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Les minutes de l’audition de Pierre Agbogba par la CREI

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Première question des enquêteurs : Quelle est votre parcours professionnel et quelles ont été vos différentes fonctions ?

Pierre Agbogba : Je suis né en 1952 à Segeporoue, au Bénin. Je suis ingénieur diplômé de l’école nationale supérieure des Arts et Métiers à Paris. J’ai commencé à travailler en France en 1978 dans le secteur des ciments, à la société du ciment français où j’étais responsable du bureau d’études de l’usine de Garge-en-ville.

J’ai quitté la France en fin décembre 1978. A la suite, j’ai intégré Air Afrique en 1979 et j’y ai travaillé jusqu’à juillet 2002. A Air Afrique, j’ai été successivement chef du service des procédures et du contrôle d’exploitation, chef du département escale, directeur des opérations au sol, directeur de l’exploitation, directeur des systèmes d’information et de télécommunications, administrateur général de la compagnie pour la France (filiale Charter d’Air Afrique). J’ai été aussi conseiller du DG d’Air Afrique et enfin Président du comité de pilotage d’Air Afrique.

Après la liquidation en juillet 2002, j’ai commencé des activités d’expert en transport aérien. En septembre 2002, j’étais à Paris et j’ai été contacté par Ibrahim Aboukhalil pour venir à Dakar, démarrer une société qui s’appelle AHS Sénégal. Dans la même période où j’ai eu contact avec les promoteurs de AHS, j’ai été contacté par la CEDEAO en qualité d’expert conseiller des affaires de la CEDEAO pour les activités du transport aérien. En 2005, j’ai été contacté par Monsieur Gervé Koffi Djono pour l’aider, en tant que conseiller auprès du Conseil d’Administration d’une société qui s’appelle Société de Promotion de la Création d’une compagnie aérienne régionale, à conduire les études et procéder à la création de cette compagnie et à son lancement, ce qui a été fait. Les premiers vols ont démarré en janvier 2010. Je précise que je suis aussi membre du comité d’Audit et de Suivi de la compagnie depuis le démarrage de ses activités.

Pour en revenir à AHS, je rappelle que j’ai été contacté par Ibrahim Aboukhalil pour le démarrage des activités de AHS. En fin décembre 2002, il m’a fait venir à Dakar pour préciser le contenu des missions qu’il voulait me confier. Je suis revenu donc en début janvier 2003 pour entreprendre l’exécution des missions qui devaient consister à aider le Directeur Général de AHS Sénégal au cours de ses négociations avec ladite compagnie. Je devais l’aider aussi pour le recrutement du personnel, la préparation des manuels de procédure qui permettraient de lancer les opérations. Aussi devais-je l’assister au démarrage et au fonctionnement de la société Handling à l’aéroport. C’est le premier volet de ma mission. Le deuxième volet de ma mission que j’avais convenue avec Ibrahim Aboukhalil était de créer de nouvelles sociétés dans la sous-région. Ainsi, j’ai été régulièrement à Dakar de janvier 2002 à mai 2003.

Dès le bon démarrage de AHS Sénégal, je suis revenu moins fréquemment, parce que je m’occupais de plus en plus du développement de AHS. Dans ce cadre, nous avons participé à un appel d’offres au Niger et au démarrage de AHS Bénin, AHS Ghana, AHS RCA et AHS Guinée-Bissau dans lesquelles j’étais PCA. Je suis d’ailleurs Président de SERVAIR Bénin (Société de catering Air France). Je suis PCA aussi de la SENCA Dakar.

Je précise que pendant que j’étais à Air Afrique, j’étais membre du comité de gestion de l’ANAM, en Cote-d’Ivoire. J’étais aussi représentant d’Air Afrique à la Société International Télécommunication Aéronautique (SICA). J’étais administrateur d’Abidjan Catering. J’ai été membre de l’IATA. Et après Air Afrique, j’ai repris donc mes activités d’expert en transport.

Un autre enquêteur de lui demander : Pouvez-vous nous dire comment vous avez intégré le groupe AHS et par qui vous avez été recruté ?

Pierre Agbogba : Mon premier contact était avec Monsieur Ibrahim Aboukhalil qui est venu me voir en France pour parler de la société et solliciter mon concours en fin septembre/début octobre 2002. Il m’a dit qu’à la suite de la disparition d’Air Afrique, l’Etat du Sénégal voulait privatiser l’activité du Handling à Dakar et il m’a aussi indiqué qu’il confirmait son souhait de me voir les aider dès l’obtention des autorisations.

Quand je suis arrivé en fin décembre 2002 à Dakar, il m’a reçu à son domicile, au 10e étage de l’immeuble communément appelé immeuble BOURGI ou ABM sis sur l’avenue de la République. Quand je suis arrivé, il m’a présenté un monsieur déjà présent et assis. Il m’a dit que c’est Pape Mamadou Pouye et m’a précisé qu’ils sont partenaires. Vers la fin de notre entretien sur le contenu de mes misions, il a fait introduire une troisième personne qu’il ma présentée comme étant Eli Manel Diop, Directeur Général de la Société. Nous avons eu des entretiens avec ces personnes portant sur le calendrier des actions à entreprendre. Je suis revenu à Dakar début janvier 2003 pour entreprendre de participer aux différentes réunions et préparations avec Monsieur Eli Manel Diop. Je rappelle que cette phase de préparation à duré jusqu’au démarrage effectif de AHS vers février 2003 et a mis fin à mes activités correspondant au premier volet de ma mission.

Ibrahim Aboukhalil m’a laissé entendre que dans le cadre de la privatisation du Handling, des privés sénégalais dont lui-même, avaient le projet de créer une société après obtention de l’autorisation et qu’il me rappellerait dès la sortie de l’agrément.

Pouvez-vous nous dire l’étendue de votre patrimoine au Sénégal et à l’étranger?

Pierre Agbogba : Au Sénégal, je n’ai aucun bien ni aucun compte bancaire, puisque je n’y ai jamais régulièrement résidé. J’ai un compte à la BNP Paribas que j’ai ouvert en 1974, quand je suis arrivé en France comme étudiant. C’est le seul dont je dispose en France, hormis les comptes associés pour l’assurance vie et l’épargne. J’ai quelques actions détenues dans certaines sociétés et que la banque m’a proposées. La valeur des actions ne dépassent pas 1 500 euros. Les soldes des comptes, que je ne connais pas depuis 10 mois, sauf intervention de mes enfants doivent être négatifs. J’ai une maison en France que j’ai acquise en 1992 par un prêt bancaire sur 20 ans que j’ai soldé le 11 novembre 2012. A Abidjan, où j’ai fait toute ma carrière, j’ai un compte ouvert sur les livres de la Société Ivoirienne de Banque depuis 1980, sans que je ne puisse vous donner le solde exact. Ma pension de retraite d’un montant de 370 000 francs CFA par mois, passe par ce compte. J’ai une maison acquise en 1992 suite à un prêt bancaire sur 20 ans que j’ai soldé en 2002. Au Bénin, mon pays, j’ai un compte ouvert à ECOBANK sur lequel passent en général les honoraires que je reçois pour mes activités de consultance, la liquidation de mes soldes de tout compte à Air Afrique que l’Etat me verse, la rémunération de PCA d’AHS Bénin et quand il y a lieu les dividendes que je perçois de AHS Bénin où je suis actionnaire à concurrence de 10%. J’ai un terrain nu au Bénin sur lequel j’envisage de construire une maison. C’est à AHS Bénin et AHS RCA que je détiens 10% d’actions dans chacune d’elles.

Soudain un membre de la commission d’instruction l’interpelle : Connaissez-vous les nommés Karim Meïssa Wade, Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi, Karim Aboukalil, Pape Mamadou Pouye, Evelyne Riout Delatre, Marwane Zakhem, Rasseck Bourgi, Albert Paye, Abraham Rosendhal ? Si oui, dans quelles circonstances ?

Pierre Agboba : Je ne connais pas Albert Paye, ni Abraham Rosendhal et je n’ai jamais entendu parlé d’eux. Je connais Karim Meïssa Wade, j’ai participé à son cabinet à une réunion entre 2009 et 2010, alors qu’il était ministre des transports. Il avait invité à cette réunion les sociétés de Handling, AHS et SHS, une société française, EAS Industrie et beaucoup d’autres personnes pour discuter d’un projet de création d’un centre de maintenance des avions à Dakar. Il appelait ces différentes sociétés et les autres personnes présentes à s’associer dans ce but. C’est la première et la seule fois que j’ai rencontré Karim Meïssa Wade, en dépit de ce qui a été avancé par d’autres personnes.

Il ressort de vos déclarations faites à l’enquête préliminaire, précisément lors de votre confrontation avec Eli Manel Diop, que vous avez vu Karim Wade lors de votre entretien d’embauche en fin 2002 ou début janvier 2003 au domicile d’Ibrahim Aboukhalil. Ces déclarations sont contredites par celles que vous venez de faire. Comment expliquer cette contradiction ?

Pierre Agboba: Je me dois de vous expliquer le contexte dans lequel ces déclarations ont été faites. J’ai été convoqué à la section de recherches de la gendarmerie nationale à 10h du matin où j’ai attendu jusqu’à 18 heures avant le démarrage de mon audition qui a duré jusqu’à 20 heures. Pendant tout ce temps, je suis resté sans boire ni manger. En ce qui concerne l’audition à proprement parler, c’est sur l’insistance d’Eli Manel Diop et les gendarmes enquêteurs, dont le commandant Sarr, que j’ai été contraint et obligé de dire que parmi les personnes qui sont passées dans le salon, lors de l’entretien d’embauche, j’avais reconnu avec le recul, Karim Wade. Je précise que les gendarmes m’avaient menacé du fait que si je ne répondais pas à la question, que je n’allais pas être libéré pour prendre mon vol le lendemain. Je souligne par ailleurs que c’était la première fois que j’étais dans le salon d’Ibrahim Aboukhalil. Donc si Karim Wade était passé sans me saluer, je pouvais ne pas le reconnaître d’autant plus que je ne l’avais jamais vu auparavant et que je ne le connaissais pas. Autrement dit, les gendarmes devraient se limiter aux déclarations d’Eli Manel Diop comme je leur ai demandé. J’ai rencontré Ibrahim Aboukhalil dans les circonstances que j’ai décrites précédemment, c’est-à-dire pour la première fois à Paris, lorsqu’il a pris contact avec moi pour m’expliquer le projet de création de AHS et, pour la deuxième fois, lorsqu’il m’a invité à Dakar pour définir les bases d’une collaboration future entre nous. Par la suite, nous avons poursuivi notre collaboration dans le cadre des activités de AHS. Je ne suis pas certain d’avoir rencontré physiquement Karim Aboukhalil. Cependant, Ibrahim Aboukhalil m’a parlé de lui comme étant son associé dans le cadre de AHS. S’agissant de Pape Mamadou Pouye, je l’ai rencontré dans les circonstances que j’ai décrites, c’est-à-dire à l’occasion de la rencontre avec Ibrahim Aboukhalil dans son domicile, en décembre 2002, à cette occasion, il m’a été présenté comme un des associés dans la société.

Par la suite, nous avons poursuivi notre collaboration dans le cadre des activités de AHS. Quant à Evelyne Riout Delatre, je ne sais plus précisément la date à laquelle je l’ai rencontrée pour la première fois à Dakar, probablement en 2004. C’est elle-même qui s’est présentée comme Directrice administrative et financière d’AHS Sénégal. Par la suite, j’ai noté que les actionnaires de AHS l’ont désignée comme représentante de Menzies Afrique, qui est devenue Menzies Middle East and Africa, aux conseils d’administration des différentes AHS que je présidais. En même temps, elle assure le suivi comptable des différentes AHS. J’ai connu Marwane Zakhem au Ghana pour la première fois en 2006. Il m’a été présenté comme actionnaire et administrateur de AHS Ghana.

Rasseck Bourgi je l’ai connu depuis longtemps, pendant que j’étais employé à Air Afrique. Il était au cabinet de Me Boissier Palum. Il était l’avocat créateur d’Air Afrique à sa création en 1961 et il est resté longtemps avocat de la société. A la suite du retrait de Me Palum, Rasseck a pris sa succession comme avocat d’Air Afrique. C’est dans ce cadre que j’ai collaboré avec lui jusqu’à la liquidation d’Air Afrique. Il n’y avait entre nous que des relations professionnelles et ce n’est qu’en 2013 que j’ai découvert qu’entre Ibrahim Aboukhalil et Rasseck, il y avait des liens de parenté.

En réalité, je ne saurais vous dit comment Ibrahim Aboukhalil a eu mon contact, mais je n’ai pas été surpris parce que j’étais mondialement connu dans le secteur du transport aérien et mes coordonnées étaient dans le répertoire mondial des compagnies aériennes.

Si on considère, comme vous l’avez déclaré, que Pape Mamadou Pouye, Ibrahim Aboukhalil se sont présentés à vous comme des associés dans la société AHS, comment expliquez-vous qu’ils aient choisi des prête-noms, en l’occurrence Paul et Madeleine Sarr et Gerry Gureghian, comme actionnaires exclusifs de AHS ?

Pierre Agbogba : Il leur revient de s’expliquer sur cette question dont je ne peux répondre.

Pouvez-vous nous édifier sur le processus de constitution des sociétés AHS Sénégal, AHS Bénin, AHS RCA, AHS Guinée Equatoriale, AHS Jordanie, AHS Guiné Bissau, AHS Niger, AHS Ghana, Aéroport de Guinée Equatoriale (ADGE) et sur leur fonctionnement ?

Pierre Agbogba : Je ne peux pas vous dire comment ont été constituées AHS Sénégal, AHS GE et ADGE. Sur AHS Jordanie, je ne peux rien dire à part que j’ai participé à l’appel d’offres.

AHS Niger a été constitué après appel d’offres international de l’Etat du Niger, soumission des offres, adjudication et libération de son capital devant Notaire. La même procédure a été suivie pour AHS Bénin, AHS Ghana, avec cette différence que AHS Ghana remplaçait la société de Handling Ghana Airways. Pour RCA, c’est le même processus.

Pour Bissau, il y a une légère différence, parce qu’il y avait une société qui s’appelait Bissau Handling et elle a fusionné avec AHS pour créer AHS Bissau.

Pour AHS Jordanie, j’ai juste participé au montage du dossier d’appel d’offres et je n’en ai pas assuré le suivi. Une des conditions des cahiers de charge était que chaque société créée dans un pays serait immatriculée au niveau local et géré suivant la réglementation locale. Je suis PCA de AHS Sénégal depuis mars 2008 et depuis lors je ne perçois ni de jetons de présence, ni aucune forme de rémunération. Cependant, mes frais de mission à Dakar sont pris en charge par cette société. Il en est de même pour AHS RCA, AHS Ghana et AHS Bissau. A AHS Bénin, en ma qualité de PCA, j’ai un million de francs CFA de rémunération fixe par mois et en fonction de la situation de ce moment, je perçois des jetons de présence d’environ 300 mille de francs CFA. Il en est de même pour AHS Niger où je percevais une rémunération fixe de 500 mille francs CFA par mois. En plus de ces sommes, je reçois de Menzies Engeenering, une rémunération d’un peu plus de 4 000 euros pour la coordination de l’ensemble des sociétés AHS.

Mention : à 13h31 mn, Me Boubacar Cissé s’étant retiré, n’assiste plus à l’interrogatoire.

Pierre Agboba de poursuivre : Chaque fois que j’ai fini de monter une des sociétés susvisées, les actionnaires majoritaires m’ont toujours désigné PCA. Je précise que Menzies Middle East and Africa est actionnaire majoritaire des sociétés AHS locales parce que ce sont Pape Mamadou Pouye et Ibrahim Aboukhalil qui en sont les actionnaires majoritaires et c’est eux qui m’ont désigné comme PCA desdites sociétés.

Est-il exact que AHS Niger et AHS Bissau sont fermées ? Si oui, quelles en sont les causes ?

Pierre Agboba: AHS Niger a arrêté ses activités en 2010, à la suite d’un changement de gouvernement. Les nouvelles autorités de ce pays ont fait remarquer que la société ne respectait pas les conditions de la convention d’investissement. Pour Bissau, c’est une société au capital de 50 millions de Francs CFA qui n’a été libéré qu’en partie. L’aéroport de Bissau ne recevait que 3 vols par semaine et le coût des charges était tel que nous n’enregistrions que des pertes. C’est ainsi que nous avons décidé d’arrêter ses activités.

Savez-vous qui sont les actionnaires de ces sociétés et le pourcentage des actions, à la date de démarrage à nos jours ? Les statuts de ces sociétés ont montré que le capital de AHS Sénégal est détenu à 99,9% par Menzies Middle East and Africa, basé au Luxembourg, et à 0,01% par AHS International basé aux îles vierges britanniques. Il ressort de vos déclarations à l’enquête préliminaire que les actionnaires de départ de AHS étaient Paul et Madeleine Sarr et Gerry Guereghian. Qu’en pensez-vous ?

Pierre Agbogba : J’ai fait ces déclarations parce que c’est ce que j’ai vu dans les documents. A AHS Bénin, 74,99% des actions sont détenues par Menzies Middle East and Africa, 0,01% par AHS International, 10% par moi-même, 15% par une dame du nom de Karin Afoussakou.

A AHS Niger, 74,99% des actions son détenues par les actionnaires locaux, 0,01% par AHS International et 25% par des locaux.

AHS Ghana est détenue à 79,99% par Menzies Middle East and Africa, 0,01% par AHS International et 5% pour Zakhem et 15% par Panoplie Air Service Limited.

A AHS RCA 89,99% des actions sont détenues par Menzies Middle East and Africa, 0,01% par AHS International et 10% par moi-même.

Ce dont je suis sûr c’est que Ibrahim Aboukhalil et Pape Mamadou Pouye sont des actionnaires de AHS International, mais je ne peux dire si Karim Aboukhalil fait partie des actionnaires de cette société. Les actions de Menzies Middle East and Africa sont détenues à 50% par Ibrahim Aboukhalil, 40% par Karim Aboukhalil et 10% par Pape Mamadou Pouye.

Savez-vous qui sont les dirigeants de cette société ?

Pierre Agboba : Conformément à la convention qui lie les sociétés AHS à Menzies Aviation, les directeurs des opérations sont nécessairement désignés par Menzies Aviation. En général, en fonction de la taille de ces sociétés, les Directeurs des opérations désignés par Menzies étaient désignés Directeur Général pour limiter les charges, sauf Dakar et Accra où il y a à la fois un Directeur Général désigné par Menzies Aviation et un Directeur des opérations aussi.

Pouvez-vous nous expliquer les conditions dans lesquelles le matériel de l’ex Air Afrique a été cédé à AHS SA et SHS ? Et quel rôle vous y avez joué ?

Pierre Agboba: Le matériel d’Air Afrique a été transféré au syndic de la liquidation en 2002, alors que je suis arrivé à Dakar en 2003. Donc, je n’ai aucune prise sur ledit matériel, propriété du syndicat. Le matériel devait être vendu aux deux sociétés qui existaient sur la place à savoir AHS et SHS. C’est ainsi qu’il y a eu un appel d’offres pour le rachat de tout ou partie du matériel. Chacune de ces sociétés a fait des offres de rachat au syndic en déterminant le matériel dont elle avait besoin. Le syndic a analysé les offres et a conclu avec ces sociétés. A ce propos, j’ai aidé le Directeur Général de AHS.

Je précise que plus tard j’ai eu accès au dossier et je me suis aperçu que, contrairement à la rumeur qui a été véhiculée selon laquelle AHS avait été privilégiée dans le rachat du matériel, une partie du matériel a été cédé à AHS à 195 millions de FRANCS CFA et tout le reste à SHS pour 400 millions de FRANCS CFA. D’ailleurs, pour toutes ces raisons AHS a été obligée de commander aussi du matériel pour démarrer ses activités.

Quelles relations la société AHS SA entretient-elle avec les autres AHS ?

Pierre Agboba: chaque AHS est une société de droit local autonome. Cependant, il arrive pour les besoins du fonctionnement qu’une société AHS demande à une autre société AHS de lui prêter du personnel. Et les charges sont facturées à la société qui reçoit le personnel.

Il arrive aussi qu’une société ait besoin d’équipement ou de pièces détachées. Dans ce cas, la société sollicitée vend les pièces ou matériel qui lui sont demandés. Ces mouvements de matériel donnent lieu à des compensations financières entre les sociétés AHS.

Dans le cadre de votre activité à AHS Sénégal, aviez-vous entendu parler de HQ1 et HQ2 ? Si oui, les connaissiez-vous ?

Pierre Agboba : Oui, je savais depuis le début qui sont HQ1 et HQ2. HQ1 c’est Ibrahim Aboukhalil et HQ2, Pape Mamadou Pouye. Dans le transport aérien, il est de coutume que des personnes soient désignées par des noms de code pour permettre la continuité des opérations en cas de changement de personnes physiques. Moi-même, il m’est arrivé d’être désigné par «ET» en tant que Directeur d’escale et «OZ» quand j’étais directeur des opérations à Air Afrique. Donc, je ne suis pas surpris de constater qu’Ibrahim Aboukhalil et Pape Mamadou Pouye se faisaient appeler par HQ1 et HQ2. Toutefois, je ne peux donner aucune explication sur le fait que ces personnes n’aient pas voulu être identifiées.

Eu égard à cette justification de l’utilisation de noms de code, les actionnaires peuvent-ils utiliser des noms de code pour se désigner ?

Pierre Agboba: A ma connaissance, Ibrahim Aboukhalil et Pape Mamadou Pouye avaient des activités qui allaient au delà de celles d’un actionnaire puisqu’ils géraient la société.

Est-ce que vous savez qu’Ibrahim Aboukhalil se fait appeler par le nom d’Abraham Rosendhal et Pape Mamadou Pouye par celui d’Albert Paye ?

Pierre Agboba: Non. Je ne les connais pas par ces noms. C’est récemment que j’ai appris qu’ils se faisaient appeler par ces pseudonymes en Guinée Equatoriale.

Avez-vous connaissance de sociétés dans lesquelles, il y a prises de participation de AHS SA ?

Pierre Agbogba : AHS Sénégal a des participations d’environ 17% dans le capital de la société SENCA.

Il en est de même de AHS Line Maintenance qui est un département de AHS SA. Cependant l’activité de maintenance en ligne requiert un agrément de EASA, structure européenne de contrôle dont le siège est à Cologne en Allemagne. Pour pouvoir postuler et obtenir cet agrément, le département a été érigé en société unipersonnelle filiale à 100% de AHS SA. Son capital est de 10 millions de francs CFA. Il y a aussi AHS Voyages qui est un département de AHS SA.

Savez-vous comment la société AHS SA obtenait-elle ses agréments ?

Pierre Agbogba : L’agrément d’AHS SA a été obtenu avant mon arrivée à Dakar. Par conséquent, je ne peux pas vous dire comment il a été obtenu. Pour les autres AHS, l’agrément est délivré par le ministère des transports et ce, après signature du contrat de concession, création de la société et dépôt du dossier de demande de l’agrément. A la suite de l’analyse du dossier, l’agrément est délivré et dure en général 10 ans. L’agrément n’est pas la licence qui nécessite elle, des moyens prévus par l’agrément dont l’équipement, les manuels de procédure. Elle est demandée à l’aviation civile.

Quels sont les dirigeants réels du groupe AHS ?

Pierre Agboba : Etant donné que c’est Menzies Middle East and Africa qui est actionnaire majoritaire des AHS et que les actionnaires principaux de la société Menzies elle-même, sont Pape Mamadou Pouye, Ibrahim Aboukhalil, Karim Aboukhalil, cela va de soi qu’ils sont les véritables dirigeants de cette société puisque ce sont eux qui décident en relation avec Menzies Aviation.

Avez-vous connaissance d’autres sociétés créées à l’aéroport LSS en rapport avec AHS SA ?

Pierre Agboba: Il y a une société créée par AHS, SHS et EAS Industrie à la suite d’une réunion avec le ministre des transports, Monsieur Karim Wade, courant 2009 pour la maintenance lourde des avions et dissoute au bout d’un an parce qu’il n’y avait pas d’activités. Je ne me souviens plus de cette société.

Quels sont les dirigeants réels du groupe AHS ?

Pierre Agboba: Etant donné que c’est Menzies Middle East and Africa qui est actionnaire majoritaire des AHS et que les actionnaires principaux de la société MENZIES, elle-même, sont Pape Mamadou Pouye, Ibrahim Aboukhalil, Karim Aboukhalil, cela va de soi qu’ils sont les véritables dirigeants de cette société puisque ce sont eux qui décident en relation avec MENZIES AVIATION.

Avez-vous connaissance d’autres sociétés créées à l’aéroport Lépold Sédar Senghor en rapport avec AHS SA ?

Pierre Agbogba : Il y a eu une société créée par AHS, SHS et EAS Industrie à la suite d’une réunion avec le Ministre des Transports, Monsieur Karim Wade, courant 2009 pour la maintenance lourde des avions et dissoute au bout d’un an parce qu’il n’y avait pas d’activités. Je ne me souviens plus de cette société.

Quels sont les véritables bénéficiaires économiques du groupe AHS et de leurs sociétés satellites ?

Pierre Agboba: Les actionnaires sont les véritables bénéficiaires économiques du groupe AHS et de leurs sociétés satellites.

Quelles relations le groupe AHS entretient-il avec la société ABS SA ?

Pierre Agboba: En 2006 quand les autorités du Niger ont demandé à AHS de mettre en place des bus identiques aux bus COBUS de la plateforme de Dakar, AHS Niger s’est adressée à COBUS en Allemagne. COBUS a répondu qu’elle avait un partenaire exclusif pour l’Afrique qui est ABS SA. COBUS a donc diligenté la demande de AHS Niger au Directeur Général d’ABS SA, Monsieur Diassé. Ce dernier a fait des offres que j’ai personnellement trouvées un peu élevées. Ainsi, j’ai appelé Monsieur Diassé pour lui demander de bien vouloir revoir ses offres à la baisse, ce qui a été fait et les premiers bus ont été achetés et mis en place à Niamey. Avec la livraison des bus, un contrat de maintenance était signé avec ABS SA. Par la suite, AHS Ghana a exprimé ses besoins et a directement traité avec ABS. Ensuite, AHS Bénin et enfin AHS RCA ont acheté des bus. Il est arrivé que Monsieur Diassé m’appelle quand il a des difficultés de paiement avec l’une des sociétés AHS. Ainsi, j’informais la société concernée des préoccupations du Directeur Général d’ABS SA. J’ai rencontré une première fois et fortuitement Monsieur Diassé à Cotonou, une deuxième fois au cabinet du ministre des transports, Mor N’gom, à l’occasion des négociations relatives au plan social concernant les ex travailleurs d’Air Afrique. La seule et unique fois que j’ai pris contact téléphoniquement avec DIASSE, c’était dans ce cadre.

Avez-vous connaissance de l’existence d’une société dénommée ABS CORPORATED basée aux iles vierges britanniques ?

Pierre Agbogba: Non. Je n’en connais pas l’existence.

Etes-vous sûr, en tant que PCA, que les Directeurs des autres AHS, pour l’obtention des Cobus, s’adressaient directement au Directeur Général de ABS SA ?

Pierre Agboba: Il est impossible en tant que PCA d’affirmer que le Directeur Général s’est adressé à tel ou tel autre. Selon des échanges que j’ai eus avec les Directeurs Généraux des AHS, c’est eux qui envoyaient les demandes à ABS SA et négociaient avec elle.

Pouvez-vous nous expliquer comment a été créée Menzies Engineering SA et qui en sont les actionnaires ?

Pierre Agboba : Je ne suis pas en mesure de vous expliquer comment a été créée cette société. Je ne peux rien vous dire aussi sur la structure de son actionnariat pour n’avoir pas pris part au processus. De même, je ne peux pas me prononcer sur cette question, puisque seule Menzies East and Africa, pour qui je me suis prononcé sur l’actionnariat, a des parts dans les différentes AHS et c’est en vertu de ses prises de participation que j’ai dû avoir accès aux documents relatifs à sa création.

Quelles relations le groupe AHS entretient-il avec Menzies Aviation et Menzies Engineering ?

Pierre Agboba : Menzies Aviation a un contrat avec Menzies Middle East and Africa pour l’utilisation de la marque Menzies, le soutien opérationnel dans la désignation du directeur des opérations, l’utilisation des outils informatiques et les négociations commerciales dans le cadre du réseau mondial de Menzies. C’est tout ce que je sais des relations. La contrepartie financière dans le contrat initial était fixée à 7% du chiffre d’affaires annuel pour Menzies et il a baissé à 5% par la suite. Je me prononce sur cette question avec un peu de réserve parce que je n’ai reçu que peu d’informations à ce propos, lesquelles n’ont pas été recoupées parce que je n’ai pas les contrats qui les lient. Je ne suis pas en mesure de vous édifier sur les relations entre AHS et Menzies Engineering. Je peux seulement dire que Menzies Engineering payaient des charges pour AHS, procédaient à des achats pour AHS. La marque AHS a été déposée par Menzies Engineering. Toutefois, je n’ai pas l’absolue certitude de ces informations. Selon les informations que j’ai reçues et que je ne peux pas confirmer, c’est AHS International qui reçoit 1% au titre de la contrepartie des services rendus par Menzies Engineering.

Savez-vous s’il existe des relations comptables entre les différentes sociétés AHS ? Si oui, dans quelle société AHS était tenue la comptabilité centrale ?

Pierre Agboba: Il n’existe aucune relation comptable entre elles. Chaque société AHS tient sa propre comptabilité, arrête ses comptes. En revanche, une fois les comptes de chaque société arrêtée, ils sont repris par Mme Riout qui agit pour le compte de Menzies Middle East and Africa et elle assure le suivi comptable des différentes AHS et cela pour le compte de l’actionnaire principal. Il n’y a pas eu une centralisation de la comptabilité des AHS à Dakar. Les systèmes comptables des pays sont différents.

Connaissiez-vous le Président Abdoulaye Wade ? Si oui, dans quelles circonstances ?

Pierre Agboba : Je ne le connaissais pas, mais nous avons été reçus en audience à la demande des partenaires anglais de Menzies. J’étais avec Eli Manel Diop, Forsyth Black et deux autres dont je ne me souviens plus des noms. Je ne sais pas non plus, par quelle voie ils ont obtenu cette audience. C’est la seule fois que je l’ai rencontré.

Connaissez-vous le nommé René Raymond Levancier ? Si oui, pouvez-vous nous dire comment il a été recruté à Line Maintenance et par qui ?

Pierre Agbogba : Je le connais. C’était un agent d’Air France au moment de démarrer le projet d’acquisition de l’agrément de Line Maintenance. Dans ce cadre, on cherchait une personne capable de conduire ce projet. Monsieur Charles Demolin, ancien Directeur Général d’AHS SA, a soumis à mon appréciation le dossier de Levancier. J’ai donné mon accord sur la foi de son CV et de l’entretien que j’ai eu avec lui, en plus de son expérience personnelle. C’est ainsi qu’il a été recruté et a participé à l’obtention de l’agrément.

Savez-vous si LEVANCIER avait une quelconque relation avec Karim Meïssa Wade ?

Pierre Agboba : Je n’en savais rien. En revanche, il était l’un des techniciens qui s’occupaient de la maintenance de l’avion présidentiel et cela apparaissait dans son CV. Je précise que c’est Demolin qui m’a proposé le recrutement de Levancier, qui m’a également remis son CV et l’entretien d’embauche s’est déroulé dans son bureau devant lui.

Question de Me Ibrahima Guèye : Quand vous étiez PCA à AHS SA, vous arrivait-il de vous occuper de la gestion financière et économique ?

Pierre Agboba: c’est le Directeur Général qui s’occupait de la gestion financière et économique par délégation de pouvoir du Conseil d’Administration. Mais, c’est le rôle du Conseil d’administration et du président d’assurer le contrôle administratif et financier. Ce rôle est délégué au commissaire aux comptes qui a la charge d’assurer le contrôle de la régularité des opérations effectuées par la direction générale. Il rend compte au conseil d’administration au travers de ses rapports, il fait des observations au conseil d’administration sur le fonctionnement de la société et lui permet d’apporter les rectifications nécessaires, d’arrêter les comptes avant que le commissaire produise ses rapports définitifs à l’Assemblée Générale. Il faut préciser qu’il y a un rapport d’activités qui est produit par le Directeur Général. Dès lors que le commissaire a produit ses rapports et qu’il n’y a pas relevé d’irrégularités, le conseil prend des décisions qui y sont relatives.

Pendant que vous étiez PCA, aviez-vous connaissance de dividendes distribuées aux actionnaires de AHS SA ?

Pierre Agbogba : pendant tout mon mandat et jusqu’à ce jour, aucun dividende n’a été versé à un actionnaire, parce que sur les exercices précédents, il y avait un déficit et la situation de trésorerie était tendue, même s’il n’y a que des résultats positifs. Avec l’apport des actionnaires, les bénéfices ont été envoyés au report à nouveau.

Question de Me Guédel Ndiaye: Que pensez-vous de la déclaration d’Eli Manel Diop selon laquelle vous receviez des instructions de Karim Wade ? Quelle appréciation en faites-vous ?

Pierre Agboba: lors de l’enquête préliminaire, Eli Manel Diop a fait part aux enquêteurs d’instructions qu’il aurait reçues de Karim et qu’il devait me répercuter. J’ai été interpellé sur cette question et en réponse, j’ai demandé à Eli Manel Diop si une seule fois la nature de ses relations avec Karim m’était connue et s’il m’avait fait part d’instructions venant de lui ? Mais, les gendarmes enquêteurs n’ont pas accepté qu’il réponde à mon interpellation. Pour ce qui me concerne, je confirme que je n’ai pas connu Karim et je n’ai jamais reçu d’instructions de lui. Par ailleurs, sur le deuxième volet de la question, je réitère que les déclarations d’Eli Manel Diop ne sont pas exactes. Je n’ai pas souvenance que Karim soit entré dans le salon d’Ibrahim Aboukhalil lors de l’entretien que nous avons eu en présence d’Eli Manel Diop, Pape Mamadou Pouye et moi-même. C’est pourquoi, je le considère à la limite, comme une personne qui n’est pas normale.

Car si comme on l’a prétendu, Karim Wade me connaissait, il ne serait pas passé par Eli Manel Diop pour me donner des instructions. Eli Manel Diop est venu me rendre visite deux fois à l’hôtel le Méridien, où il est d’ailleurs DAF, en prétendant la première fois qu’il voulait s’enquérir des conditions de mon installation et, lors de la seconde visite, il m’a suggéré de dire aux gendarmes ce qu’ils veulent entendre, c’est-à-dire que je connaissais Karim Wade, comme ils l’ont fait avec lui. Je lui ai opposé un refus catégorique en lui précisant que je ne pouvais, à mon âge et compte tenu de ma personnalité, mentir. Il avait même promis de revenir me voir, ce qu’il n’a jamais fait depuis lors.

2 Commentaires

  1. Les declaration de Mr. de Pierre Agbogba, ne laissent plus

    planer le moindre doute, que ce Monsieur ABOUKHALIL BOURGI

    n’est rien d’autre qu’un magouilleur, et un bandit de

    grand chemins.

    Je croyait ce montage d’une grande sophistication, mais en

    fait c’est de de l’entreprenaiat de petit magouilleur

    financier, qui ne peut echapper au plus nul des experts.

    j’espere qu’a partir de ces faits les avocats de la

    defense vont un peut fermer leurs bouches, et etre un peut

    plus humbles dans leurs declarations.

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