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PREMIERES PLUIES ET DEJA DES VICTIMES DANS LA BANLIEUE DE DAKAR Les sinistrés déplorent l’apathie du gouvernement

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« Je ne suis pas Dieu, mais je sais que bientôt ce sera l’hivernage », avait alerté Wade qui avait suggéré à ses ministres de tout faire pour qu’une situation pareille à celle de l’année dernière ne se répète plus. Et Wade ne savait pas si bien dire. En effet, l’hivernage s’installe et Dakar a enregistré ses premières vraies pluies. Seulement, il est manifeste qu’aucune instruction de Me Wade n’a été respectée. On va droit à un remake du désastre de 2009 et pour cause. Le ciel a ouvert ses vannes hier, et déjà la pluie commence à faire des victimes.

Beaucoup de familles à Gounass et Nietty Mbar sont déjà envahies par les eaux et certaines ont commencé à sortir les mobiliers de leurs chambres et salons déjà sous les eaux. A Gounass, certains habitants pointent du doigt la mairesse libérale Woré Sarr, qu’ils accusent de n’avoir rien fait pour les sortir du calvaire. En somme, les sinistrés s’insurgent contre l’apathie du gouvernement, pour n’avoir encore rien fait de concret pour leur venir en aide ; même pas le vidange des bassins de rétention. Quant à la volonté du Premier ministre de déloger une bonne partie, ils se disent prêts à y laisser leur vie mais « jamais » ils n’iront à Sangalkam.

Piques, pelles, sable marin, ciment…, c’est reparti pour un hivernage cauchemardesque pour les habitants de la banlieue. Avec le Plan Orsec lancé par le gouvernement de Wade l’année dernière, les sinistrés des inondations étaient animés de beaucoup d’espoirs. Seulement, malgré les milliards supposés injectés dans ce plan d’urgence, la situation semble statique. Les premières pluies enregistrées dans la capitale du Sénégal réveillent encore des inquiétudes pour ces populations.

A Médina Gounass et Nietty Mbar, c’est le branle bas de combat. Dans ces localités, l’eau a déjà commencé à faire des ravages. Comme l’année dernière, les maisons commencent déjà à être submergées par les eaux. C’est quasiment le même scénario que l’année passée. Certaines familles, victimes prématurées de ces premières pluies, se voient déjà obligées d’abandonner les chambres envahies, lits et armoires, tous leurs biens, pensant forcément à l’endroit où elles pourraient passer la nuit. C’est le cas de la dame Oumy Guèye. La quarantaine révolue, cette habitante de Médina Gounass tente tant bien que mal de sauver les meubles du salon. Quand le ciel ouvre ses vannes cette bonne femme perd son sommeil. Aidée par un jeune homme, Oumy Guèye essaie de déplacer une armoire qui est déjà sous les eaux. « Quasiment, tous mes bagages sont submergés. J’essaie de sauver ce qui peut l’être », lance-t-elle avec désinvolture. Ne lui parlez surtout pas de la mairesse de la localité. Car, Oumy Guèye s’est déjà fait une conviction en ce qui concerne Woré Sarr : « c’est une véritable Coumba Alaar. Elle aime se montrer avec ostentation, alors qu’elle n’a rien fait pour le quartier », peste-t-elle.

A Médina Gounass, en fait, toute la rue principale menant vers le Lycée Limamou Laye, en passant par la mairie d’arrondissement est inondée. Ce, sur plus d’une centaine de mètres. Impossible d’ailleurs d’accéder à la mairie, puisque toute la devanture est totalement envahie. Du coup, plusieurs maisons sont englouties. Le trafic qui s’effectue sur cette voie est ainsi bloqué. Et cela ne va pas sans graves conséquences. « Il n’y a même pas une heure, un taxi clando qui transportait un malade vers l’hôpital de Pikine n’a pas pu passer. Le chauffeur était obligé de faire demi-tour », se désole Babou Ndiaye un riverain également Président du mouvement and Sokhali Médina Gounass. Et pourtant, une moto pompe, don de Karim Wade selon Babou Ndiaye, est installée sur la route. Il suffit alors de drainer l’eau vers le bassin de rétention le plus proche, et le tour est joué. Seulement, les habitants de la localité sont confrontés à un problème de carburant pour faire fonctionner la machine. De l’avis de Tidjane Dème, un parent de la mairesse Woré Sarr, cette situation ne devrait pas en réalité se produire. Mais s’il en est ainsi, c’est simplement parce que la pluie les a « pris de court », de sorte qu’ils n’ont pas pu agir à temps pour empêcher l’eau de stagner. « Je discute tout le temps avec la mairesse et je peux vous dire qu’elle n’a aucun autre souci que de régler ce problème d’inondation ».

Faux ! rétorque Babou Ndiaye. Pour le Président du mouvement and Sokhali Gounas, la première pluie enregistrée vendredi dernier devrait déjà servir d’alerte à la mairesse Woré Sarr, pour prendre des mesures adéquates. « D’habitude, pour trouver le carburant, nous faisons une quête et chaque maison cotise », précise-t-il. Babou Ndiaye reproche cependant à Woré Sarr de ne s’être même pas déplacée pour s’enquérir de leur situation. Et pourtant, il n’y a pas longtemps, un lutteur du nom de Gouy Gui, a remercié la mairesse pour lui avoir offert une 4X4, s’emporte une dame qui a voulu garder l’anonymat. Mais Babou Ndiaye qui dit être au courant de cela soutient fermement : « je crois à ce qu’a dit ce lutteur, mais je pense qu’il aurait suffi à Woré Sarr de débourser, ne serait-ce que 500.000 francs, pour l’achat de carburant et également régler d’autres problèmes liés à ces soucis d’inondation ». Par ailleurs, l’autre problème non moins important qui se pose, à en croire toujours Babou Ndiaye, c’est celui des bassins de rétention qui, jusqu’à présent, n’ont pas été vidés, contrairement aux promesses du premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye. En fait, de Guédiawaye à Pikine Nietty Mbar, aucun bassin de rétention n’a été curé. C’est dire que les riverains risquent de voir ces eaux des bassins se déverser à nouveau dans leurs domiciles.

« Jamais à Sangalkam, car nous ne sommes pas des refugiés »

S’agissant de l’idée émise par le chef du gouvernement, selon laquelle plus de 28.000 sinistrés vont être déguerpis et relogés à Sangalkam, les populations de Médina Gounass se scandalisent : « nous savons ce qui se passe dans les tentes, pour avoir fait l’expérience », explique Tdijane Dème. Très amer, il poursuit : « nous ne pouvons pas aller dans les tentes pour la bonne et simple raison que là-bas, tout le monde partage la même chambre, père, mère, fille, garçon, belle fille…. Comment peut-on partager une chambre avec sa femme et ses parents ? Et pour couronner le tout, pour aller dans les toilettes, on se met en rang, attendant son tour ». « S’ils veulent un scandale à Médina Gounass, ils n’ont qu’à essayer de nous déguerpir. Ils devront passer sur nos corps », proteste le Président de And Sokhali Gounass. « Les tentes c’est pour les refugiés ; nous ne sommes pas des refugiés », poursuit-il.

Au demeurant, pour le moment, les stations de pompage installées à Nietty Mbar et sur la route des Niayes ont sauvé les habitants de ces environs en aspirant toutes ces eaux venues d’ailleurs, permettant ainsi aux véhicules de circuler sans grande difficulté sur ces artères.

Alassane DRAME

lasquotidien.info

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