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Abdou Diouf « je préfère que.. »

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Sa parole est rare. Et quand il la prend, ce n’est pas pour faire dans le populisme, ni dans la démagogie. A un peu plus d’un mois de son départ de la vie publique, le Secrétaire général de l’Organisation international de la Francophonie, Abdou Diouf, qui cède son fauteuil fin novembre à Dakar, dans un entretien à L’Express, a livré le fond de sa pensée sur toutes les questions brûlantes de l’actualité africaine et internationale. Certes avec les sages mots qui le caractérisent, mais non sans cracher, sur certains points, ses quatre vérités, avec des mots forts et des piques qui trahissent sa légendaire réserve.

Fin novembre, dans son pays, au Sénégal, Abdou Diouf quittera son poste de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qu’il dirige depuis 2003, au terme de son troisième mandat. Ce sera en marge du XVe Sommet de cette institution. Tout un symbole pour l’ancien président du Sénégal, et disciple de Léopold Sédar Senghor, qui lui transmit les rênes du pays un jour de 1981, et qui reste un des pères fondateurs de la Francophonie.

A l’approche de cette échéance qui sera sans doute teintée d’émotions, Abdou Diouf a tordu le coup à ses habitudes, en s’épanchant dans la presse. Et c’est le magazine français, L’Express, qui a bénéficié de cette rare faveur du Secrétaire général de l’OIF. Hommes providentiels africains, Etats-Unis d’Afrique, éviction de Khadafi, interventions militaires françaises en Afrique, les djihadistes, la Francophonie….Abdou Diouf a répondu à toutes les questions, parfois avec des mots surprenants, eu égard à sa réserve naturelle et légendaire.

HARO SUR LES HOMMES PROVIDENTIELS EN AFRIQUE

Par exemple, à la question de savoir si l’Afrique manque-t-elle désormais d’idoles et de héros? Abdou Diouf répond sans ambages : « Il y a sur ce continent des dirigeants talentueux. Mais notre époque ne se prête guère à l’émergence d’icônes ou d’hommes providentiels. La gestion quotidienne est devenue de plus en plus exigeante, et la mondialisation a raboté les spécificités, sinon coupé les têtes. A vrai dire, c’est mieux ainsi. Eu égard aux impératifs de saine gouvernance, je préfère que l’Afrique soit pourvue d’hommes d’Etat capables de bien gérer leur pays plutôt que d’enflammer les foules » (sic).

Son grand opposantdans les années 80 et 90, et successeur au pouvoir au Sénégal (en 2000), Abdoulaye Wade, appréciera ce malicieux tacle. Lui qui raffole des bains de foule, qui aime instrumentaliser les foules pour défier le pouvoir en place. Son retour très médiatique à Dakar, il y a quelques mois, après une longue période d’hibernation en France, entamée au lendemain de sa perte du pouvoir, en est une parfaite illustration.

SON JUGEMENT SUR LES ETATS-UNIS D’AFRIQUE

Appelé à donner son point de vue sur les Etats-Unis d’Afrique, le Secrétaire général de la Francohpnie, n’a pas pris, sur ce point non plus, de gants pour livrer le fond de sa pensée. Pour fustiger la réticence de certains dirigeants africains, qui veulent à la fois les Etats-Unis d’Afrique et leur Etat souverain.

« J’ai toujours été choqué d’entendre des chefs d’Etat me dire : « Oui, il faut faire les Etats-Unis d’Afrique, mais dans le respect de la souveraineté de chaque pays. » De qui se moque-t-on? Quand on veut bâtir une fédération, on consent nécessairement à des abandons de souveraineté au profit d’une entité supérieure. Il y a un manque de volonté politique que j’ai maintes fois constaté. Voilà pourquoi j’ai plaidé en faveur d’une confédération continentale, constituée d’authentiques fédérations régionales -Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, de l’Est, du Nord, australe -, dotées chacune d’un exécutif, d’un parlement, d’une armée. »

Pour Abdou Diouf, plutôt qu’une chimère, les Etats-Unis d’Afrique sont une « nécessité ». Mais, fait-il remarquer, « dès lors que l’on veut réussir une intégration digne de ce nom, propice à un développement plus rapide, plus équitable, durable et humain. Hélas, j’ai l’impression que personne n’a envie d’aller jusque-là. »

DIOUF NE REGRETTE PAS L’EVICTION DE KHADAFI ET LES INTERVENTIONS MILITAIRES FRANCAISES EN AFRIQUE Contrairement à une certaine tendance qui soutient que tous les problèmes sécuritaires actuels dans la bande saharo-sahélienne ont pour origine l’éviction du guide libyen Muammar Khadafi par les Occidentaux, le Secrétaire général de l’OIF défend que ce n’était pas une erreur. « Pas du tout. Impossible de contempler passivement l’entreprise de destruction de Benghazi et de ses habitants. Ceux qui ont alors décidé, au nom de la responsabilité de protéger le peuple libyen, d’évincer Kadhafi ont bien fait. Mais il est vrai qu’il leur a manqué la vision de l’après », explique t-il.

Sur les interventions militaires françaises sur le continent, il poursuit en se faisant l’avocat de Paris.

« Ce que la France a fait, c’est ce qu’il fallait faire. J’étais à l’Elysée le jour où François Holande a lancé l’opération Serval. S’il avait tardé ne serait-ce que quelques heures, les hordes djihadistes auraient fondu sur Bamako et le Mali serait devenu un Etat islamiste. En Centrafrique, sans l’engagement de Paris, on allait tout droit au génocide. De même, j’approuve sa participation aux frappes aériennes contre le prétendu califat syro-irakien. Et je déplore que l’on n’ait pas trouvé la solution contre [les islamistes nigérians de] Boko Haram. Tant que nos armées ne seront pas au niveau, nous aurons besoin de l’appui de la France et des pays du Nord. Pour avoir été à deux reprises président en exercice de l’OUA [Organisation de l’unité africaine], je sais les efforts entrepris pour bâtir une force continentale. Mais voilà : nous, les Sénégalais, étions toujours prêts à passer à l’acte. Les autres, jamais.»

« LES DJIHADISTES NE SONT PAS DES HOMMES DE DIEU MAIS DU DIABLE »

Sur les islamistes qui sèment la terreur dans le monde, la sentence d’Abdou Diouf est sans pitié.

« Le terrorisme tente de plus en plus de se draper dans le manteau de la religion. Face à ce très grave danger, il faut que toutes les nations s’unissent, sans lésiner sur les moyens, pour abattre la bête hideuse qui nous dévorera tous si nous ne faisons rien. Je suis surpris de voir à quel point certaines grandes puissances ne se sentent pas concernées. Inutile de vous dire que, pour moi, ces djihadistes qui se réclament d’un califat anachronique, avec leur rhétorique barbare, ne sont pas des musulmans.

Ils ne sont pas hommes de Dieu mais du diable. Nulle contrainte en religion, est-il dit dans le Coran. Jamais notre Dieu unique, Lui qui préfère le pardon et l’oubli à la loi du talion, n’a prescrit de tels crimes. Le vrai musulman respecte le chrétien, adepte de la religion du Livre. J’étais voilà quelques jours au Vatican, où j’ai rencontré le pape François, dont j’admire l’humilité, la douceur, la simplicité, mais aussi la fermeté. On le sent habité par un véritable humanisme. Humanisme de la foi pour lui, humanisme philosophique pour d’autres.

Voyez ma génération : que disions-nous lorsque nous étions athées – ce qui nous est arrivé, sous l’influence du marxisme-léninisme ? « Nous voulons la sainteté sans Dieu. » Il existe aussi, bien entendu, des athées, des libres-penseurs, des agnostiques exemplaires sur le plan moral.»

SUR LES JEUNES EUROPEENS QUI VONT COMBATTRE EN IRAK ET SYRIE AU NOM DE L’ISLAM
« Leur exaltation résulte d’une odieuse manipulation. Cédant à une forme de facilité, ils en viennent à croire qu’on leur ouvre ainsi les portes de la gloire ou celles du martyre et du paradis. On les dit privés d’horizon. Cet argument n’a pas de sens. Sans doute les jeunes pâtissent-ils d’un défaut d’encadrement, sans doute les parents devraient-ils trouver le temps de dialoguer davantage avec leurs enfants. Quant à l’école, elle fournit certes des connaissances, mais pas une éducation morale et civique jour après jour. Rien n’est aisé ? Soit. Je m’en tiens pour ma part à la formule de [Soren] Kierkegaard : « Ce n’est pas le chemin qui est difficile ; c’est le difficile qui est le chemin. »

« AU SENEGAL, QUAND ON PARLE D’ETHINES, C’EST SOUS FORME DE BOUTADE »

Dans L’Express, Abdou Diouf s’est également exprimé sur les tentations vers des modèles confessionnelles ou ethniques sur le continent. A ce sujet, il a donné l’exemple du Sénégal, qu’il a notamment vanté aux Algériens, quand il présidait le Sénégal:

« Je ne fais la leçon à personne. Mais, dans mon pays, ça a marché. Très ami avec Chadli Bendjedid [président de l’Algérie, de février 1979 à janvier 1992], je lui avais suggéré d’agir de la même manière chez lui. Il ne l’a pas fait. Et un parti islamiste -le Front islamique du salut- a gagné les élections. Au Sénégal, quand on parle d’ethnies, c’est sous forme de boutade. On appelle cela la parenté à plaisanterie. J’ai un patronyme à consonance sérère.

Les Toucouleurs, les Dioulas, les Mandingues, les Soninkés me considèrent donc comme un esclave. Mais ils le disent sur le ton de la blague, pour évacuer toute tension en la matière. Quand je suis devenu chef d’Etat, l’un de mes aînés africains m’a dit ceci : « Abdou, voilà ce que tu dois faire : créer une garde présidentielle composée exclusivement de gens de ta tribu. » Je lui ai répondu ainsi : « D’abord, je n’ai pas de tribu. Ensuite, il existe déjà une garde. Enfin, la plupart de ceux qui me servent au palais de la République sont des Casamançais [originaires d’une région alors secouée par une rébellion irrédentiste], en qui j’ai entière confiance. »

4 Commentaires

  1. En faveur d’une confédération continentale, constituée d’authentiques fédérations régionales -Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, de l’Est, du Nord, australe -, dotées chacune d’un exécutif, d’un parlement, d’une armée. »

    Avec l’ancien Président Wader, on y serait déjà, parce qu’il avait la ferme volonté de faire avancer les choses !

    L’Afrique de l’Ouest aurait été le laboratoire, et les autres entités Régionales auraient suivi ! Malheureusement, s’il y dans la société civile du Continent des militants qui croient à cette unité, les Chefs d’Etats , eux, n’y croient pas, et c’est Wade avec sa fougue et son intelligence qui les y poussait !

  2. Qu’est qu’il a fait pour le Senegal/ l’Afrique? Rien. Ce n’est pas surprenant qu’il defende les actions de la France, car etant lui-meme un fils/marionnette de la France. C’est vraiment triste. Il aurait fait beaucoup de bien pour son pays s’il etait courageux. Je n’approuve pas Wade a 100% (realisations mais aussi scandales), mais au moins il dennoncais les injustices economique, monetaire, politique, …des occidentaux, et etait isole par ces freres marionnettes africains (exemple les reserves de la bceao a la banque de france, les ape, les gaspillages de la fao sur les experts etrangers, etc.)

  3. Le Centre De Conférence De Diamniadio Inauguré Par Le Chef De L’etat Ce Jeudi….LE CENTRE: (portera le non du président Abdou DIOUF ) déjà on le réclamait au moins pour une université sénégalaise ou une école administrative qui serait l idéale…….je vote !!!!!!!!!!!!!!!!!! et vous ???????????? MERCI

  4. Tu sais Ndiouffa , nous sénégalais savons que ce n’est pas à nous que tes propos dithyrambiques , et ta lexique au lyrisme emprunté et éculé que nous te connaissons bien et qui malheureusement te reste toujours , sont adressés , et nous t’en savons gré . Toutefois il faut croire que tu as peine à te départir , de cette fâcheuse manie que tu as et qui est écoeurante , celle d’y toucher sans paraître y toucher ou de ne pas y toucher tout en faisant croire le contraire . Ta grande érudition n’as servi à rien à ton pays . Ton bilan après vingt longues années de galère est tout à fait nul . Les principes que tu évoques , nous les connaissons tous , tu n’en as jamais usé chez nous , tu nous jette de la poudre au yeux par ta façon détournée de t’encenser toi même , par justement , ces envolées lyriques déjà toutes préparées pour épater la galerie . Abdoulaye WADE lui , nous galvanise par des faits concrets ; des réalisations de développement durable , que je me garderai de lui faire l’affront de citer ici ; il nous galvanise par sa préoccupation viscérale de l’avenir de son pays et de l’Afrique tout entière. Tout est encore là visible à travers tout le pays , en douze ans seulement à la tête du pays . T’aurait accompli le 1/1000 ème en tes vingt années de présidence , que nous n’en serions pas là aujourd’hui . C’est pourquoi , tes leçons , tu serais très inspiré de les garder pour toi même , et pour tenter d’abuser les français , qui de toute façon ne sont pas nés de la dernière averse , et sont bien au fait de ce qui se réalise concrètement dans nos territoires . Même si pour des raisons géopolitiques , et ce besoin irraisonné qu’ils ont d’entretenir notre dépendance vis à vis d’eux , ils faisaient semblant de boire à la source de tes paroles savantes et éclairées . —- Abdoulaye WADE a crée l’espoir en nous ,nous le vénérons pour cela , avec lui et Khaddafy , et bien d’autres avant eux , dont l’élan a été brisé , nous avons vu poindre l’émancipation pour le Sénégal et pour notre continent . Ce n’est nullement vrai que l’assassinat de Khaddafy soit une bonne chose . Nous savons ce qui te le fait dire . Mais , il était bon pour nous et pour tous les africains . Laisse moi cependant te dire , la rancune est à l’homme , ce que la femme aimée est au cocu , elle le détruit .
    ELECTIONS ANTICIPEES !!! —- ELECTIONS ANTICIPEES !!! —– ELECTIONS ANTICIPEES !!! —- ELECTIONS ANTICIPEES !!!

    EUYINEUW ………………………………………..

    .

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