubacar Boris Diop, « l’effondrement du système éducatif en langue française plaide plus que jamais en faveur (du combat de Cheikh Anta Diop), il oblige notre société à cesser de se compliquer la vie ».

« Il est vrai que pour nos pays sous influence étrangère plus ou moins ou moins discrète, la question linguistique est sensible mais tôt ou tard il nous faudra trancher le nœud gordien », a analysé l’auteur de « Doomi Golo », un roman en langue national wolof dont la version audio est diffusée de manière concertée, depuis le 4 août dernier, par cinq radios communautaires de la région de Dakar.

A raison de trente minutes chaque lundi, à 21 heures, avec possibilité de rediffusion, les stations Ndef-Leng-FM (93.4), Oxy-Jeunes (103.4), Afia-FM (93.0), Jokkoo-FM (87.7) et Rail-bi-FM (101.3) participent à ce programme de la plateforme EBook-Africa.

Dans ce roman paru en 2003, Boubacar Boris Diop offre une profonde réflexion sur l’identité, l’histoire et la transmission entre les générations. Il y rapporte les états d’âme de Ngiraan Fay, un vieillard qui, sentant sa fin proche, tente d’entrer en relation avec son petit-fils Badou émigré dans un pays étranger.

« On nous dit +francophones+ mais c’est tout en surface. Il est plus juste de parler dans notre cas de semilinguisme dans la mesure où faute de pouvoir nous décider entre le français et les langues nationales, nous perdons, hélas, sur les deux tableaux », a indiqué l’écrivain.

Le semilinguisme est défini généralement chez l’enfant comme une incapacité à assimiler totalement une langue étrangère, alors que parallèlement, la connaissance de sa langue maternelle est en dégénérescence.

« Cependant, a poursuivi Boubacar Boris Diop, même si la situation est de plus en plus intenable, on peut aussi dire que les conditions sont réunies pour un changement résolu de cap. Seule manque un courage politique qui, à mon avis, ne saurait tarder ».

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