Le cercle vicieux « pas d’expérience canadienne, pas d’emploi, et vice versa » par Doudou SOW
La recherche d’un emploi qualifié peut devenir un cercle vicieux pour les personnes immigrantes. Les entreprises justifient leur non-embauche de personnes immigrantes par le manque d’expérience québécoise. Cependant, force est de reconnaitre que les personnes immigrantes ne pourront jamais décrocher un emploi si on ne leur donne pas une première chance. Elles ne pourront jamais obtenir un emploi si les employeurs sortent souvent cette rhétorique qui devient « un fourre-tout ». L’équation pas d’expérience québécoise, pas d’emploi, et vice versa, serait difficile à résoudre si on suivait la logique jusqu’au bout.
La première expérience québécoise ou canadienne difficilement accessible au début renforce le cercle vicieux « pas d’expérience québécoise, pas d’emploi, et vice versa ». Des chercheurs d’emploi immigrants qui sont appelés en entrevue se font parfois dire qu’ils n’ont pas été retenus par manque d’expérience canadienne.
La méconnaissance de diplômes et de cultures des immigrants pousse souvent certains employeurs à se montrer réticents à les embaucher. En d’autres termes, les employeurs québécois éprouveraient des difficultés à reconnaître et à évaluer les connaissances et expériences de travail des immigrants.
Pour diminuer certaines craintes, les employeurs québécois devraient travailler en étroite collaboration avec les organismes spécialisés en intégration des nouveaux arrivants afin de développer davantage, mais aussi d’adapter, leur politique de recrutement pour cette clientèle.
Les employeurs ignorent ou oublient que les immigrants sont sélectionnés sur la base de critères rigoureux fondés sur leurs connaissances et compétences. Certains employeurs embauchent des personnes qui, selon ce qu’ils croient, possèdent les mêmes valeurs, bref qui leur ressemblent sur le plan culturel ou des idées. L’expression ?engager un « p’tit gars d’chez nous »” est souvent mise de l’avant ou appliquée, de façon consciente ou inconsciente, par certains employeurs qui n’ont aucune culture de la diversité. Dans ce cas-ci, il serait difficile aux nouveaux arrivants d’avoir accès à un emploi qualifié.
Les immigrants peuvent apporter de la valeur ajoutée aux employeurs dans le contexte de la mondialisation et de la gestion de la diversité. L’expérience professionnelle à l’étranger des immigrants devrait être davantage reconnue par des employeurs québécois. Même si les attentes des employeurs peuvent être parfois élevées dans certains postes, il n’en demeure pas moins qu’ils devraient appliquer, dans certaines circonstances, et laisser également aux chercheurs d’emploi l’opportunité de confirmer ou infirmer le proverbe suivant lequel « c’est au pied du mur que l’on voit le maçon ». En d’autres termes, « il ne sert à rien d’essayer de prouver par différentes théories que l’on sait faire telles ou telles choses c’est par la pratique qu’on le prouvera ».
L’économie du Québec est une économie de petites et moyennes entreprises (PME). Les immigrants ont, dans un premier temps, plus de chance d’intégrer les petites et moyennes entreprises et le milieu communautaire que les grandes entreprises plus compétitives.
En commission parlementaire sur la planification de l’immigration au Québec pour la période 2008-2010, l’adjointe au comité exécutif de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) Josée Roy, parlait, elle, d’un manque d’ouverture de la part de certains employeurs qui ont la responsabilité de l’embauche. Elle se basait sur les statistiques de « la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante [qui] rapportait, que seulement 20 % des dirigeants de PME ont embauché un immigrant au cours des cinq dernières années. Il y a vraiment un problème là, il y a un blocage, et nos membres de syndicats ne sont pas en dehors de ce blocage-là, non plus, là ». Cependant, elle notait des exemples de bonnes pratiques dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre.
Le Conseil du patronat, dans un des sondages qu’il avait réalisé, indiquait en 2007 que « trois quarts de leurs entreprises embauchaient moins de 5 % de travailleurs immigrants ».
En avril 2010, l’étude du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) démontrait une fois de plus les difficultés d’intégration des minorités visibles, notamment les Maghrébins.
Le rapport de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) – Mesurer la discrimination à l’embauche subie par les minorités racisées: résultats d’un «testing» mené dans le Grand Montréal ou plus communément appelée Mieux vaut se nommer Bélanger que Traoré – sur la discrimination envers les personnes à consonance africaine est également une triste réalité.
Selon les résultats du sondage fournis par le président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Yves-Thomas Dorval, en commission parlementaire sur la planification de l’immigration pour la période 2012-2015, les principaux obstacles pour l’embauche des immigrants se résument, entre autres, à ceux-ci : la formation inadéquate, la maîtrise de la langue : « Et, quand on leur demande quels sont les principaux freins ou inquiétudes liés à l’embauche des travailleurs immigrants… s’ils ne parlent pas le français ou l’anglais, 30 %, de répondre; manque de compétence, de formation, 23 %; manque de connaissance de la culture québécoise, 20 %; manque d’expérience, 12 % », révélait monsieur Dorval.
C’est pourquoi le président du CPQ insistait sur l’importance des stages pour convaincre les employeurs réticents minoritaires à briser les préjugés sur la clientèle immigrante, mais pour permettre également à celle-ci d’avoir une première expérience québécoise. « Ça permet à un employeur de découvrir sa capacité, de faire face à ces situations-là et d’offrir une expérience de travail aux gens qui arrivent ici comme nouveaux arrivants. »
La sensibilisation des entreprises à la diversité n’est pas assez développée. Le pourcentage du nombre d’embauches des travailleurs issus de l’immigration dans les entreprises québécoises est faible malgré le discours sur la pénurie de main-d’œuvre.
Doudou Sow
L’auteur est sociologue-blogueur, conférencier et consultant. Il a publié en avril 2014 deux livres sur la question de l’intégration professionnelle des personnes immigrantes.
1- En ligne, http://fr.wiktionary.org/wiki/Annexe:Proverbes_en_fran%C3%A7ais (« Annexe : proverbes en français du « Wiktionnaire : le dictionnaire libre », consulté le 24 janvier 2012).
2- Audition Confédération des syndicats nationaux (CSN), « Consultation générale et auditions publiques sur le document de consultation intitulé La planification de l’immigration au Québec pour la période 2008-2010 », Journal des débats de la Commission de la culture, vol. 40, « 38elegislature, 1ere session (8 Mai 2007 au 5 Novembre 2008) », n° 9, 20 Septembre 2007.
3-Yves-Thomas Dorval, « Consultation générale et auditions publiques sur le document de consultation intitulé La planification de l’immigration au Québec pour la période 2012-2015 », Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens, Version préliminaire, vol.41 « 39e législature, 2e session (23 février 2011 au 1er août 2012) », n° 13, 25 août 2011.
Bienvenue,
J’aimerai donné ma contribution à cet article.
Pourquoi l’article n’est pas aussi publié sur d’autres sites web senegalais populaires pour que les immigrés puissent commenter avec toute la liberté que le web préconise.
Moi je pense que l’auteur devrait plutôt arrêter de dire que les employeurs du QC ont peur de recruter car ce sont des conneries, il y a que les immigrés ici qui sont dans les centres d’appels à 10$ de l’heure à faire le boulot qu’1 pure laine n’acceptera pas.
Tous les immigrants ont payé minimum 100$ pour avoir leur évaluation des diplômes mais pourquoi, vous dîtes pas que c’est le MIICC qui doit prendre des mesures et sanctionner les entreprises ou bien même le gouvernemnt du QC doit prendre des mesures disciplinaires pour sanctionner les entreprises qui ne recrutent pas les immigrants et instaurer un quota de 40 ou 50% d’immigrants.
Car ils paient des taxes au QC et contribuent au développement de ce pays.
Il faut arrêter de nous pomper l’air avec la 1ère expérience professionnelle québécoise,car est ce que celle ci est la meilleure expérience professionnelle francaise ou africaine ou allemande car il y a des immigrants qui viennent des ces pays là.
Les organismes d’immigrants ne servent à rien c’est une perte de temps, il faut oser dire qu’il y a du racisme au leur de tourner autour du web et des blogs.
Soyez ferme et dîtes la réalité des choses sans avoir peur de rien, la vérité rien que la vérité
Très d accord avec toi ,, faudra dénoncer le racisme , la discrimination à l’embauche qui ne fait que s’amplifier au Québec. C’est la le vrai problème mais tout le reste c’est que des faux prétextes.
Pire la liberté d’expression est restreinte pour ces pauvres immigrants au Québec. En effet chacun se contente de bas salaires et ferme sa gueule face à ces injustices.
Il y a clairement un problème de racisme au Québec qu’on tente de travestir en le présentant sous les traits de manque d’expérience québécoise, de réseautage, de diplôme québécois, etc. Quelques fois, on vous demandera un diplôme québécois pour faire des tâches de secrétariat ou du télémarketing. Rien de bien sérieux. Le Québec est à quitter. C’est un bon coin pour vivre car la vie est moins chère mais si trouver du boulot y est impossible, autant aller ailleurs. Moi c’est mon intention après six ans ici et pourtant je ne devrais pas me plaindre (machallah) comparé à certains. Mais il y a trop d’hypocrisie dans cette province. Il faut refuser d’être victime and go west.
Certes le Québec est une province avec une mentalité fermée mais je dois dire que la province a un peu évolué .Eh oui ça fait déjà 20ans que nous vivons dans la belle province .Avant c’était beaucoup plus fermé et plus difficile pour les immigrants.Maintenant il ya + d’immigrants .Faut savoir que les québécois n’ont pas fait beaucoup d’enfants et la population québécoise vieillit.Donc les québécois n’auront plus le choix de s’ouvrir aux autres et permettre aux étrangers d’opccuper des bons jobs. Ne vous découragez pas ici ,faut se battre et faire sa place et arrêter de se plaindre.L,avenir est prometteur au Québec. Bonne chance chers compatriotes.
Wa salam.